Les défauts de notre Justice ne proviennent ou ne sont que les avatars de notre psychologie en ce qu’elle a de fonds culturel.
Il n’est pas possible, dans un pays où les gens baignent dans une culture tout en princesse victime, méchant dragon et brave héros de les amener à penser en dehors des sommets de ce triangle. Ici chacun doit se trouver à un des sommets, ailleurs on ne saurait plus le définir.
Le Justice fait souvent intervenir beaucoup de monde à commencer par les voisins, les flics, les témoins, puis les JI, JL, Proc, les avocats, puis les gardiens de prison, puis les autres prisonniers, etc. Les souffrances qu’a subies Sheicher résultent de la psychologie à trois sommets de toute la population.
Il est de bonne logique progressiste de vouloir qu’un justiciable soit traité avec équilibre, ce qui revient au fond à ce qu’il puisse exposer et faire considérer toutes les positions non forcément sommitales qu’il a eues dans sa vie ou lors de l’évènement jugé. Il est donc de bonne logique progressiste de vouloir que la Justice échappe à la triangulation mais il faudrait déjà que les lois y échappassent et il faudrait que dès notre enfance, nous apprenions à voir que chez chaque princesse, chaque dragon et chaque héros, il y a bien plus qu’une seule position sur un des sommets de ce triangle infernal.
Les individus, l’abbé Pierre et Mère Theresa compris, Hitler compris, Voltaire compris, Mitterrand et De Gaulle compris, ont occupé des positions diverses autour du centre de ce triangle souligné par les schématistes. Au global de leur vie, le dessin de l’ensemble de leurs positions tenait bien plus de la patate que d’une pointe. Cette patate fait rire.
La position patatoïde n’est pas favorable à la dialectique, pas à la rhétorique, pas à la science sinon celle des hautes mathématiques où peu de gens osent aller. Le cursus total d’une vie ou même considéré en seulement la journée du crime, étant de forme patatoïde, elle ne peut ni être expliquée avec des mots et des expressions toutes taillées au triangle, ni être entendu avec des oreilles triangulaires, ni entrer dans un jugement équilatéral.
Pour qu’une patate puisse entrer dans un moule triangulaire, il faut forcer dessus et la tailler en pièces.
Au triangle de base qui nous sert de modèle dans ce coin du Monde,
il s’ajoute un quatrième sommet. Celui de la Justice.
Car dans l’Histoire de la princesse, du dragon et du héros, il y a un quatrième personnage qui n’est pas mentionné mais c’est lui qui raconte l’histoire, c’est lui qui juge les protagonistes et les range dans une des trois pointes.
Dans le Livre, il y a trois personnages mais le Livre en est un.
Compte tenu de la présence essentielle de ce quatrième sommet, c’est à travers une grille à frites que la patate est forcée.
Par ici, que donne-t-on aux bébés pour leur former l’esprit ? Des cubes.
Alors qu’ils sont ronds, tout leur environnement est cubique.
Rationalisation par la coupe au carré.
L’art était censé offrir une voie permettant de tout représenter librement. Mais il n’y a que dans l’art pariétal et primitif que les représentations sont patatoïdes sur la forme et sur le fond. En se civilisant, à la suite de l’homme de Vitruve, on a taillé en cubes même les arbres et on en est venu à dire qu’on pouvait tout représenter rien qu’avec une règle et un compas, telle était la vocation de l’art déco.
Mac Do avait sacrifié énormément au rationalisme en acceptant de perdre de la place de rangement en préférant le rond au carré. Mais ça reste tout de même un rond parfait.
La patate, en sa forme naturelle est totalement irrationnelle et nous ne la consommons que taillée en pièces.
Dans notre culture, uniquement parce que la Justice peut décider jusqu’à la mise à mort ou la torture d’individus, elle doit offrir une image très sûre. Ici, son allure ne doit en rien faire penser à une patate.
Alors oeuf ou poule, chacun de nous s’efforce d’avoir des comportements caractérisés. Chacun de nous joue au jeu des cubes en s’efforçant de ne montrer de lui qu’une seule face. >El le meilleur moyen pour que n’apparaisse de soi plus qu’une seule face, c’est de s’accoler à d’autres cubistes jouant la même face.
Mettez des patates des unes à côté des autres, elles donnent à voir que chacune peut pivoter et faire voir autre partie d’elle.
Mettez des cubes les uns à côté des autres et vous n’aurez plus que la vision d’un plan, ou d’un mur si vous disposez de recul, chaque cube étant dans l’impossibilité de se retourner.
Il est donc dans cette logique cubiste que les patates se retrouvent enfermées dans des pièces cubiques, aussi bien dans leur vie dite libre que dans leur cellule où ce trait de civilisation est encore plus frappant. Merci Mani, merci Cicéron, merci Da Vinci, merci Le Nôtre, merci Le Corbusier.
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