J’ai aussi enseigné les lettres et je peux confirmer, pour ceux qui paraissent en douter, que c’est un métier particulièrement éprouvant, surtout lorsqu’il faut affronter les paquets de copies : ce sont des journées entières d’exaspération et je me suis souvent entendu dire que j’aurais préféré être passé à tabac pendant un bon quart d’heure plutôt que de subir aussi longuement une pareille torture intellectuelle. Quand ce qu’on lit est à peu près cohérent, on parvient encore à s’intéresser à ce qu’on fait, mais à partir du milieu des années 80, la situation s’est terriblement dégradée et j’ai lu des milliers de pages où on aurait en vain cherché une phrase correcte et qui eût un sens. L’illettrisme, même au niveau du bac, est devenu tout à fait banal. Dans ces conditions, les corrections ne servent plus à rien : l’ignorance de beaucoup d’élèves est telle qu’ils ne voient pas même en quoi leur discours pourrait être fautif ; l’effort qu’il leur faudrait faire pour améliorer quelque peu la situation serait si exorbitant qu’ils préfèrent capituler. Dans ces conditions, on n’enseigne plus, on fait semblant, et devant des classes qui, dans le meilleur des cas, font semblant d’écouter. Et que penser, ensuite, des diplômes que la plupart finiront quand même par obtenir !
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