Votre appréciation et votre analyse sont empreintes de vos préjugés et valeurs propres, et à partir d’une toute petite expérience personnelle vous rendez compte de façon simpliste et pleine de poncifs d’une problématique fort complexe dont les variables sont nombreuses.
De nombreuses mutations, culturelles, sociologiques, socio-économiques, technologiques, mais aussi idéologiques et politiques constitutent des dimensions que nous ne pouvons ignorer pour comprendre la scolarisation des enfants, les programmes et les conditions mêmes de ces enseignements, l’école et ses professionnels.
Les politique de droite qui sont succédées n’ont eu qu’un seul souci, rendre improductif tout ce qui est de l’ordre du service public pour que l’offre privée se place dans un contexte concurrentiel favorable. La scolarisation n’échappe pas à cette volonté mercantile.
Chaque année on nous dit que les performances des élèves sont de plus en plus bassespar rapport aux années précédentes, et chaque année nous voyons le nombre de bacheliers augmenter ainsi que le nombre de mentions... J’ai fait il y a quelques temps une recherche sur l’estimation qui avait été faite à l’entrée en 2e du niveau des élèves qui en terminale avaient explosé le nombre de réussites et de mentions au bac. Selon l’estimation, ils étaient catastrophiques à l’entrée en 2e !!! Cherchez l’erreur...
On exige des élèves qu’ils aient les mêmes performances en français et en mathématiques qu’autrefois.... du temps où ces matières constituaient à elles-seules un volume horaire équivalent à la moitié du temps scolaire. Aujourd’hui, les enfants font des initiations aux sciences, de l’informatique, de l’anglais, etc. autant de matières qui n’existaient pas dans l’enseignement. Le volume d’enseignement du français et des maths a donc baissé. Or, nos capacités cognitives ne vont pas changer du jour au lendemain, et nos capacités d’apprentissage et de rétention d’un cours demeurent les mêmes. Il est donc logique que le niveau de performance sur ces deux matière baisse par rapport au temps où elles constituaient l’essentiel de l’enseignement.
Quant aux parents... les conditions mêmes de leur possibilité d’exercer un rôle éducatif se sont dégradées. Mais il ne faut pas croire que d’être sévère suffit... c’est mal connaître là encore la diversité des problèmes, des conditions mêmes d’exercice de la parentalité. Aux difficultés économiques de plus en plus criantes, générant de plus en plus de stress, de moins en mons de disponibilité, viennent se greffer des idéologies mercantiles, consuméristes et de dénigrement systématique de tout ce qui est « intellectuel ». Les media, mais aussi nos « élites » politiques, abondent de crétins qui affichent de façon clinquante leur réussite financière malgré leur échec scolaire et leur QI d’huître anémiée. Comment voulez-vous alors qu’un môme, dans de telles conditions socioculturelles, puissent voir dans l’école et les performances scolaires les conditions sine qua non d’une réussite personnelle ?
Enfin, pour ce qui est des enseignants eux-mêmes, si l’Ecole Normale formait bien sur 3 ans des insituteurs, plus ou moins compétents, ayant plus ou moins la fibre pédagogique, les IUFM se sont révélées catastrophiques, que ce soit au niveau des contenus (absence de pédagogie, psychologie de l’enfant en option, sur-intellectualisation par les didactiques et les sciences de l’éducation) ou dans les modalités de sélection des candidats. Une étude avait même montré que la réussite au concours était statistiquement liée aux notes en français et en maths du bac. Or, pour bien enseigner, une tête bien pleine ne suffit pas - cela est également vrai au plan universitaire - encore faut-il avoir le goût, l’intérêt pour cette relation pédagogique. Malheureusement, les IUFM comptaient davantage sur leurs bancs des gens qui faisaient le métier d’enseignant par défaut, ayant échoué dans leurs plans de carrière initiaux, et qui s’étaient finalement tourné vers ce débouché (vacances + sécurité de l’emploi), ne pouvant se résoudre à s’engager dans l’armée ou la police !!
Enfin, le nombre d’élèves, et parmi ces élèves, le nombre d’élèves issus de famille en grande difficulté, peut avoir selon le contexte socio-economico-culturel une incidence sur les performances scolaires, encore que cela dépende beaucoup de l’équipe enseignante, et du soutien dont l’école peut bénéficier de la municipalité. J’ai vu à Arras une école maternelle de ZEP où 22 enfants sur 24 avaient les deux parents au chômage, des enfants arrivant survoltés, manquant de sommeil, dans une école peut amène et avec une équipe pédagogique aussi désabusée qu’incompétente... et j’ai également vu la même année une école maternelle située également en ZEP à Marseille avec des locaux accueillants et surtout une équipe pédagogique extraordinaire, et des enfants qui malgré les difficutés de vie, s’épanouissaient, et étaient arrivés pour certains à faire lever leurs parents pour qui les amène à l’école alors qu’ils étaient en grande précarité et au bord de la désocialisation.
Tout discours simpliste et généralisant sur des problématiques aussi complexes ne peut éviter de tomber dans l’écueil de la caricature grossière et l’erreur.
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