Raisonnement absurde basé sur une ignorance totale du sujet et sur des supputations non moins absurdes. J’ai un ami espérantiste qui était allé accueillir une espérantiste japonaise dans un aéroport parisien (je crois me souvenir que c’était Orly), et c’était eux qui avaient aidé, grâce à l’espéranto, un autre passager japonais qui n’arrivait pas à se faire comprendre en anglais.
J’ai entendu parler aussi d’un cas semblable, alors que, dans un avion à destination du Japon, le voisin d’une espérantiste lui avait fait comprendre avec condescendance que l’espéranto ne servait à rien et lui serait inutile au Japon. C’est elle qui l’avait sorti de l’embarras à l’aéroport où elle était attendue par une amie espérantiste .
Une fois, au Danemark, lors d’un voyage en train en Scandinavie, j’ai vu une femme, dont le titre de transport n’était pas valable, tenter de s’expliquer en vain en anglais, allemand et même français sans pouvoir se faire comprendre par le contrôleur. J’admets que l’utilisation de l’espéranto aurait été aussi vaine du fait que rien ne remplace la jugeote et qu’il aurait été préférable de consulter attentivement les horaires de la DSB (chemins de fer danois) qui, à cette époque, figuraient aussi en espéranto.
Plus amusant, lors d’un voyage à Rotterdam, j’avais remarqué que le contrôleur portait l’insigne de l’espéranto (étoile verte à cinq branches). Après quelques mots de salutations, il me dit qu’il allait revenir après avoir fini le contrôle dans ce train. Il est effectivement revenu et nous avons ainsi discuté jusqu’à Rotterdam comme si nous avions été de vieilles connaissances.
Toujours dans un train, entre Oslo et Göteborg, alors que je revenais vers la France, j’étais assis à côté d’un homme qui lisait des feuilles manuscrites et y apportait des notes. Machinalement, en l’espace d’une seconde, faute de décolleté digne d’attention mon regard baladeur s’est dirigé sur une feuille. J’y ai remarqué le mot « jen » qui se prononce « yen » et qui signifie « voici ». J’ai regardé ailleurs en me posant tout de même des questions : « Serait-il espérantophone ? ». Ça m’a démangé un instant, puis, bien que ce n’était pas très correct, j’ai finalement regardé plus attentivement la feuille. Le texte était bel et bien en espéranto. J’ai engagé le dialogue et nous avons longuement discuté jusqu’à l’arrivée à Göteborg où ce voyageur descendit pour participer à une assemblée en espéranto à Göteborg. J’espère que je ne l’ai pas trop gêné dans ce qui était peut-être la révision d’un rapport ou d’une intervention. En tous cas, il aura pu y dire qu’il n’était pas le seul à faire usage de cette langue à propos de laquelle il est dit, répété, asséné, martelé que personne ne la parle ! )) Et même, dans le cas de Bénichou, qu’« elle n’a pas marché du tout, du tout, du tout, du tout ! » (oui, quatre fois ! comme pour pour enterrer un vivant qu’il voudrait voir mort).
En fait de parachutage, ce qui ne m’est pas inconnu j’irai même infiniment plus loin dans l’espace. Ancien ambassadeur d’Australie à l’Onu, Ralph L. Harry a écrit un livre autobiographique en espéranto intitulé « La diplomato kiu ridis » (Le diplomate qui riait ; téléchargeable en pdf).
C’est à Ralph L. Harry que nous devons d’avoir ce message en anglais et espéranto à bord de la sonde spatiale “Voyager II” lancée par la NASA en 1977 :
“Amikoj, mi parolas al vi el la planedo Tero. Mi reprezentas la landon Australio, la insulan kontinenton en la suda hemisfero de nia planedo. Ni strebas vivi en paco kun la popoloj de la tuta mondo, de la tuta kosmo, kaj labori kun ili por komuna bono de chiu homa estajho. Mi salutas chiun, kiu komprenas. Adiau”.
La sonde Voyager II a quitté le système solaire en 1993 et continue sa course.
C’est à l’époque où il était ambassadeur d’Australie à l’ONU que Ralph Harry a prononcé ce message dans lequel il saluait des éventuels extra-terrestres. A une remarque insidieuse et stupide d’un Français qui lui demandait s’ils comprendraient l’espéranto, Ralph Harry avait répondu qu’il leur serait plus facile de déchiffrer de l’espéranto qu’un poème de Beaudelaire.
Toute personne qui connaît l’espéranto et qui a étudié d’autres langues s’en rend en effet très vite compte. S’il en est qui sourient et haussent les épaules face à l’espéranto, les usagers de cette langue peuvent en faire tout autant, et même rire aux éclats, à propos de ceux qui préconisent l’anglais comme langue internationale sans bien en connaître les règles. “Règles” est d’ailleurs le mot juste pour une certaine Mme Helle Degn, europarlementaire danoise qui, croyant dire en anglais (ça fait tellement mieux ! ça fait tellement plouc d’utiliser sa propre langue quand on dispose d’un service d’interprétation gratuit — cependant pas pour le contribuable !) qu’elle était dans les premiers jours de ses fonctions ministérielles, avait en fait dit qu’elle était au début de sa menstruation...
Ajouté à Internet, l’espéranto reste toujours un moyen de communication rapide et en tous cas plus accessible à quelque peuple que ce soit que n’importe quelle autre langue d’usage international.
Si l’on devait attribuer une médaille d’or à une langue dans le rôle de langue internationale sur le niveau de communication obtenu en un temps record, il est hors de doute qu’elle reviendrait à l’espéranto. Il est et restera toujours le meilleur moyen linguistique pour se comprendre vite et bien entre deux personnes qui n’ont pas de langue commune, voire qui parlent deux versions d’une même langue (38 versions pour l’anglais d’après « Encarta » !).
Quant à ceux qui croient que l’anglais est définitivement installé dans le rôle de langue (faussement) internationale, ils devraient se livrer à un autre calcul : avec son taux de progression dans des condition normales d’information, dans des conditions où le débat démocratique n’est pas bafoué, l’espéranto n’aurait pas besoin de beaucoup de temps pour rattraper et dépasser l’anglais. On comprend donc pourquoi il existe des blocages : il existe des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Je ne vais pas répéter des citations déjà reproduites dans d’autre articles parus sous ma signature sur AgoraVox mais je conseille de faire des recherches avec des noms tels que Margaret Thatcher, Madeleine Albright, David Rothkopf... et aussi de réfléchir à cet extrait d’un rapport du British Council (année 1968-69, page 12, donc avant l’entrée de la GB dans la CEE, ce qui montre une certaine suite dans les idées) :
« ( ) Il y a un élément de commercialité dissimulé dans chaque professeur, livre, revue, film, programme télévisé, de langue anglaise envoyés au delà des mers Si alors nous sommes en train de tirer un avantage politique, commercial et culturel de l’usage mondial de l’anglais, que faisons-nous pour maintenir cette position ? »
Quant aux Américains « sauveurs » de la liberté et tout et tout, oui, il y a des soldats, des jeunes qui ont payé de leur vie de sordides calculs. Ils méritent notre respect, mais pas les dirigeants qui les ont envoyés à la boucherie. Le recours de bien des pouvoirs, lorsqu’ils sont incapables de résoudre des problèmes internes, consiste à inventer un ”ennemi” extérieur et à focaliser l’attention du peuple sur celui-ci pour le préparer à accepter la guerre.
A la tête d’un empire mafieux, G. W. Bush est de ceux qui ont non seulement trouvé, mais créé, réinventé cet ennemi afin de faire passer le pillage du monde pour un combat pour la justice et la liberté. Cette situation a été dénoncée depuis longtemps et avec force par le général Smedley Butler dans ”War is a racket” (La guerre est un racket, 1935) et par William Blum, ancien haut fonctionnaire du Département d’État, dans ”Killing hope - U.S. Military and CIA Interventions Since World War II” (2003).
Le financier George Sorros, dont le père, espérantiste, avait écrit un témoignage sur le nazisme, a dit : ”Avec la guerre d’Irak, nous sommes en train de créer plus de terroristes que nous réussirons à en tuer” et Peter Gauss, patron de la CIA, que la guerre d’Irak avait offert ”une cause aux extrémistes islamiques”.
Le président Eisenhower avait lui-même lancé une mise en garde contre la menace d’une telle dérive lors de son discours de fin de mandat, le 17 janvier 1961. Aucun d’eux ne peut être suspecté d’anti-américanisme.
En plus d’être un racket, il est clair que la guerre est un ”business”. William Blum estime que le budget militaire des États-Unis correspond à une somme de 20 000 dollars par jour depuis la naissance de Jésus Christ... dont Bush se dit admirateur (une croix de plus à porter !) pendant que l’extrémisme islamique donne d’Allah la caricature d’un dieu aveuglément féroce, démentiel. La religion a, de part et d’autre, comme une odeur de pourriture. Mais ça, c’est un autre débat qui n’est malgré tout pas sans lien avec une langue proposée pour faire avancer la paix.
Ceux qui rient et se moquent des espérantistes ne peuvent pas s’imaginer combien les espérantistes peuvent rire d’eux, d’un bout à l’autre du monde !
28/12 11:26 - Romain Desbois
Ce commentaire bien tardif mais peu importe. Au delà de « l’opinion » de Bénichou sur (...)
20/06 18:30 - Jovitourtiste
10/06 06:21 - Henri Masson
Pierre Bénichou a remis ça le mardi 26 mai 2009, en étant toutefois moins grossier qu’en (...)
21/04 16:39 - Hermes
Sinon Bert, vous pouvez lire IDO unu jarcento poste de Cherpillod, livre très intéressant sur (...)
20/04 20:17 - Hermes
&Voyez les contradictions dans votre réponse : »vous restez bouchez sur vos idées.« puis (...)
20/04 12:37 - Bert
@Hermes, l’hermétique. " Bon pour le reste, vous restez bouchez sur vos idées. Dans mes (...)
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