[L’attaque contre les obligations françaises au lendemain de
l’élection de François Hollande n’a pas eu lieu. C’est une situation
inverse qui semble se présenter.]
" La France a emprunté lundi 9 juillet à des taux négatifs pour des obligations à 3 et 6 mois,
ce qui signifie que les investisseurs paient le gouvernement pour lui
prêter de l’argent. Une situation qui représente une fuite des
investisseurs des titres espagnols et italiens pour des obligations de
meilleures qualités. Mais comme l’a prouvé la crise des subprimes de
2007, tout peut changer du jour au lendemain.
Tout krach, que ce soit boursier, monétaire ou obligataire, est précédé
d’une embellie des titres concernés. Au début des années 90, juste
avant l’effondrement du serpent monétaire européen, les marchés
s’étaient mis à privilégier la lire italienne. Non que l’économie
italienne fût à l’abri de tout danger, mais les marchés préféraient
acheter des obligations italiennes plutôt que celles de pays à plus haut
risque, tels le Portugal, la Grèce ou l’Irlande. Cela n’empêcha pas
l’Italie de se faire attaquer à son tour, amenant à la dégringolade de
la lire qui – avec celle de la livre sterling – culmina dans la mort du
serpent.
Aujourd’hui, la France se trouve, dans le marché des obligations, dans
une situation qui rappelle celle de l’Italie dans le marché des monnaies
à l’époque de la crise du serpent monétaire européen. Pour le moment,
les marchés achètent des obligations françaises pour deux raisons :
d’abord parce que, contrairement à l’Espagne et à l’Italie, la France
n’est pas en récession ; ensuite, parce que les marchés donnent au
gouvernement français le temps de tenir son engagement de réduire le
déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013. Mais c’est justement cette
double situation, avantageuse pour la France, qui pourrait soudain voler
en éclats.
Une série d’études tendent en effet à prouver que, pour réduire le
déficit budgétaire, la hausse d’impôts a des effets plus négatifs sur
l’économie d’un pays que la baisse des dépenses publiques. Or la hausse d’impôts est la voie choisie par la France pour réduire son déficit.
Qu’arrivera-t-il si le ralentissement de l’économie française, avec la
baisse des recettes fiscales que cela implique, met les objectifs pour
2013 hors de portée ? Le gouvernement persistera-t-il sur la voie de la
hausse des prélèvements, ce qui l’amènera à plomber davantage encore la
compétitivité et l’économie de la France ? Ou se décidera-t-il à tailler
massivement dans les dépenses publiques, au risque de mettre les
syndicats et les mouvements de gauche dans la rue ?
Confronté à ce choix cornélien, les autorités françaises pourraient
sortir de leur poche une solution de rechange, que voici : décider de
ralentir la résorption du déficit budgétaire en mettant la réduction de
celui-ci à 3% du PIB pour après 2013. Le fait que le ministre de
l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici, se soit empressé de se
réjouir du délai supplémentaire accordé par Bruxelles à la résorption du
déficit espagnol, montre qu’une telle idée fait son chemin à l’Élysée
et Matignon. Forte du précédent espagnol, la France pourrait se croire
en mesure de s’accorder, le moment venu, un délai plus long pour
atteindre les objectifs initialement fixés pour 2013. C’est alors que,
percevant le spectre d’une récession et les promesses de réduction de
déficit budgétaire non tenues dans le temps, les marchés pourraient
sévèrement attaquer les obligations de l’État français, réclamant des
taux d’intérêt étouffants. Voilà donc, malgré les taux d’emprunts
négatifs d’aujourd’hui, le scénario d’un futur krach obligataire
français."
J’aurais bien posté le présent complément en « commentaire » à mon article précédent, mais les commentaires sur Agoravox sont plus que trash, colonisés par une petite bande de bavards sans intérêt qui étalent leur suffisance et leur ignorance aux frais des auteurs. Je vous invite à ne jamais y mettre le pied. Quand je le fais, c’est uniquement pour essayer d’éviter les abus.
Le site aurait beaucoup à gagner à se débarrasser de cette boue infâme.
MALTAGLIATI