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Dagaz (---.---.62.62) 29 juillet 2006 12:17

Je vais essayer de donner un avis sans me facher. Essayer, j’ai dit. j’ai été victime de violences sexuelles à l’age de 15 ans. J’ai choisi de garder le silence pour ne pas causer plus de dégats que ça n’en avait déjà fait. Je comprends la culpabilité, je l’ai vécue. Je comprends la honte, je l’ai ressentie. Je connais le silence, je l’ai pratiqué. Le silence des médias, j’ai décidé de le rompre. Après que ma plainte ait été, en premier lieu, classée sans suite, j’étais complètement abattue. J’ai rencontré des femmes formidables sur un forum, et j’ai compris que 1°) je n’étais pas la seule qui avait vécu ce type d’histoire, 2°) il y avait un manque, une demande des victimes. Alors j’ai lancé un projet, celui de faire un livre (témoignages de victimes, guide médical, juridique, guide pour l’entourage, et intervention de personnalités - sous forme de lettre ouverte, par exemple) qui serait le pavé dans la mare ou plutot le pavé dans l’écran de fumé derrière lequel on tente de dissimuler les victimes. le projet suit son cours, j’ai monté une association pour qu’il y ait une structure au delà des mots et du projet. Le but de mon asso est de faire le lien entre les victimes et les associations qui pourront les aider, car souvent on ne sait pas où s’adresser. Autre but, aider les victimes à se préparer au dépot de plainte et à tout ce qui suivra, car les dépôts de plaintes eux memes sont très durs. S’il y a des gens qui s’y intéressent, voici le blog de l’association : http://victimesplusjamaishonte.spaces.msn.com/ Il y a quelques articles sur Internet, notamment http://www.animafac.net/article.php3?id_article=1402 qui raconte l’histoire du projet. Sortir de l’ombre et briser le silence, voilà la devise de Victimes, plus jamais honte.

C’est ma réponse au silence des médias. C’est ma réponse à la suffisance et à l’insolence des violeurs. C’est ma réponse à l’appel de souffrance de nos soeurs, de nos mères, de nos amies. Et pour réagir au « quels tabous à briser pour que les victimes ne se sentent plus coupables ? », je dirais que la culpabilité des femmes victimes s’établit socialement dès le plus jeune age, face au patriarcat et aux représentations sociales conscientes et/ou inconscientes - dans d’autres contrés, de nos jours (mais chez nous il y a encore pas si longtemps), une femme violée n’est qu’un déshonneur pour sa famille et non une victime. C’est contre ça que je m’élève - meme si je fatigue car une procédure judiciaire ce n’est pas une partie de plaisir : un violeur peut être tranquillement entrain de picoler avec ses potes après son crime alors que sa victime va se terrer, souffrir ; le violeur se sentira pas forcément mal, la victime aura honte, alors que c’est bien le violeur qui est coupable tant légalement que socialement.


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