Oui, instruire est un risque, le risque de déstabiliser la société. Mais c’est un point essentiel de la démocratie si ce mot à un sens.
Cela dit, je ne pense pas que la grand’messe organisée par Peillon soit de mettre l’instruction au centre de l’école.
Cela reviendrait à remettre en question la politique scolaire de ces trente dernières années dont le PS a une lourde part de responsabilité.
Et le discours de Peillon sur la morale laïque montre que ce que le ministre appelle refondation n’est que la mise en place d’un ordre moral. Ce qui sépare la droite de la gauche, c’est que les catéchismes sont différents, mais chacun défend son catéchisme. Alors que le retour à l’instruction rappellerait que le catéchisme, quel qu’il soit, n’a pas sa place dans l’école.
Il ne faut pas oublier le rôle ambigu de l’école, à la fois lieu d’adaptation des nouvelles générations à la société (et en cela proche de ce qu’Althusser appelait "appareil idéologique d’Etat") et lieu d’émancipation comme le propose Condorcet. Oublier l’aspect « appareil idéologique d’Etat » peut apparaître comme de l’angélisme, mais oublier le rôle émancipateur de l’instruction est une forme de démission.
rudolf bkouche, membre du GRIP, professeur émérite à l’Université Lille 1
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