OK pour l’article toussa en félicitant l’auteur d’avoir évoqué la torture.
Car la torture synthétise toute la problématique humaine et il est très curieux que tant de philosophes et psychologues aient cherché à analyser l’homme sans dire un mot de la torture.
Tenir à la vie, notre lot commun, nous met en position pathétique (ce concept de « pathétique » n’est pas universel et là où il n’existe pas, la torture n’existe pas).
Ici, ce concept existe bel et bien et notre pathétique commun est la plupart du temps rhabillé d’éthique ce qui fait qu’il ne saute généralement pas aux yeux.
Il y a deux pôles possibles à l’éthique habillante. Le pôle qui pousse à tuer, chasser et torturer autrui et le pôle qui pousse à intégrer, soulager et adoucir la vie d’autrui.
Comme il suffit d’un bout de corde, d’une pointe, d’une goutte de poison pour tuer, le pôle exterminateur de l’éthique est très couru et le nom de son éthique est le plus souvent Justice-Vengeance.
L’autre pôle de l’éthique est bien entendu plus difficile à réaliser car il conduit à fréquenter les lépreux et son nom est le plus souvent Bonté-Pardon.
La torture, que ne pratiquent que les plus fervents adeptes de l’éthique à nom de Justice-Vengeance, consiste à coincer une cible et à la placer dans des conditions où elle se retrouve dans l’impossibilité d’exercer aucune éthique, ni celle de la Justice-Vengeance, ni celle de la Bonté-Pardon (sauf à s’appeler Christ). Le torturé ne peut donc plus rhabiller le pathétique de sa vie qui explose alors à la vue et le tortionnaire jouit de voir sa cible trembler pour sa vie.
Le torturé, celui qui ne peut plus rhabiller son pathétique d’aucune éthique, dispose alors d’une ultime voie, hyperparadoxale, pour gommer tout de même le pathétique de sa situation et en tous cas en réduire la durée, celle de la fuite vers la mort, celle du suicide.
Celui qui commence à se voir bloqué de toutes parts, qui sent qu’il va subir la torture, qui sent que le pathétique de sa situation va jaillir et qui se précipite alors sur une lame, échappe au jeu relationnel normal. Tout ce qu’il pense à ce moment là se situe au-delà et en dehors de tout ce qu’il avait pensé au long de sa vie.
Se suicider quand on est torturé constitue la décision la plus étrange, la plus folle selon le cadre normaliste mais c’est pourtant ce qui vient à l’esprit de tous ceux qui sont torturés ou en voie de l’être.
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