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Tristan Valmour 27 septembre 2011 18:31

Salut Robert

Excellent article, mais je suis partiellement en désaccord avec toi. Tu n’as pas fait d’erreur de raisonnement, mais des erreurs de perception. Dans ce cas, le raisonnement causal ne peut conduire qu’à une solution logique mais erronée. En fait, dans ta perception, tu as prolongé la situation actuelle.

1.  Première erreur de perception : croire en la paix. Les occidentaux mènent des guerres coloniales à travers le globe pour s’approprier les richesses naturelles capables de soutenir la croissance. L’Afrique est toujours dominée ; un continent demeuré sciemment une réserve pour des lendemains difficiles. Ces guerres coloniales ne rencontrent pour le moment pas trop d’opposition parce que personne n’est en mesure de rivaliser militairement avec eux, et personne ne le sera avant longtemps.

2.  Seconde erreur : ne pas parler de la qualité de la gouvernance. De nombreux Etats sont gouvernés par des personnes qui n’en ont rien à faire de l’intérêt collectif. Ils exploitent l’Etat pour quelques intérêts privés, enrichissant les uns outre mesure, appauvrissant les autres sans limites. C’est un problème de gouvernance qui entraîne un problème de niveau de vie. Des personnes intelligentes, altruistes et compétentes à la tête des Etats, et la situation s’améliorera. Dans le passé, des hommes vertueux ont su redresser les Etats, donc améliorer le niveau de vie.

3.  Troisième erreur : ne pas parler de la motivation. Dans une situation concurrentielle, pays contre pays, la motivation des peuples à triompher est capitale. Le potentiel des occidentaux est loin d’être exploité parce que les gens compétents n’ont pas envie de montrer toute leur compétence quand certains gagnent 1000 fois plus qu’eux sans le mériter 1000 fois plus.

4.  Quatrième erreur : raisonner géographiquement. A l’heure de la mondialisation et de la mobilité (des personnes, des idées, des capitaux), comment peut-on encore croire vivre toute sa vie dans un pays ? Quitter un pays pour un autre, même temporairement, est une idée qui fait de plus en plus son chemin. Dès lors, plutôt que de parler de nationalité, ne faut-il pas envisager de parler de cocacolanais, de totalien, de mazdaois ? Les grandes corporations ont tout d’un Etat. Finalement, c’est moins une concurrence entre pays à laquelle il faut s’attendre, mais une concurrence entre champs comme l’avait exprimé Bourdieu.

5.  Cinquième erreur : croire que le travail humain aura autant de valeurs. Avec une croissance constante des progrès technologiques, le travail humain se dévalorise. La machine remplace toujours plus l’homme, et s’il n’y avait de travail humain à bas coût dans certains pays, la machine serait encore plus présente. Il ne restera à l’homme pour seules activités rémunératrices, celles de penser, transmettre, créer, apprendre. Et encore, il pourrait être concurrencé dans ces domaines. Bref, de nouveaux métiers vont apparaître, d’autres disparaître. A partir de là, les indicateurs géographiques ont moins d’intérêt pour appréhender la problématique du niveau de vie. Il faut inventer de nouveaux indicateurs.

6.  Sixième erreur : croire qu’une baisse du pouvoir d’achat entraînera une baisse du niveau de vie. De nombreux services autrefois gratuits sont payants. La société des individualités a un coût, celui de l’absence de relations sociales gratuites (secteur des services) au profit de relations sociales tarifées. Avec une baisse des revenus, la société redeviendra peut-être plus sociale, et des services aujourd’hui payants deviendront gratuits comme aller louer un objet plutôt que l’emprunter ; avoir un téléphone portable plutôt que prendre le téléphone du commerçant du coin, faire appel à qqun pour donner des cours plutôt que qqun de sa famille… Au final, il n’y aura peut-être pas de baisse de niveau de vie, et même une amélioration de la qualité de vie. Car plus de relations sociales = moins de dépression et autres maladies, donc, en plus, baisse de la consommation de médicaments. On peut imaginer des conséquences infinies qu’apporterait un changement de société.

7.  Septième erreur : croire que les produits et services, et les circuits de distribution ne changeront pas. Il faut être honnête, dans une économie concurrentielle, il faut appâter le client. Pour cela, il faut faire des efforts dans le conditionnement, le marketing... Cela a un coût. Qui représente de 25 à 80% du produit ou du service. Tu ajoutes le coût des crédits qu’ont les entreprises (pour pouvoir investir afin de gagner des parts de marché), l’obsolescence programmée, la rémunération des actions, et tu arrives au fait que finalement, le consommateur paie son produit ou service trop cher. Tu vends les produits et services sous forme d’association loi 1901 avec toutes les garanties éthiques possibles et imaginables, tu formes une clientèle captive qui échappe à la concurrence. Alors on s’en fiche de la jolie boîte bleue, de l’ouverture rapide, et tous ces gadgets chers et très peu utiles. Et pourquoi acheter en supermarché quand on peut avoir un meilleur produit moins cher chez le producteur ?

Pour conclure, mais on pourrait énoncer d’autres erreurs de perception (d’une société qui évoluera et s’adaptera mais qui ne sera pas le prolongement de celle-ci), l’entraide et de nouvelles façons de consommer pallieront la diminution du niveau de vie (selon les indicateurs actuels) sans affecter la qualité de vie. Si en plus ce sont des hommes compétents guidés par l’intérêt général qui sont au pouvoir, l’espoir est permis. De toutes les façons les personnes qui vivent en France n’ont pas trop de soucis à se faire par rapport à bien d’autres : la géographie est bonne (climat, eau, situation, patrimoine…).


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