Je n’aime pas poster des commentaires juste pour dire une opinion, mais là... je connais bien l’un des protagonistes des cette affaire, un peu le Falungong et pas mal la Chine...
Cao Dong, qui a disparu suite à son entrevue avec Edward McMillan-Scott était mon meilleur ami en Chine, quand j’y ai séjourné en 1993 et 1995. Venant d’une famille de paysans pauvres du Gansu, très droit et honnête, il était un peu dégoûté par le nouveau tournant matérialiste de la société chinoise, et était attirée par les anciennes traditions.
En 1995, il m’avait emmené à une séance d’entraînement du falungong, dans notre université à Pékin. A l’époque, le mouvement était encouragé par les autorités.
Le pseudo entraînement tai-chi du falungong, avec les cassettes du « maître » qu’il fallait écouter ensuite toute la journée (j’étais dans le même dortoir aux 6 lits superposés... donc aux premières loges) m’avait fait bien rire, et j’avais passé des heures à discuter avec mon ami Cao Dong, essayant de le convaincre que l’enseignement en question n’avait rien à voir avec le bouddhisme originel.
Peu après 1995, nous nous sommes perdus de vus. A l’époque, il n’y avait pas les emails, et Cao Dong était un peu paresseux pour écrire. J’ai quand même su qu’il s’investissait de plus en plus dans le mouvement, s’occupant notamment de la traduction en français des bouquins du « maître », Li Hongzhi.
En juillet 1999, j’ai pensé très fort à lui. Le falungong, après avoir engagé une épreuve de force terrifiante avec le pouvoir chinois (énormes manifestations, plus importantes qu’en 1989 peut-être, pour « protester » contre la publication d’un article d’un universitaire chinois disant que le falungong était une secte) se fit interdire et réprimer. Je me suis dit que mon ami Cao Dong devait certainement avoir été interpellé.
Ce n’est que tout à l’heure, par hasard lors d’une pause, quand j’ai fait une requête sur son nom avec Google, que j’ai su qu’il avait été effectivement emprisonné, puis relâché en 2005, et qu’il avait à nouveau disparu en mai 2006, précisément quand je suis revenu en Chine...
J’ai vu sa photo : pas de doute, c’est bien lui. Cela fait quand même un choc de savoir un de ses anciens meilleurs amis en prison, Cao Dong qui m’avait fait, avec d’autres, découvrir son pays et Pékin, quand nous avions 23 ans, en été 1993. Je n’en profiterai pas pour taper sur le gouvernement chinois ni sur le falungong, car les choses sont complexes et ne peuvent s’analyser avec un point de vue manichéen, mais j’espère qu’un jour je pourrais le revoir et lui faire visiter Paris comme il m’avait fait visiter Pékin.