Tunisie – Après « l’affront » Al-Baghdadi, Marzouki zappe le gouverneur de la Banque centrale
48 heures après l’extradition de l’ancien Premier Ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi vers Tripoli vécue par lui comme un affront, le président tunisien Moncef Marzouki a montré ses dents en limogeant le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli. Officiellement, il n’y a aucun lien entre les deux faits, les médias tunisiens n’en pensent pas moins !
Le président Moncef Marzouki ne cachait pas depuis des semaines qu’il voulait se défaire du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) Mustapha Kamel Nabli. Une intention qui suscitait des critiques dans les milieux d’affaires lesquels estimaient que l’indépendance de la BCT ne devait pas être remise en cause. C’est désormais fait. Un communiqué de la présidence tunisienne annonce, sans donner d’explication, le limogeage de Kamel Nabli. Mais on connait les griefs de Marzouki à l’égard du gouverneur qui, selon lui, entrave la politique tracée par le gouvernement au lieu de la mettre en œuvre. Le communiqué précise que la décision a été prise « par arrêté républicain », d’un commun accord avec le chef du gouvernement Hamadi Jebaïli. Elle devra être soumise à l’Assemblée nationale constituante (ANC) pour adoption dans un délai qui ne doit pas dépasser 15 jours. Le porte-parole de la présidence Adnène Mancer a justifié la mesure par « le dysfonctionnement entre la politique monétaire suivie par M. Nabli et la politique adoptée par les instances dirigeantes du pays », en référence aux présidences de la République, du gouvernement et de l’Assemblée Nationale Constitution (ANC). « Il y a une conviction que les démarches adoptées par la BCT d’un côté et par les trois présidences n’étaient pas en harmonie, surtout dans les circonstances difficiles que traverse le pays », a-t-il ajouté. On reprocherait aussi à Kamel Nabli son manque d’entrain à la lutte contre la corruption et la « lenteur » des mesures pour récupérer les avoir détournés par Ben Ali et ses proches.
Bonbon de consolation
Pour une partie de la presse tunisienne, le timing du limogeage est bien lié à la décision du chef de gouvernement islamiste Hamadi Jebaili d’extrader, sans en référer à Moncef Marzouki, l’ancien Premier Ministre libyen Baghdadi Al-Mahmoudi vers Tripoli. La présidence tunisienne avait réagi avec vigueur en dénonçant un « acte illégal ». La mesure a été vécue comme un affront et elle a alimenté les critiques de ceux qui ne voient dans Moncef Marzouki qu’un jouet, un « tartour » (personnage insignifiant) entre les mains des islamistes. Le chef du gouvernement d’Ennahda, Hamadi Jebaili, a rétorqué qu’il s’agit d’une application d’une mesure de justice et non d’un acte de politique étrangère. Il semble bien que « l’explication » orageuse sur cette extradition a abouti à un accord pour hâter le limogeage de Kamel Nabli. « La décision de mettre fin aux fonctions du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, n’est pas une riposte à l’extradition de l’ancien Premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi », a affirmé le porte-parole de la présidence de la République, Adnane Manser. Ce n’était pas une riposte, mais un bonbon de consolation offert par Jebaïli à Marzouki suggèrent les tunisiens qui persiflent sur les réseaux sociaux.
Source :
Salah HORCHANI
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