Oui mais c’est un capital sympathie.

Il y a quelque chose qui ne marche pas dans la campagne de Bayrou cette année, outre le déséquilibre médiatique, dont souffre également Mélenchon et Le Pen (si je me limite aux principaux candidats) soit dit en passant. Je crois que le peuple souhaite une vraie rupture (avec les politiques menées depuis 30 ans) qui peut se concrétiser différemment (Sarkozy réélu serait une rupture en soi, car il n’aurait rien à perdre et pourrait aller au bout de sa logique). Bayrou a du mal à personnifier cette rupture. Il est en quelque sorte trop rassurant.

S’il veut percer, il peut insister sur une vraie rupture institutionnelle et accentuer les propos qu’il a tenus récemment (notamment sa proposition de référendum sur les institutions) quitte à proposer une constituante. Il pourrait attirer vers lui des abstentionnistes mais également des gens prêts à voter pour les extrêmes, car une constituante offre des possibilités pour ces sensibilités. Sur la rupture économique et financière avec le monde libéral, il me semble largué tant par les réformistes des gauches (qui proposent des ruptures à des degré divers) que par les jusqu’au boutiste des droites (qui veulent mettre fin au modèle social français). Il risquerait de passer pour un Mario Monti bis ou pire encore pour un Papandréou.

Je crois que personne n’a rien contre F. Bayrou mais il a un très gros problème : il pense que la présidentielle c’est la rencontre d’un homme avec le peuple. Ça a pu être vrai avec De Gaulle, et encore ! Il y a une logique totalement clanique dans la cinquième république. Regardez le système RPR qui était une machine (avec tout ce que ça implique, notamment les rackets d’entrepreneurs) pour catapulter Chirac. Son honnêteté couplée à une solitude politique (le Modem n’est pas une machine de guerre, moins que le PCF ou même le FN) constituent un handicap.

Sarkozy est à 26% de popularité sauf que son impopularité tout comme sa popularité sont quasi-fanatiques : c’est pour ça que ceux qui l’apprécient voteront pour lui au premier tour et qu’il se prendra une rouste au second.