Très bien Paul,
Ca fait quelques jours que j’évoque, moi aussi, Versailles et le Champagne.
Pour en dire la même chose mais mes calculs n’aboutissent pas au même résultat que le vôtre.
Ce que j’essaye de dire depuis quelques jours, c’est qu’une monnaie (disons des gribouillis sur un papier émis par quelque état) ne vaut que pour autant qu’on ait confiance en cet état (« On » c’est à la fois les citoyens de cet état et aussi les autres avec lesquels ils commercent)
Cette confiance en une monnaie, vaut donc à condition qu’elle soit adossée à quelque chose qui inspire confiance disons à tout le petit monde concerné. Or, le petit monde concerné par une monnaie, c’est en fait le monde entier de nos jours. Il n’y a plus guère de sphère d’échange où les gens se fient aux coquillages.
Un bout de papier gribouillé, de nos jours, ne vaut que s’il est reconnu par 7 milliards d’individus. Donc par des tas de gens de culture fort lointaine, différente, voire antinomique et pour qui la Grèce n’évoque quasiment rien.
A force des échanges commerciaux, il a été reconnu, à peu près partout, que l’or était sûr, que l’argent, le bronze, l’étain, le bois, le pétrole, sont des produits assez sûrs. Un état qui émet une monnaie adossée sur les produits sûrs rassurera les autres.
Bon, clairement ce n’est pas le cas de l’Euro.
Une autre valeur est également reconnue à travers le monde : le courage au travail, le courage devant les épreuves. Le courage à combattre autant qu’à creuser des canaux, qu’à monter des digues.
Une autre valeur encore reconnue à travers le monde c’est la créativité et selon deux axes. L’axe artistique (Michel Ange, Buren, Depardieu, Goethe) et l’axe productif (Gutenberg, Edisson, Gates, Leica)
Encore une autre valeur qui est reconnue : la capacité à servir de villégiature (Belles plages, beaux châteaux, Pompéi, Le Louvre, Acropole, Pyramides)
Dans le monde entier, à part quelques pays regorgeant de ressources minières, tous les autres doivent adosser leurs gribouillis de papier sur beaucoup, beaucoup de choses non exactement dure, sur autre chose que de l’or, du pétrole ou du riz.
Au mieux et en moyenne, les gribouillis du monde sont adossés sur 0,1 % d’or + 0,9% de ferrailles + 4 % d’immeubles + 4 % de plages + 5 % de carottes+...+ 60% de capacité à créer des avions, des téléphones, des télés, des centrales d’énergies.
Un pays qui émet une monnaie non adossée à une capacité notoire de créer des bidules qui font le centre de notre vie moderne, émet de la monnaie de singe aux yeux des autres.
Laissons de côté le problème de l’endettement des Grecs et raisonnons purement européens dotés de l’Euro. Cet Euro, quand il avait été créé, avait été adossé à tout ce que les pays qui l’avaient adopté avaient de séduisant et de sûr aux yeux du reste du monde.
Mais déjà, des pays très crédibles, à forte réputation de créativité productiviste, tels l’Angleterre, se sont abstenus d’y participer. Pas glop.
Les promoteurs de l’Euro, au lieu de renoncer à cette monnaie adossée sur une partie seulement des pays européens, se sont entêtés en disant que les boudeurs nous rejoindraient forcément à terme. Or les boudeurs sont restés boudeurs. Car les plus créatifs voyaient très bien que dans la fratrie européenne, il y en avaient certains qui étaient des boulets, forcément (Au Lycée Henri IV, dans chaque classe, deux qui traînent sont mal vus par les leaders car ils font baisser la moyenne, la réputation)
Si par dessus le marché, un des frangins, en plus de ne rien créer, se met à dépenser, la fratrie éclate.
Depuis 10 ans, qu’est-ce que les meilleurs élèves de la classe Europe ont créé comme machine donnant à espérer qu’il en sortira 3% de richesses universelles de plus chaque année ?
Rien.
Les Terriens étant très majoritairement intéressés par une voiture, une machine à laver, avant d’être intéressés à visiter le Louvre, toutes nos vieilleries ne suffisent pas, loin de là, à donner aux autres l’impression que nous sommes des créateurs de valeur.
Des conservateurs de vieux trésors oui, excellents même (oublions le désastre de Pompéi)
Mais des créateurs, non.
Et il est symptomatique à en faire déchirer les zygomatiques des Chinois, que vous prétendiez revaloriser les Grecs, donc nous avec, en brandissant des productions anciennes qui ne peuvent en aucun cas fournir de la croissance.
Nous Allemands, nous Français, nous Américains, nous ne parvenons plus à convaincre le reste du monde que nous sommes toujours aussi créatifs-productifs. Les Grecs sont décrédibilisés aux yeux du monde mais nous, les Français, les Allemands, sommes en à peine meilleure posture.
La plus sublime des solidarités dans notre fratrie européenne n’améliorera en rien notre image de finis.
Nous saurions fabriquer des centrales atomiques sûres, nous saurions guérir Fukushima, nous saurions produire du surimi de betteraves au goût de homard, tous nos gribouillis, même rédigés sur un coin de nappe en papier, vaudraient de l’or.
Invoquer la gratitude que nous devons aux Grecs résoudra notre amour familial et ce sera une belle chose, notre solidarité démontrera quelque valeur, mais à condition que dans le même temps, aucun autre pays ne semble plus en mesure que nous de produire des richesses matérielles.
Matérielles, cher Paul, matérielles.
Comme toujours.
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération