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easy easy 13 octobre 2011 13:11

Si j’avais à catégoriser des gens, je ferais plutôt ressortir le fait que depuis les premiers Atari, est arrivée une suite de générations répugnant de plus en plus nettement à travailler à la manière d’un laboureur, d’un poissonnier, d’un maçon, d’un pâtissier, d’un couvreur, d’un forgeron, d’un ciseleur et estimant ne devoir travailler qu’en manière de cigale, en parlant-écrivant, en appuyant sur des boutons, en dessinant, en ne produisant que du bruit et de l’image.


Il suffit de consulter les CV des intervenants de ce forum pour constater ce fait.


Comme ce sont ces cigalistes qui font 100% des médias, ils ne veulent ni ne peuvent dire le moindre mot sur le fossé grandissant qui les sépare des générations d’avant. Fossé constitué uniquement de ce boutonnisme ou clicquisme.

(Peut-être le fameux téléphone rouge russo américain, le fameux bouton rouge de la libération des missiles atomiques transcontinentaux avait-il lancé ce boutonnisme. La télécommande représentant une autre étape)



Evidemment que déjà sous Louis XIV il y avait des cigalistes, évidemment. Mais cette caste très influente (qui s’interdisait de travailler car le mot travail signifiait alors forcément sueur et mains calleuses) ne constituait alors qu’une minorité numérique.

Depuis Atari, cette caste représente 80% de la population. Elle ne répugne pas à dire qu’elle travaille mais cette fois, le sens du mot travail n’est plus du tout le même et il exclut d’avoir les mains gercées ou sales.


De toutes manières, il suffit de regarder ce qu’est devenue une voiture a partir du moment où l’on a remplacé la manivelle par un démarreur pour comprendre ce qui s’est passé depuis 50 ans.
Même le fait de devoir pousser un caddie, de devoir sortir une clef de sa poche puis de devoir la tourner dans une serrure est devenu un type de travail répugnant.
Même le fait de devoir manier une hache pour décapiter est devenu un travail de type révolu. Tuer doit passer par un bouton, par une télécommande, un clavier.

Le corps n’est plus un outil qui s’use. Il est devenu une image qui se lisse, qui parle, qui chante, qui danse et qui commande à distance.

Il y a quelques années, les médecins répondaient systématiquement qu’en aucun cas ils ne pouvaient diagnostiquer à distance. Il était donc indispensable de se rendre dans leur cabinet. Idem pour les avocats. Aujourd’hui, il y en a de plus en plus de ces travailleurs nouvelle formule qui estiment pouvoir opérer à distance, de quelques clics sur un bouton ou un autre.


Parmi mes actions sur le terrain de l’ergonomie, j’ai eu à gamberger sur le bouton.
comme le bouton de machine à laver ou d’ascenseur pouvait engendrer la cassure d’un ongle, comme ça faisait encore trop manuel, on avait inventé les boutons à effleurement. Le problème alors c’est que le « travailleur » ne savait plus bien s’il avait ou non agi sur la machine. En fait, il était nécessaire, dans une première étape en tous cas, de proposer des boutons nécessitant un minuscule effort mais pas nul et il fallait que ça fasse un léger bruit. C’est ainsi que nous avons proposé tous les boutons que l’on trouve sur les four à micro onde, sur les machine à laver qui sont certes très lisses (tous sur une surface continue) mais légèrement bombés et qui font un petit bruit quand on appuie dessus. Ce travail mécanique n’est plus indispensable à la commande mais il est artificiellement imposé afin, dans une première étape, de procurer à l’opérateur l’impression qu’il agit par un travail musculaire.

(Sous les touches de tous nos clavier, c’est ce principe qui est appliqué)

Et ce n’est donc que plus récemment que sont arrivés les écrans tactiles où il suffit d’effleurer mais cette fois, nous y sommes habitués.

(Je signale au passage que ce qu’on appelle un clic de souris est en réalité un clic-clac. Appuyer sur un bouton c’est exécuter deux mouvements. Fatigant hein !)



Et il va de soi que la prochaine étape des « travailleurs » que nous sommes devenus, consistera à ne même plus effleurer. Dans 15 ans, chacun répugnera à toucher quoi que ce soit.


Ainsi, alors qu’autrefois l’écriture, la parole, l’image, la musique étaient rares, le fait que chacun de nous ne produise désormais plus que cela, rend ces productions banales et ennuyeuses.

 


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