Je vais vous promener un peu.
Vers 350 avant JC, le seigneur Shang Yang entreprend un gros paquet de réformes (avec des tas de concepts qui étonneraient les Français d’aujourd’hui).
Un jour, ça tourne au vinaigre pour lui et il doit fuir.
Il arrive dans une auberge où l’aubergiste lui demande quelque chose qu’il avait imposé à tous lorsqu’il régnait : ses papiers d’identité.
N’en ayant pas, il s’est fait prendre.
C’est certain, chacun de nous peut un jour se retrouver fuyard.
En ce moment, les jeunes Grecs ont une forte tendance à fuir, à s’exiler, en particulier en France.
Ce qu’ils découvrent c’est qu’il existe désormais une sale réputation qui leur colle aux fesses.
Probablement une des pires réputations qu’il puisse y avoir en ce moment dans le Monde (On serait Libyen, on aurait une chance de bénéficier de la réputation de chasseur de tyran aux yeux de certains)
Si un jeune Grec, Australien ou Français envisage de partir bosser et vivre à l’étranger, il va de soi qu’il considère qu’il existe un a priori positif sur son étiquette. (Ce n’est évidemment pas le cas des jeunes Maliens mais eux, ne sont pas à ce genre de détail près)
Les Grecs qui déboulent ici sont effondrés de découvrir la sale image que nous leur accordons depuis peu. Ils n’imaginaient pas que l’image de leur pays pouvait passer aussi rapidement et fortement négative.
Tous les Français bénéficient de l’image de la France.
Si cette image est positive, bien entendu.
Ces dernières années, l’image de la France a terni.
Du coup, il n’en reste de brillant que son fonds du genre « Mah, c’est tout de même une démocratie. Et puis il y a Cartier et Moët »
Il reste un fonds positif qui aide et supporte tous les Français qui s’expatrient mais aussi tous les Français qui vendent nos produits à l’étranger.
Ce reste d’image positive, qui vient curieusement à la fois de Louis XIV et de Robespierre, sert tous les Français. Tous ont intérêt à ce que ce fonds perdure.
Or, si un MassaÏ peut posséder un fonds d’image positive versant dans « Au moins, c’est pas eux qui polluent », le fonds positif français ne donne pas dans la simplicité, pas même dans l’économie.
Concorde, Trianon, Eiffel, champagne, tout ça c’est luxueux.
Il y a certes Pasteur, Yersin, qui contribuent très fortement à la valeur morale de ce fonds aux yeux des pays pauvres mais aux yeux de beaucoup, s’ils voient quelque chose de positif dans la France c’est bien sa place Vendôme et les performances matérielles des Bettancourt et autres Pinault.
L’Afrique du Sud est certes très bien placée en Afrique mais pauvre par rapport au reste du Monde. On aime la simplicité matérielle de Mandela . On serait même choqué s’il menait grand train.
Pour la France, c’est l’inverse. Nous avons tant habitué les étrangers à nos fastes que ceux qui nous aiment, nous aiment riches. Ils seraient consternés de voir nos chefs en tenue de chauffe ou portant une montre de chez Leclerc.
Il nous faut donc d’une part garantir grand train à nos présidents et d’autre part sanctuariser ce principe dans un tabernacle inaccessible aux gens (Pour répondre à ceux qui disent qu’il serait mieux que le peuple vote le salaire de son Chef)
Tabernacle qu’on appelle Institutions.
Sous la coupole de l’Institut de France, il existe une académie peu connue. Celle des citations et belles lettres. C’est elle qui gamberge pour nous pondre le genre de belles paroles qui sont inscrites par exemple sur le Palais du Trocadéro.
Le baratin qui y est écrit n’est pas signé sinon par la France. Ca a été écrit il y a déjà des décennies et avant même la fin des zoos humains et pourtant, de nos jours, vérifiez, il n’y a pas grand chose à en redire.
C’est une chose stable et le Monde apprécie cette stabilité dans les belles citations ou assertions.
C’est être irresponsable ou égocentrique, c’est manquer de grandeur que de se mettre en tête qu’il faudrait réécrire ces belles phrases tous les 5 ans.
Et bien le régime de retraite de nos Présidents (ou préfets) se trouve dans le droit fil du principe de stabilité-éternité.
Nous sommes maintenant plus pauvres qu’avant ?
Possible.
Nous avons besoin de la confiance des usuriers français et étrangers qui ont des réserves ?
Possible.
Et bien ces prêteurs ne nous prêteront que s’ils sentent que nos diamants sont éternels.
Montrons leur que nous devenons des renverseurs, des iconoclastes, des bolchéviques, des révolutionnaires, des mesquins, des revanchards, des frustrés, des jaloux, des radins et nous verrons les financiers se détourner de nous.
Montrons-leur au contraire l’image de deux présidents honorant ensemble la mémoire de nos soldats, montrons leur que nous couvons nos présidents à la retraite et nous les rassurerons.
Pendant encore un siècle ou deux, les Français auront intérêt à polir leur atout essentiel qui tient en « La démocratie, de manière noble ».
Je termine en vous rappelant un principe poliorcétique. Quand on est assiégé, quand l’ennemi nous coupe des vivres, le meilleur moyen de le démoraliser consiste à lui jeter nos cochons les plus gras et à roter.
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