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Commentaire de Marcel Patoulatchi

sur Stupeur et tremblements


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Marcel Patoulatchi (---.---.103.59) 11 juillet 2006 14:00

La phrase « De plus le « rien ne peut justifier ce geste » est hors de propos car vous ne savez pas ce qui la provoqué. » me semble symptomatique d’un état d’esprit finalement assez courant. A en croire certain, on ne devrait pas condamner un incendiaire de voiture car on ne sait pas ce qui à fait de lui un individu qui n’a aucun égard pour le droit à la propriété d’autrui. De même, on ne devrait pas condamner Klaus Barbie car on ne sait pas finalement ce qui à fait de lui un tortionnaire.

C’est idéologie de la déresponsabilisation outrancière ne tient que sur un fil : celui du deux poids deux mesures, celui d’une classification (souvent raciste, en tout cas politique) permettant de savoir à qui elle doit s’appliquer ou pas, à qui on peut reprocher ses faits et gestes ou pas.

Exemple : l’affaire à l’origine des émeutes de Novembre dernier. Dans l’esprit de certains, on considère des jeunes comme non-responsable du délit de refus d’obtempérer - les policiers sont réputés méchants, les jeunes en question ont donc légitimité à braver la loi. On considère ces mêmes jeunes non-responsable de l’entrée par effraction dans une zone où ils encourent un danger de mort, en pleine connaissance de cause puisque de multiples panneaux l’indiquent. Mais on considère responsables les flics d’avoir, apparemment, contraint les jeunes à entrer dans cette zone dangereuse : on est absolument incapable de montrer la moindre contrainte exercé (ni physique, ni morale, selon la définition de la contrainte retenue par la loi), la loi rend impossible une démonstration de culpabilité, et pourtant on insiste à clamer une telle culpabilité. A ce stade, il y a d’un coté plusieurs infractions à la loi caractérisée, qu’on excuse, et de l’autre une absence de fautes, qu’on cherche à tout prix à incriminer. La coupe est pleine lorsqu’on accuse ensuite les pompiers de non-assistance à personne en péril, parce qu’ils n’ont pas fait le choix de se mettre eux-même en péril en intervenant alors que le transformateur n’était pas coupé, une fois encore en écrasant le texte de loi qui précise clairement que la non-assistance en péril ne peut être reprochée que si l’intervention n’impliquait pas de risques pour l’intervenant.

Tout ceci est très étrange et révèle que ceux qui se font les chantres de la déreponsabilisation à tout prix réservent leur défense à certains accusés seulement, et n’ont aucun remord à accuser en dépit du bon sens d’autres.

Ici, on veut déreponsabiliser Zidane. Au nom de quoi ? Si l’aggresseur avait été Materozzi, après insulte apparente de Zidane, lirions-nous ici de la bouche des mêmes personnes que finalement on ne peut juger ce geste ? Si oui, est-ce à dire que la violence est devenue tolérable ? Si non, au nom de quoi opérer une distinction ?

Zidane est un grand joueur. Il a dérapé, heureusement les conséquences de son dérapage son bénignes. Mais peut-il être question de passer son dérapage sous silence ? Son attitude à lui, qui s’est caché au vestiaire, qui n’a pas voulu défiler sur les Champs Elysée, semble indiquer le contraire : lui, il semble assumer son erreur et ne pas vouloir faire comme si de rien était.


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