Jer, je suis absolument d’accord avec vous, que la langue est avant tout un moyen de communication. Une autre fonction importante d’une langue, c’est exprimer la culture d’un peuple. Si une langue neutre peut s’acquitter admirablement de la fonction communicative, comme le fait l’espéranto, utiliser une langue nationale dans ce but est un exercice autrement plus difficile et même dangereux.
« Cependant, s’il existait une langue internationale l’individu lambda qui le désirerait pourrait plus facilement aller chercher des informations ailleurs ou en envoyer. Il se déplacerait aussi plus facilement d’où des contacts plus fréquents entre les peuples, ce que redoute tous les dictateurs. »
Justement, elle existe. Justement, elle marche très bien. Justement, parce qu’elle marche vraiment, elle s’est attirée les foudres des dictateurs...
« Je pense qu’il est malhonnête de faire croire que l’on puisse bien faire apprendre plus de deux langues à la majorité des gens. »
Encore une fois d’accord.
« Reste donc, comme langue supra-nationale, l’anglais. »
??? Pourquoi ? Face à la montée du chinois (à un tel point que chez les wasp américains est très à la mode d’avoir une nounou chinoise, afin de donner aux enfants une chance de réussir) et de l’espagnol, on se trouvera face aux plusieurs langues dominantes. Je n’aime pas le terme « supra-nationale », car ce sont bel et bien les langues nationales.
« C’est vrai que l’esperanto est une langue sympathique par l’état d’esprit dans lequel elle a été créée mais elle n’a quasiment aucun poids politique et surtout économique. »
Comme le disait un classique de la littérature française, Eugène Scribe, dans sa pièce « Le verre d’eau »,
"qu’ un grand royaume veuille
conquérir une petite province, il n’ y a pas
d’ obstacles, elle est perdue ! Mais qu’ un autre
grand empire ait aussi le même projet, c’ est une
chance de salut : les deux hautes puissances
s’ observent, se déjouent, se neutralisent, et la
province menacée échappe au danger, grâce au nombre
de ses ennemis..."
Autrement dit, dans la situation où plusieurs « grandes » langues tirent la couverture chacune vers soi, un moyen de communication neutre a toutes ses chances
Et si on oubliait les rapports de force ?.. Pourquoi lutte-t-on pour plus de justice, pour l’aide aux défavorisés, pour une solidarité certaine, mais en même temps on admet que dans les langues, c’est la loi de la jungle qui doit primer ? Des grandes idées humanistes se sont imposées, même si au debut elles avaient l’air ridicules et utopiques.
« Toutes les écoles de France devraient être bilingues, anglais-français. »
Un bilinguisme parfait est extrêmement rare. Une langue prime toujours... Les Scandinaves ont misé sur l’anglais dans l’enseignement. Néanmoins, ils restent infiérieurs aux natifs :
« Encore faut-il maîtriser la langue anglaise, remarque le quotidien norvégien Aftenposten, commentant un rapport universitaire récemment publié qui montre que l’apprentissage des langues étrangères, et surtout de l’anglais, représente un obstacle significatif pour les Norvégiens. »Pour un pays qui aime à se vanter de ses connaissances linguistiques, cette information a fait l’effet d’une douche froide« , s’exclame l’éditorialiste. »
Même la Commision européenne émet des doutes :
"Langues dans l’enseignement supérieur
Les établissements d’enseignement supérieur pourraient jouer un rôle plus actif dans la promotion du multilinguisme auprès des étudiants et du personnel, mais aussi au sein de la communauté locale au sens large. Il convient d’admettre que la tendance, dans les pays non anglophones, à enseigner en anglais au lieu de la langue nationale ou régionale peut avoir des conséquences imprévues pour la vitalité de ces langues.
La Commission prévoit prochainement une étude plus approfondie de ce phénomène."
(Bruxelles, le 22.11.2005, COM(2005) 596 final, COMMUNICATION DE LA COMMISSIONAU CONSEIL, AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS, Un nouveau cadre stratégique pour le multilinguisme, page 7.)
En attendant, les enfants coréens souffrent de l’anglais à forte dose :
http://english.chosun.com/w21data/html/news/200606/200606220020.html
« Ensuite, au collège, les volontaires devraient avoir la possibilité d’apprendre une troisième et pourquoi pas une quatrième langue, que son espace géographique de diffusion soit très restreint comme le breton ou international comme l’esperanto. »
Cinquième, sixième...
« tout le monde s’accorde à reconnaître la difficulté de maîtriser sa langue maternelle, mais, bizarrement, s’agissant d’une deuxième ou d’une troisième langue, il n’y aurait qu’à vouloir » (Marc Wilmet)
Et puis, pourquoi consacrer des années à l’anglais, tout en restant moins bon que les natifs, si un an d’espéranto donne déjà un très bon niveau et laisse le temps pour apprendre une ou plusieurs langues de son choix ?
« Je ne comprends absolument pas le désir de certains Bretons de vouloir réanimer une langue agonisante. »
Je suppose que la raison est l’attachement à leurs racines. Où est le mal ?..
« Pour cela tout leur est bon comme de mettre en avant des textes débiles pour créer des réflexes identitaires et des fossés qu’ils espèrent infranchissables. »
Un arbre qui plonge ses racines profondément dans le sol, déploie d’autant mieux ses branches Préservation de sa culture n’est pas incompatible avec l’ouverture sur le monde.
Le multilinguisme proposé par les espérantistes est plus réaliste et plus compatible avec la nature de l’être humain :
langue régionale pour ses racines
langue nationale pour la cohésion du pays
espéranto pour parler au monde
une (deux, trois... autant qu’on peut) langues étrangères choisies par affinité.