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jean-jacques rousseau 15 mars 2012 04:38

L’argument de la souffrance animale était celui des nazis qui ont imposés l’abattage par étourdissement par compassion... ou n’était-ce qu’un biais de la propagande pour mieux stigmatiser la pratique rituelle (shehita) des juifs ? Or d’après les chercheurs la souffrance animale n’est pas moindre dans l’un des deux modes d’abattage, la question de la stigmatisation raciste (antisémitisme) est donc la piste la plus probable pour expliquer l’attention portée sur le sujet.


« Sur le plan réglementaire, au moins trois pays européens interdisent l’abattage rituel. La Suisse prohibe cette pratique après consultation de sa population dès 1893. Elle est suivie par la Norvège qui l’interdit en 1930, puis la Suède en 1938. Le gouvernement des Pays-Bas choisit finalement de satisfaire les demandes de la communauté juive et publie, en 1920, un décret royal exemptant le rite israélite de l’obligation d’étourdissement préalable à l’abattage. Il en est de même au RoyaumeUni où l’étourdissement est rendu obligatoire en 1933, sauf en cas de rituel religieux (Ansari, 2003). Les autres pays tolèrent cette pratique d’autant mieux que l’étourdissement de l’animal n’est pas alors une obligation légale. L’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne entraîne l’interdiction totale de la shehita dans la presque totalité des pays d’Europe occidentale à l’exception du Royaume-Uni. L’Allemagne (1936), la Pologne (1938), l’Italie (1938) puis les pays occupés [France 1940] interdisent ainsi l’abattage rituel (Nizard-Benchimol, 1997). Après la guerre, il est de nouveau autorisé ou toléré, assorti, dans certains cas, de conditions d’encadrement (Shadid et Koeningsveld, 1992, p. 9). Ainsi, en Allemagne, l’AR interdit par le régime d’Hitler est réintroduit progressivement, mais reconnu légalement seulement en 1986 (Langenfeld, 2003).
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les pays d’Europe occidentale, à l’exception de la Suède, la Norvège et la Suisse, reconnaissent de facto, ou de jure, la possibilité pour la population juive d’abattre selon un rite religieux excluant l’étourdissement de l’animal. La généralisation de l’obligation de l’étourdissement avant toute mise à mort des animaux de boucherie dans les réglementations européennes ainsi que l’arrivée d’une importante immigration musulmane vont bousculer ce fragile consensus »

« Ainsi, la société néerlandaise de protection animale rencontre les objections du Révérend
Wagenaar qui, s’appuyant sur des rapports d’experts allemands, français, russes, suédois et hollandais de l’époque, soutient qu’au contraire la shehita est de loin préférable à la technique employée dans les abattoirs néerlandais. Ses deux principaux arguments sont, d’une part, que la lame affûtée du couteau utilisée dans la méthode juive fait perdre conscience à l’animal plus rapidement, d’autre part, que, dans l’abattage non juif, l’assommage freine l’effusion de sang et diminue les qualités intrinsèques de la viande (Shadid et Koeningsveld, 1992, p. 5). Dès le début du XXe siècle, de nombreux experts européens sont donc saisis de la question et ne s’accordent guère sur les conclusions en matière de souffrance animale. Ces querelles d’experts durent encore aujourd’hui et ce en dépit des progrès réalisés pour améliorer les techniques d’abattage. »

« Nouveaux enjeux autour de l’abattage rituel musulman : une perspective européenne »
Florence BERGEAUD-BLACKLER 
http://www.inra.fr/sae2/publications/cahiers/pdf/bergeaud.pdf 

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