Il me semble quand même que vous simplifiez et que les élites ont une responsabilité supérieure, puisqu’elles ont un pouvoir supérieur. La montée d’Hitler et la militarisation de l’Allemagne n’ont pas eu lieu du jour au lendemain par surprise et certains ont pressenti le péril (De Gaulle par exemple a pressenti le danger nouveau que représentait la forte mécanisation de l’armée Allemande). D’après l’historienne (hélas pour ses contradicteurs) très bien documentée Annie Lacroix-Riz, une partie des élites françaises a même aidé les desseins d’Hitler, préparant la Drôle de Guerre (= la non-réponse militaire française) afin de faire basculer le gouvernement français à l’extrême-droite et de poser les bases d’une Europe fasciste (pour le plus grand profit de certaines banques et industries). La crise de 1929 n’a pas non plus été une totale surprise, lorsque la Bourse décroche à ce point de l’activité réelle (par la hausse). Vous avez raison de dire que l’opinion publique a une part de responsabilité, dans la surveillance (ou non-surveillance) de ses élites, mais la question est de savoir si dans une société technologique comme la nôtre, la masse peut faire contre-poids aux élites corrompues, bien décidées à continuer à se goinfrer. En particulier lorsque l’information elle-même est pervertie par ces élites, au moyen de mises en scène, de provocations, d’opérations sous faux drapeau, etc. pour lesquelles les services de renseignement disposent de budgets colossaux, de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars annuels aux États-Unis par exemple. De tels budgets permettent par exemple de fabriquer ex nihilo une image totalement factice d’un pays que le gouvernement a l’intention d’attaquer. Les rares esprits courageux sont persécutés. Si les élites ont le pouvoir de changer les choses dans le mauvais sens, elles l’ont aussi de les changer dans le bon sens. Sauf génie apparaissant effectivement de temps en temps (Abbé Pierre, Coluche, etc.), qui tempère un peu les ardeurs, au quotidien quelques poignées de militants pacifistes, écologistes, humanistes, etc. ne peuvent pas grand chose contre le rouleau compresseur de ces cercles de pouvoir, formels ou informels.