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Commentaire de Horemheb

sur 300, ou comment déformer l'Histoire


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Horemheb (---.---.228.234) 8 avril 2007 07:32

Bon, allez, un encouragement à l’auteur, qui se prend beaucoup de prunes alors qu’il a raison sur le fond.

Toute oeuvre d’art peut être le support d’une propagande. Je dirais même plus, la propagande n’a pas de meilleur support que l’art. Que le film soit divertissant et bien fait est un élément agravant, puisqu’il nous rend ses idées sympathiques.

Bref, l’auteur ne critique pas l’oeuvre d’art, mais les idées qu’il trouve derrière. C’est tout à fait son droit, et c’est intéressant. Bien sûr, on pourrait aussi critiquer l’idéologie derrière tous les films, de la Guerre des Etoiles à Jurassic Parc.

Les films soviétiques d’Eisenstein (Alexandre Nevski, Cuirassé Potëmkine) sont ainsi des chefs d’oeuvre, tout comme le documentaire nazi de Leni Riefenstahl sur les jeux olympiques de Berlin en 1936... On peut le reconnaître, tout en critiquant les messages qu’ils transmettent.

Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des images et des associations d’idées. Pourquoi, par exemple, les foules vibrent-elles à la victoire de leur équipe de foot nationale ? Parce qu’elles sont conditionnées à s’identifier dans une quinzaine de joueurs que pourtant tout les éloigne. Pareil pour l’enthousiasme des poilus qui partaient la fleur au fusil en 1914. Pareil pour nous tous. Je me souviens du plaisir que j’avais, étant plus jeune à m’identifier à ces blancs héros résistants à ces hordes barbares.

Pour décrypter tout ça, lire Edward Said, « L’orientalisme ». Et je ne fais pas de la « culpabilisation de l’homme blanc » ni du « relativisme universel ». Vivant dans un pays étranger, je vois bien que les clichés sur « l’autre » sont presques identiques partout.

Mais « 300 » est clairement une oeuvre qui s’inscrit dans la mouvance du « choc des civilisations » notamment postulé par Samuel P. Huntington, qui inspire autant Al Quaeda que les néo conservateurs américains.

Et il est clair que sa valeur historique est nulle, comme l’ont rappelé plusieurs intervenants : il n’est rien de plus éloigné de nous et de ce qu’on voit dans le film que la société spartiate de l’époque, de ses concepts politiques et sociaux (esclavage et ilotes) à sa sexualité (homosexualité institutionnelle).


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