Pour comprendre l’endettement colossal de tous les pays d’Europe (y compris les élèves « modèles » comme l’Allemagne avec ses salaires à 1 euro), il faut regarder de près le fléau qui les a tous touchés de plein fouet : la privatisation de la création monétaire (loi de 1973 en France, puis traités de Lisbonne et Maastricht).
Si les Etats ont depuis des millénaires le pouvoir régalien de battre monnaie, ce n’est pas un tour de passe-passe pour escroquer leurs créanciers, mais un mécanisme économique de base : la masse monétaire d’un Etat doit être équivalente aux richesses qui y circulent, comptabilisées (de façon simplifiée) par le PIB. Si elle est supérieure (planche à billets), cela crée de l’inflation (Zimbabwe, Allemagne des années 20...). Si elle est inférieure, c’est la déflation (la Grande Dépression suite au krash de 1929 aux Etats-Unis).
Au fur et à mesure qu’un Etat se développe, son PIB augmente, il faut donc y injecter de la monnaie dans des proportions adéquates pour éviter ces deux phénomènes.
En 1973, le PIB de la France était de 178 milliards, il est aujourd’hui de plus de 2000 milliards ; Il a donc fallu injecter 1800 milliards (encore une fois, ce n’est pas de la planche à billets, mais une adaptation au volume de richesses produites). Or depuis 1973, nous sommes forcés d’ « emprunter » cette monnaie aux banques privées et de leur verser une rente exponentielle, sans pouvoir rembourser à moins de maintenir notre PIB à 200 milliards.
C’est là qu’est la perversité de ce système. Les banques nous prêtent la monnaie dont nous avons besoin (que nous pouvions produire seuls sans intérêt avec la Banque de France, et associée à des richesses que nous produisons), et nous devons leur rendre de l’argent, c’est à dire les richesses auxquelles elles correspondent. Cela revient à taxer les bénéfices d’une entreprise à 3% de son chiffre d’affaires, alors qu’il peut y avoir un facteur 100 entre les deux. Même un grand groupe industriel comme Carrefour serait en faillite au bout de quelques années avec de tels prélèvements usuriers, et on les impose à notre pays depuis bientôt 40 ans, d’où cette dette abyssale conçue dès le départ pour être impossible à rembourser. Ce n’est pas à cause du social, de l’immigration ou de la concurrence chinoise, mais parce que le simple fait de se développer et de s’enrichir augmente la dette de manière exponentielle.
Pour les solutions, elles sont toutes pénibles, mais moins que si l’on reste les bras croisés à attendre de subir le sort de la Grèce. Sortir de l’Euro ne résoudra rien tout seul, mais il permettra de s’émanciper de la Banque Centrale Européenne et de retrouver notre souveraineté monétaire pour pouvoir se développer sans que cela n’alourdisse la dette. Pour la dette restante, il existe des stratégies efficaces : l’Argentine et l’Equateur étaient dans la même position que nous, ils se portent maintenant beaucoup mieux que quand ils suivaient les injonctions du FMI. Je vous invite à vous renseigner plus en détail sur leurs méthodes, et surtout à vous rappeler ceci : les économistes les plus compétents ne sont pas ceux qu’on vous montre dans les médias...
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