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Matthieu Poux Matthieu Poux 8 mars 2012 09:55

Merci pour votre réponse, qui comporte plusieurs erreurs et inexactitudes.

Dans l’ordre :

"le plateau de Corent était le site sacré dévolu aux cérémonies religieuses. Le fait qu’il soit au pied du Crest s’accorde en outre avec le texte de César qui voyait Gergovie sur cette hauteur et non sur un plateau de Merdogne aux qualités défensives très discutables« 

Le Crest : alt. maxi. = 653 m
Corent : alt. maxi. = 621 m
Plateau de Gergovie/Merdogne : alt. maxi = 745 m !

L’archéologie n’est certes pas (toujours) une science exacte, mais ce n’est pas le cas de la géographie !

Les fouilles menées à Corent depuis 2005 (7 ans déjà) à l’extérieur du sanctuaire ont montré qu’il est loin de correspondre uniquement à un »site sacré dévolu aux cérémonies religieuses« (à ma connaissance, personne n’a jamais songé à y localiser le le temple de Vasso Galate de Grégoire de Tours). Mais aussi, à un pôle politique et économique majeur de la Cité arverne, densément occupé au Ier s. av. J.-C. (plus de 40 ha d’habitats).
A mon tour de vous renvoyer à la lecture de nos écrits : M. Poux, Corent - Voyage au coeur d’une ville gauloise, Ed. Errance, Paris 2011.

 »En revanche, je vous reproche cette tentation que vous avez de vouloir réécrire l’Histoire à partir de vos propres découvertes et interprétations archéologiques et cela sans tenir compte des textes ou en ne voulant pas leur accorder la fiabilité que, pour ma part, je leur accorde (exemple, au sujet de Massada).« 

La finalité même de toute démarche archéologique est d’écrire ou de réécrire l’Histoire (celle des communautés humaines ou des individus). Pour ma part, c’est avec grand intérêt que j’utilise les textes grecs ou latins, sur la base des traductions existantes, reconnues par la communauté scientifique et exemptes de tripatouillages (Belles Lettres, etc.). Pour avoir examiné chaque terme du passage de César consacré à Gergovie (la question de Massada ne figure pas parmi mes priorités), je ne pense pas qu’il soit possible d’en tirer des arguments définitifs en faveur de tel ou tel site. Ce qui distingue mes hypothèses (provisoires et présentées comme telles !) des théories »définitives« , partisanes et tronquées développées et défendues par vos soins, M. Eychart ou en dernier lieu, M. Baruch...

 »L’existence de corps intermédiaires dans l’organisation de notre société est un fait. Ce fut le cas de l’archéologie. Titulaire de la chaire des Antiquités Nationales, le professeur Christian Goudineau n’était-il pas chargé par le Collège de France d’enseigner la recherche en train de se faire ? D’où ses nombreux livres, véritable bible de la bien-pensance dont il était mal venu de s’écarter. Ne soyez pas naïf ! Tout ce qui s’est fait, ces derniers temps, en archéologie s’est fait dans la ligne de Christian Goudineau« 

Là encore, vous me paraissez bien mal informé. J’ai eu maintes fois l’occasion de m’opposer diamétralement aux hypothèses de M. C. Goudineau, que ce soit dans différents articles consacrés à la question des origines de Lutèce, de Lugdunum ou de Gergovie, dans le cadre de colloques ou de ma soutenance d’habilitation.
Il ne m’en a jamais tenu rigueur et en dépit de ces désaccords, j’ai toujours conservé pour le plus grand respect à l’égard de ses oeuvres et de sa personne.
Ainsi va la recherche »officielle« , qui oppose les arguments de manière constructive et n’a rien d’une guerre de tranchées.
Pour paraphraser Clémenceau, l’archéologie est une affaire trop futile pour être confiée à des stratèges !

 »Le centre archéologique européen, le muséoparc d’Alésia, les fouilles coûteuses et inutiles qu’on continue au mont Beuvray,.« 

Au-delà des résultats scientifiques (indéniables, innombrables) apportés par ces deux projets, vous oubliez leur rôle majeur en matière de collaboration des institutions de recherche européennes et de transmission du savoir au grand public, qui a d’autres centres d’intérêt que la seule localisation des sites de bataille et les querelles de clocher qui en découlent...

 »Pourquoi ces fouilles coûteuses et inutiles de la place Jaude ? Tout simplement parce qu’on voulait démontrer que la Gergovie de César sur son point haut n’avait jamais existé et que tout avait commencé à Clermont. « 

Cette question témoigne d’une méconnaissance absolue du fonctionnement de l’archéologie en France : en particulier, des opérations d’’archéologie dite »préventive« , suscitées par la construction de projets d’aménagement autrement plus coûteux (routes, parking, immeubles...). Les archéologues de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) n’ont pas demandé à fouiller Place de Jaude » : ils y ont été contraints par l’appétit des promoteurs et de leur clientèle amenée à s’installer dans le futur centre commercial dont la construction détruira l’intégralité des vestiges découverts. Leur intérêt est d’ailleurs loin d’être aussi négligeable que le laissait entendre cet article très orienté de « La Montagne » : en fait de latrines, il s’agit plutôt d’un vaste centre monumental doté d’un bassin-nymphée, de cuisines et d’autres équipements dont l’étude est en cours et renouvelera entièrement notre connaissance du quartier.
Pour information, le bâtiment romain identifié au Vasso Galate ne se situe pas précisément dans l’emprise des fouilles mais plusieurs dizaines de mètres au nord : il s’agit du fameux « Mur des Sarrasins », qui correspond à la substruction d’un très vaste édifice d’époque romaine dont le réexamen récent a confirmé la datation et l’importance dans le paysage monumental de la capitale arverne...

"Tout cela pour sauver la crédibilité d’un homme et de ses ouvrages... qui sera bien mise à mal lorsque la communauté scientifique comprendra que la véritable Bibracte se trouve à Mont-Saint-Vincent et Gergovie au Crest.« 

L’espoir fait vivre, mais Christian Goudineau bouge encore et compte bien utiliser son temps libre de (jeune) retraité pour faire entendre sa voix !.

 »Vous êtes désormais libre... et responsable. "

Aujourd’hui pas davantage qu’hier. De nos jours, il est préférable d’appartenir aux corps intermédiaires qu’aux hautes sphères d’Etat, où les pressions exercées sont autrement plus fortes.
Pour l’anecdote, M. Michel Clément était encore en place lorsque nos fouilles de Corent ont été interrompues, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le débat de Gergovie...


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