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armand armand 27 janvier 2012 22:47

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
SOulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !
(Baudelaire, A une passante)

L’inconvénient, de nos jours, quand on est frappé d’admiration devant la démarche gracieuse d’une femme inconnue, c’est que le plus souvent il est impossible d’attirer son attention de la façon la plus douce qui soit car elle est invariablement en communication fusionnelle avec son téléphone portable... Cet outil diabolique aura également ruiné les jeux de séduction à la terrasse du café en assénant à tout l’alentour qu’on est ailleurs, dans sa tribu, en train de déblatérer des petits riens avec son fiancé avec un sourire béat, et qu’on a que faire des regards admiratifs, pourtant bien présents... Et les bribes de conversation qu’on capte dissipent bien souvent le mystère de l’inconnue solitaire - bientôt on sait tout de son travail, de ses enfants, de sa situation matrimoniale. Quelle tristesse !


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