un avis éclairé ici
Certaines de ces incohérences du récit officiel concernent l’assaut du RAID.
- Pourquoi le chef du RAID, Amaury de Hauteclocque, a-t-il soutenu tout de suite après l’assaut que des armes « non létales » avaient été utilisées par la police, ce qui est manifestement faux ?
- Comment Merah, au cours de la nuit du siège, a-t-il réussi à sortir plus de six heures de son appartement assiégé ? Et quel programme pour sa soirée ! Vers 20 heures, il rend visite à une amie, pour lui déposer deux sacs de sport, dans lesquels les enquêteurs découvrent ensuite une caméra et une paire de menottes. Vers minuit, il passe quatre appels d’une cabine, à Al Jazeera, BFM et I>télé, sans succès, puis il joint France 24. Il aurait ensuite regagné son domicile vers 2h 30. Comment (et aussi pourquoi) a-t-il sagement regagné son appartement assiégé, sans se faire intercepter par la police ? Il faut réécouter le récit de cette escapade nocturne sur notre plateau par Eric Pelletier, deL’Express, pourtant peu critique de l’action policière, pour prendre la mesure des incohérences.
- Pour troublantes qu’elles soient, ces extravagances restent quasi anecdotiques, au regard de la zone d’ombre la plus troublante : les relations entre Merah et la DCRI, avant les meurtres. Quelle était exactement la nature de ses rapports avec le fameux « Hassan », fonctionnaire de la DCRI avec qui on l’entend négocier, et qu’il avait rencontré au moins une fois auparavant ? Sur ce point, les enregistrements semblent, je dis bien semblent, de nature à dissiper le soupçon d’instrumentalisation de Merah par la DCRI. A plusieurs reprises, sous différentes formes, on y entend Merah railler le ratage de la DCRI, qui n’a pas correctement évalué sa dangerosité.
OK. Mais à supposer que ce soient des fonctionnaires de la DCRI, détenteurs de l’enregistrement, qui l’aient laissé fuiter à TF1, et l’aient ensuite laissé consulter par les journalistes du Monde et de Libé (les deux journaux ont affirmé y avoir eu accès, et en ont publié des extraits) il serait alors logique que les auteurs de la fuite n’aient dévoilé que les extraits dédouanant le service de tout soupçon d’avoir, si peu que ce soit, manipulé Mérah, ou même d’avoir tenté de l’utiliser comme indic. Dédouanement d’autant plus nécessaire, que l’on ne cesse de mettre en avant de nouveaux détails plus ou moins probants sur les relations entre Merah et la DCRI. Aujourd’hui même, ce sont Pontaut et Pelletier, de L’Express, qui dévoilent de nouveaux appels téléphoniques (dont ils n’avaient pas fait mention dans leur livre) ; concurrence oblige, les mêmes informations sont publiées au même moment sur le site du Point.
et mieux encore :
Essayons de garder la tête froide. Plutôt que celle d’une manipulation de Mérah par la police pour, disons les choses clairement, créer un climat d’insécurité, et peser sur la campagne, l’hypothèse d’une succession d’incompétences et de dysfonctionnements reste la plus vraisemblable. Mais aussi longtemps que la lumière ne sera pas faite sur ces dysfonctionnements, prospéreront sur Internet des versions complotistes plus délirantes les unes que les autres.
En avril, la commission sénatoriale pour le contrôle de l’application des lois avait demandé d’interroger les chefs de la DGSE et de la DCRI sur l’affaire Merah. Cette audition avait été bloquée par les ministres d’alors, Gérard Longuet et Claude Guéant. Les ministres ont changé. Les directeurs de la DGSE et de la DCRI ont changé. Les sénateurs demandeurs sont toujours là. Qu’attendent-ils ?