Je vous laisse juge de la réponse de M. Masson, en soulignant toutefois quelques éléments.
« Raisonnement absurde basé sur une ignorance totale du sujet et sur des supputations non moins absurdes. »
Donc, un raisonnement basé sur des chiffres est absurde. Comme le démontre le raisonnement de M. Masson basé sur des « Un jour à Orly, il m’est arrivé... », des « On m’a raconté l’histoire... » et des « il paraît qu’un soir, dans un lointain pays féérique, les elfes et les lutins... ».
« Toute personne qui connaît l’espéranto et qui a étudié d’autres langues s’en rend en effet très vite compte. »
Sous-entendu, puisque je ne parle pas espéranto, je n’ai pas le droit de donner mon avis sur la question. C’est le genre de dogme auto-protecteur en place dans toutes les religions et systèmes totalitaires du monde, et qui font la différence entre une science (qui est réfutable) et une non-science (qui ne l’est pas). Vous noterez cependant que mon propos ne concernait pas l’espéranto-langue (que donc je ne connais pas), mais uniquement l’espéranto-phénomène de société.
« Ajouté à Internet, l’espéranto reste toujours un moyen de communication rapide et en tous cas plus accessible à quelque peuple que ce soit que n’importe quelle autre langue d’usage international. »
ça ne coûte rien de l’écrire. J’attirerai toutefois l’attention du lecteur sur le fait que, quel que puisse être l’aplomb avec lequel une affirmation est posée, on a toujours le droit de la mettre en doute.
« Si l’on devait attribuer une médaille d’or à une langue dans le rôle de langue internationale sur le niveau de communication obtenu en un temps record, il est hors de doute qu’elle reviendrait à l’espéranto. Il est et restera toujours le meilleur moyen linguistique pour se comprendre vite et bien entre deux personnes qui n’ont pas de langue commune, voire qui parlent deux versions d’une même langue (38 versions pour l’anglais d’après »Encarta« !). »
Supposons qu’un Sud-africain s’adresse à un Canadien, tous deux étant anglophones. On peut imaginer que, ne parlant pas la même version de la langue, ils auront du mal à se comprendre. Mais dans quelles circonstances ? Il est probable que si l’un commande une bière à l’autre, ou lui demande quelles sont les curiosités touristiques du côté de Rimouski, ou réserve une chambre d’hôtel, ils vont parvenir assez vite à se mettre d’accord. Les problèmes d’interprétation apparaîtront dès qu’ils développeront une communication plus élaborée, s’ils parlent de philosophie, de mécanique quantique, de droit des entreprises ou s’ils se draguent par exemple. Maintenant, imaginons que deux espérantistes se livrent au même genre d’exercice, vont-ils mieux communiquer ? J’en doute fort. Et pour une raison simple : les problèmes qui empêchent les gens de se parfaitement comprendre lors d’échanges complexes sont presque exclusivement des problèmes de vocabulaire. Or, puisque l’espéranto n’est la langue maternelle de personne, il est fort peu probable qu’aucun des deux interlocuteurs ne maîtrise dans cette langue, par exemple, le vocabulaire spécifique au droit des entreprises (à supposer qu’une bonne âme se soit attelée à créer un vocabulaire espéranto de droit des entreprises). Le fait que deux personnes parlant la même langue puissent avoir du mal à se comprendre n’est pas une découverte, ni une spécificité de telle ou telle langue : c’est une constante de la nature humaine. Il me revient une anecdote à propos d’un employé qui s’était fait licencier pour avoir fait l’apologie de la pédagogie dans l’entreprise. Son employeur avait compris « pédophilie », et n’avait rien compris aux explications de son subordonné.
« Quant à ceux qui croient que l’anglais est définitivement installé dans le rôle de langue (faussement) internationale, ils devraient se livrer à un autre calcul : avec son taux de progression dans des condition normales d’information, dans des conditions où le débat démocratique n’est pas bafoué, l’espéranto n’aurait pas besoin de beaucoup de temps pour rattraper et dépasser l’anglais. »
Là encore, ça ne coûte rien de le dire. Mais il est vrai que grâce à ses qualités intrinsèques et son impérieuse nécessité, l’esperanto n’a mis que 119 ans pour conquérir 0,03% de la planète.
« On comprend donc pourquoi il existe des blocages : il existe des intérêts qui ne sont pas les nôtres... »
Vous pensiez vraiment couper à la théorie du complot ?
« En plus d’être un racket, il est clair que la guerre est un ”business”. William Blum estime que le budget militaire des États-Unis correspond à une somme de 20 000 dollars par jour depuis la naissance de Jésus Christ... dont Bush se dit admirateur (une croix de plus à porter !) pendant que l’extrémisme islamique donne d’Allah la caricature d’un dieu aveuglément féroce, démentiel. La religion a, de part et d’autre, comme une odeur de pourriture. Mais ça, c’est un autre débat qui n’est malgré tout pas sans lien avec une langue proposée pour faire avancer la paix. »
Merci de signaler que vous « proposez » l’espéranto, j’avais cru que vous l’imposeriez. Ce qui serait sans doute la seule façon d’en répandre l’usage. En tout cas, une chose est certaine : personne dans l’Education Nationale n’impose l’apprentissage de l’anglais. Je ne sache pas qu’on ai jamais mis le pistolet sur la tempe de quiconque pour qu’il se tape le preterit et les verbes irréguliers. Et pourtant, DANS LES FAITS (qui sont têtus), la quasi-totalité des parents font apprendre l’anglais à leurs enfants. Qu’ils soient enfants d’agrégés ou d’ouvriers agricoles. Français de vieille souche ou immigrés clandestins. Durant mes années lycéennes, je n’ai connu qu’un seul condisciple qui ne prit anglais en première ou seconde langue : c’était le fils de l’Inspecteur d’Académie (il a fait latin-grec, c’est pratique pour les vacances). De toutes les connaissances dont on m’a bourré le crâne en classe, hormis l’écriture et le calcul, l’anglais est probablement la seule dont je me serve encore. Et il en est ainsi en France, mais aussi dans tous les pays dès qu’on a la faculté d’apprendre une langue étrangère.
Enfin une dernière virgule à propos de M. Bush, dont je ne suis pas le moins du monde un admirateur. D’une part, le fait que ce monsieur soit chrétien n’entre pas en ligne de compte dans l’opinion que j’ai de lui. Ensuite, si je désapprouve la politique étrangère américaine, je constate qu’au moins, les USA ont une politique étrangère. Ils ont des problèmes, et ils font des choses pour les résoudre. Des choses pas toujours très propres, ni très avisées, mais ils essaient. Le jour où l’Union Européenne accomplira la moindre action notable, nous aurons le droit de critiquer. En attendant, tant que tout ce qu’on sera en mesure de faire, ce sera de bavasser, de dénoncer, de nous indigner, de rappeler les grands principes du droit international et d’appeler l’Oncle Sam à l’aide dès que ça menace de mal tourner (souvenez-vous de la Yougoslavie), nous autres Européens - et Français en particulier - serions sans doute bien inspirés de fermer notre grande gueule.
28/12 11:26 - Romain Desbois
Ce commentaire bien tardif mais peu importe. Au delà de « l’opinion » de Bénichou sur (...)
20/06 18:30 - Jovitourtiste
10/06 06:21 - Henri Masson
Pierre Bénichou a remis ça le mardi 26 mai 2009, en étant toutefois moins grossier qu’en (...)
21/04 16:39 - Hermes
Sinon Bert, vous pouvez lire IDO unu jarcento poste de Cherpillod, livre très intéressant sur (...)
20/04 20:17 - Hermes
&Voyez les contradictions dans votre réponse : »vous restez bouchez sur vos idées.« puis (...)
20/04 12:37 - Bert
@Hermes, l’hermétique. " Bon pour le reste, vous restez bouchez sur vos idées. Dans mes (...)
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