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BA 29 mars 2012 14:39

Jeudi 29 mars 2012 :

Affaire Bettencourt : à qui étaient destinés les 4 millions d’euros ?

Patrice de Maistre, l’ancien gestionnaire de fortune de la milliardaire, demande sa mise en liberté mais ne dit rien sur la destination des espèces retirées en Suisse.

Les avocats de Patrice de Maistre plaideront cet après-midi, devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux, la remise en liberté de leur client. La comparution de l’ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, incarcéré depuis cinq jours à la maison d’arrêt de Gradignan (33), suscite une forte effervescence médiatique. Cet orfèvre en gestion de patrimoine, soupçonné sans aucune preuve irréfutable d’avoir financé illicitement la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, serait-il sur le point de se libérer de ses secrets ?

Si d’aventure il se laissait aller à quelques confessions, il n’est pas certain que celles-ci bénéficieraient d’un large auditoire. En matière de contentieux de la détention, la publicité des débats est la règle. Toutefois, le ministère public ou le prévenu peuvent demander que l’audience se tienne à huis clos, au nom de la confidentialité des investigations à venir ou de la nécessité de ne pas porter atteinte à la présomption d’innocence. Un scénario qui a de fortes chances de se produire aujourd’hui.

4 millions d’euros.

Le placement en détention de Patrice de Maistre a pu surprendre, mais il répond à une certaine logique. Selon nos informations, lors de ses auditions précédentes, l’ancien gestionnaire de fortune aurait menti au juge Jean-Michel Gentil, l’un des trois magistrats chargés de l’instruction des affaires Bettencourt. Il lui avait affirmé n’avoir jamais fait procéder à des retraits de fonds en Suisse, où Liliane Bettencourt disposait de plus de 100 millions d’euros dispersés sur 10 comptes non déclarés au fisc.

À l’époque, Patrice de Maistre s’était justifié en soutenant notamment que, s’il avait renoncé à l’idée de se faire payer un bateau par la milliardaire, c’était justement parce que l’argent permettant de l’acheter devait venir de Suisse. À ses dires, il ne le souhaitait pas. Les commissions rogatoires lancées par les juges d’instruction bordelais ont mis littéralement en pièces ces explications.

Via un mécanisme sophistiqué reposant sur des compensations entre différents établissements financiers des deux pays, l’homme de confiance de la milliardaire a fait revenir en France 4 millions d’euros en espèces. Ils ont été acheminés par des coursiers lors de sept voyages. Deux fois 400 000 euros en 2007, au moment de la campagne présidentielle, deux fois 1 million d’euros en 2008, et trois fois 400 000 euros en 2009.

Patrice de Maistre n’a laissé, semble-t-il, à personne le soin de réceptionner ces capitaux. 1,2 million d’euros auraient même été apportés directement à son domicile.

Aucune explication.

Le travail des enquêteurs prête difficilement le flanc à la critique. L’argent a été tracé, les circuits identifiés, les convoyeurs entendus, les reçus attestant la remise des fonds saisis. Le 22 mars dernier, lorsqu’il a été interrogé par le juge Jean-Michel Gentil, Patrice de Maistre s’est borné à dire que ces sommes revenaient aux Bettencourt. Bien que gestionnaire de ces espèces, il n’a pas véritablement répondu aux questions du magistrat, ne fournissant aucune explication crédible quant à leur destination.

Les rendez-vous entre Patrice de Maistre et Éric Woerth, le trésorier de l’UMP, les notes découvertes dans le journal intime du photographe François-Marie Banier, les témoignages attestant la venue de Nicolas Sarkozy au domicile des époux Bettencourt pendant la campagne de la présidentielle de 2007… divers indices donnent du crédit à la thèse d’un financement électoral illicite. Mais, contrairement à ce qui se dit ou s’écrit, le juge Jean-Michel Gentil ne paraît pas se focaliser outre mesure sur cette question.

La totalité des 4 millions d’euros l’intéresse. D’où la nécessité à ses yeux de pouvoir enquêter dans l’entourage immédiat de Patrice de Maistre sans que ce dernier puisse contrarier ses investigations. Raison pour laquelle le parquet général de la cour d’appel de Bordeaux devrait requérir aujourd’hui le maintien en détention de l’ancien gestionnaire de fortune. Au grand dam de ses avocats, qui jugent totalement infondée cette incarcération. La liberté de leur client a-t-elle empêché la justice de dévoiler le mécanisme mis au point pour retirer les fonds en Suisse ?

Maître Benoît Ducos-Ader et Maître Arnaud Dupin, les conseils de Liliane Bettencourt, ne participeront pas à ce débat. « C’est à la chambre de l’instruction de dire s’il y a lieu de le maintenir ou pas en détention, expliquent-ils. Notre rôle est de surveiller la façon dont se passent les choses et de demander ultérieurement la réparation du préjudice causé. »

Au stade actuel de l’enquête, c’est pratiquement la somme de 18 millions d’euros que l’on reproche à Patrice de Maistre d’avoir perçue indûment entre 2006 et 2010. Une somme hors norme, à la mesure d’un dossier où les chiffres donnent le vertige.

http://www.sudouest.fr/2012/03/29/a-qui-etaient-destines-les-4-millions-d-euros-673054-7.php


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