Il faut distinguer vérité subjective particulière (collective) et vérité rationnelle objective universalisable (telle la vérité scientifique toujours critique et relative).
Si cette distinction est faite, à savoir si le chrétien fait de la vérité de sa foi un simple témoignage de son expérience personnelle ou collective de l’absolu, pas de problème ; il n’est pas dans l’illusion. C’est d’ailleurs la seul interprétation que l’on puisse faire du nouveau testament qui ne présente pas la ressurection comme une vérité factuelle objective mais comme l’expression de témoignages rapportés dont l’objet n’est concidéré que comme l’objet d’une croyance supra-rationnelle.
Si le croyant a besoin pour croire de faire de cette vérité de foi personnelle une vérité factuelle objective ; il est alors dans l’illusion et j’ajouterais dans le confusion : la foi n’a pas besoin de la vérité objective pour s’affirmer, et si elle croit en avoir besoin c’est qu’elle est affaiblie ou corrodée par le doute, alors même que ce besoin aggrave encore cette corrosion : si l’on met la vérité rationnelle et factuelle dans le foi, on met le vers du doute et l’exigence critique systématique qui la définit dans le fruit..
C’est pourquoi je considère qu’il veut mieux séparer la foi et la vérité ou la vérité-témoignage (authenticité et sincérité) et la vérité rationnelle objective pour éviter une confusion dommageable certainement pour la vérité (et son progrès, comme on le voit dans toutes les formes d’intégrisme), mais aussi pour la foi en tant qu’expérience de l’absolu, mais là, je l’avoue ce n’est pas mon souci : une telle expérience révélante est ce dont un philosophe doit par principe se méfier : elle génère spontanément l’intégrisme, voire le fanatisme et le détournement ou la neutralisation de l’exigence critique (le sage selon moi doit d’abord se détourner de la passion de l’absolu pour vivre selon sagement : Vivre bien c’est, en effet, vivre dans la mesure et la relativité de l’expérience du « Rien de trop ! »