Je suis sidéré qu’un article qui « cherche à comprendre (...) la deuxième guerre mondiale » ne dise pas un mot de l’économie. Le fascisme n’est PAS à l’origine de la deuxième guerre mondiale, par contre, la crise économique profonde dans laquelle l’Allemagne s’est retrouvée plongée dans les années 30 a fait monter les deux extrêmes (pas seulement l’extrême-droite), devant le constat que les partis modérés avaient échoué et étaient incapables de sortir le pays de la crise. « Rien ne pourra être pire que la situation actuelle », se sont dit les Allemands en 1933, « donnons sa chance à Hitler » (ils se trompaient, bien sûr : cela allait être pire). Une fois le parti nazi, qui obtenait effectivement de meilleurs scores que l’extrême-gauche, accède au pouvoir, en quelques mois l’Allemagne vire à la dictature et les Allemands n’ont plus la parole. L’une des premières mesures d’Hilter, par exemple (en 1933), est d’envoyer les syndiqués dans le premier camp, celui de Dachau. Ils sont remplacés, dans les usines, par des cadres du parti nazi, détestés des ouvriers. L’ambiance est proche de la révolte mais le régime, autoritaire, serre les vis. Il est déjà trop tard…
Notez bien que dans les années 20, tant que l’économie est florissante, les extrêmes ne pèsent rien (et y compris le parti nazi). C’est bien la crise économique qui amène l’Allemagne au bord du gouffre, et non la montée « spontanée » d’idées et de comportements fascistes. Comme le rapporte l’historien britannique
Ian Kershaw dans son livre «
L’opinion allemande sous le nazisme », les Allemands sont venus à l’antisémitisme par le parti nazi, et non l’inverse. Et ils sont venus au nazisme par la crise. Il faut tordre le coup définitivement à cette idée simplette et simpliste selon laquelle les Allemands sont soudainement devenus méchants, par l’effet du saint esprit. Les fait sont qu’ils ont été brutalement jetés dans une crise économique gravissime. Aujourd’hui, lorsque les banques jouent avec le feu ; lorsqu’elles spéculent, attaquent des États et montent des coups pendables comme les subprimes, elles nous rapprochent beaucoup plus de la guerre et de la dictature qu’un quelconque groupuscule néo-nazi !
Cet article, par sa dramatique naïveté, contribue à faire diversion, une diversion dangereuse qui permet aux banquiers fous de continuer leurs petits trafics à l’abri des regards, tandis qu’une partie de la société va, en vain, harceler un Front National « cause de tous les maux »… Je ne suis pas du tout proche du Front National (et même plutôt à l’opposé), mais il est faux de dire que le danger vient de là. L’extrême-droite n’est qu’un révélateur et le problème, c’est l’économie ; c’est-à-dire, actuellement, les banquiers fous (au niveau de la direction, pas du guichetier ou du conseiller, au niveau duquel les pressions et le mal-être sont des réalités qui vont en s’aggravant et vont dorénavant, même si on en parle peu, parfois jusqu’au suicide ou à la tentative de suicide).
Par pitié, arrêtons ces analyses de cour d’école.