Bonjour.
Vous êtes quand même vachement libéral.
Alors permettez-moi un peu de provoc. Les forces vives de la nation ont parfaitement raison de quitter le pays. Ailleurs, elles payent moins d’impôt, il y a moins de réglementations, bref, les gens sont moins cons que nous. Nous, nous sommes des nuls, archi nuls. Soit.
Mais il y a un problème. Souvent, avant de partir, ces fameuses forces vives conservent un appartement à Neuilly ou avenue Foch, (voire un petit manoir périgourdin). De plus, elles inscrivent leurs enfants à Henri IV (voire Jeanson de Sailly), au lieu de les envoyer faire leurs études au lycée de Louxor. Et si par malheur elles ont un cancer grave, elles ne vont pas se faire soigner au Bengladesh ou dans les îles caïman, (où, pourtant , la ficalité est avantageuse) mais reviennent se faire soigner à Paris, dans des hôpitaux (oh, horreur absolue) publics !!! Eh oui !!!.
Et tous ces services publics, je les ai payés, alors que le mec (pardon, la force vive)s’en est dispensé.
Je ne sais plus qui a dit : « tu aimes la France, tu y restes, ou tu ne l’aimes pas, et tu t’en vas ». Mais cela voulait dire, « sans rattrapage possible ».
Bon, ça, c’était la provoc.
Je reviens à votre sujet.
1 - Sur les enchères inversées. Vous conviendrez avec moi que Renaud Dutreil est plutôt un libéral. Or, une fois qu’il a découvert ce qu’étaient vraiment les enchères inversées (par comparaison aux marchés aux cadrans, qui, eux, sont publics et transparents), il a jugé utile d’encadrer le système, et de l’assortir de sanctions pénales. Cette règlementation se trouve dans la Loi du 2 août 2005. Et pourtant je vous promets que Dutreil est tout, sauf un homme du Gosplan.
Et vous-même, qui en parlez savamment, avez-vous jamais participé à des enchères inversées organisées par une Grande surface, ou encore par Kraft, sur la planète ? Avez-vous jamais entendu les témoignages de ceux qui ont été contraints d’y participer, avec tous les coups bas et toutes les conséquences que cela a entraîné pour la survie de leur entreprise ? Avez-vous jamais discuté avec des patrons de PME sur ce point ? (moi, je l’ai fait). Je suis prêt à vous envoyer des articles de presse parus au cours des deux dernières années (Les Echos, Le Monde ou le Figaro, journaux qui ne figurent pas sur la liste des plus gauchistes de la planète), qui dénoncent avec force ce système pervers).
2 - Sur la privatisation de la sécu. Permettez-moi de vous proposer un scénario, qui n’est pas invraisemblable.
1 - On met en place la proposition de l’Institut Montaigne, séduisante, car pédagogique (Mettre 100 % des charges sociales sur les fiches de paye des salariés, pour qu’ils se rendent compte de ce que cela leur coûte, sachant que les entreprises payeraient ces charges sociales comme par le passé.).
2 - Quelques années plus tard, les cotisations augmentent fortement, du fait d’une assiette de plus en plus faible, et de dépenses de plus en plus fortes, compte tenu de la moyenne d’âge des français qui augmente. Les entreprises refusent alors d’augmenter les salaires pour compenser ces hausses, prétextant qu’elles n’en ont pas les moyens (ce qui sera d’ailleurs exact, du fait de la concurrence croissante des produits importés, des pressions à la baisse des prix par la grande distribution, du développement du hard discount etc...). Un exemple : depuis un an, les syndicats de salariés demandent des compensations salariales au titre de la hausse de l’essence et des loyers, ces hausses n’étant absolument pas reflétées dans l’indice hors tabac de l’inflation. Sans nier les difficultés rencontrées par les salariés, les branches professionnelles refusent d’aller au-delà du taux de l’inflation (hors tabac), estimant que la concurrence ne leur permet pas ce geste. Ce sera exactement la même chose pour la hausse de la protection sociale, au bout de quelques années.
3 - Au fil du temps, la situation devenant intolérable, on se dirige alors doucement vers le système d’assurance privé, qui propose des offres d’appel attractives. Quelques compagnies d’assurances peuvent le faire, puisqu’il s’agit pour elle de faire main basse gratuitement sur le fonds de commerce de la protection sociale des français. Comme elles vont l’acquérir gratuitement elles peuvent se permettre de casser les prix au début.
4 - Quelques années plus tard, on privatise les urssaf qui n’ont plus de raison d’être
5 - 30 ans après 15 % de la population n’a pas de couverture maladie comme aux Etats Unis.
6 - Pendant ces 30 années, l’économie s’est ouverte de plus en plus, mais les produits importés ne financent toujours pas l’assurance maladie, pour le plus grand bénéfice des importateurs.
7 - Un jour, une compagnie d’assurance chinoise propose une OPA hostile sur les deux ou trois compagnies françaises qui assuraient les français. Le gouvernement en place en appelle au patriotisme économique, envisage de renationaliser la sécu etc... Hélas, 30 ans plus tôt , il a signé le texte de la constitution européenne dans lequel il est précisé que « la concurrence est libre et non faussée ». Conséquence : Impossible de s’opposer à l’OPA hostile des chinois.
8 - Finalement, la protection sociale des français est au mains de Chinois, ainsi que les fichiers informatiques de tous les français. Les actionnaires de ces compagnies exigent des rendements de plus en plus élevés. Messieurs Zaccarias, Forgeard, Fourtou, Jaffré, très âgés et très malades sont très convenablement soignés dans une clinique 5 étoiles. Le français moyen se débrouille comme il peut, avec les garanties qu’il peut se payer.
9 - Quelque temps après, à l’occasion d’une grave crise diplomatique avec les Chinois, la France fait un discours remarqué à l’Onu. En coulisse, on lui fait remarquer que si elle persiste, les assurances chinoises pourraient le prendre mal, et trouver mille et un incidents pour ne pas régler, ou régler avec retard les dépenses d’assurance maladie. "Jusqu’à quand votre opinion publique vous suivra t-elle dans ce cas » ? demandent les chinois, au président français ? Lequel regarde la pointe de ses chaussures.
PS : Naturellement, dans ce scénario, et au cours des 30 années qui se sont écoulées, on n’a touché à rien au niveau de la fonction publique, de la sncf et de la ratp, qui conservent leur statut et leur protection sociale payée par l’Etat. On ne peut tout de même pas décourager notre fonction publique. Du reste, aucun politique, y compris parmi les plus libéraux, n’a le courage d’écrire quoique ce soit sur ce point.
Cordialement à vous
Bertrand de Kermel
09/07 09:22 -
Bonjour. J’ai une super proposition à faire : on en reste là. Un peu de polémique (...)
09/07 08:27 - zen
« »Que l’assurance maladie soit obligatoire et que l’Etat aide ceux qui ont choisi (...)
09/07 00:12 - vraitravailleur
A l’approbateur de B. de K/ : Je n’ai jamais suivi les cours de Milton Friedman, je (...)
08/07 23:38 - vraitravailleur
08/07 23:31 - zen
Merci ,Bertrand , pour ton article et tes réponses trés pertinentes à ce « travailleur » qui (...)
08/07 22:57 - vraitravailleur
J’ajoute encore un commentaire sur vos arguments. Apparemment, je m’éloigne du (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération