J’admire la détermination de Romain Desbois qui se retrouve être le seul à réagir en célinien.
Pour changer d’horizon tant celui de la Marne nous hystérise et en écho à ce qu’avait relevé Médi sur un autre topique
« »« Et de cela, de ce sadisme essentiellement nécessaire, »Orwell« ou Huxley en parlent peu. C’est un peu comme ce que Girard énonce, à savoir que les écrivains ont de l’avance sur les anthropologues et les psychanalystes pour ce qui touche à l’humain. Maintenant ce sont les cinéastes qui ont de l’avance sur les écrivains ! »« »«
je cite le film »Hara kiri : Mort d’un samourai" où l’auteur met en balance l’honneur du guerrier et sa miséricorde.
La balance, l’équilibre, la pondération, c’est au fond ce que nous espérons de chacun lorsque nous nous retrouvons sous son autorité, sa domination, sa force, son pouvoir.
Et la présence de Romain Desbois sauve ici ce principe. Sans lui, pas de balance, tout pour un seul plateau.
Romain seul, ici, ça ne le ferait pas. Mais Juluch seul, ici, ça ne le ferait pas non plus.
Moi, c’est la guerre du Vietnam que j’ai vécue mais toutes les guerres hantent mon esprit, dont celle de 14-18 et des gueules cassées j’en ai vu deux. J’avais été très intéressé par la médecine de guerre, de celle de Dunant à la chirurgie réparatrice de 14-18 et je trouve que les gougouttes en silicone en sont des avatars. (je n’ai pas de doute que dans deux siècles, nous serons nos smarphones, donc à la fois synhétiques, très petits et partout à la fois, immortels)
Je comprends parfaitement qu’un chef de guerre, qu’un Mangin, qu’un shogun, qu’un Bigeard, ne puisse que tenir un discours ultra. C’est injouable de tenir des soldats sans ce jusqu’au boutisme, sans cette folie. Un général ne peut que tenir des discours ultra guerriers, absolument sacrificiels.
Il doit aussi, quand se présentent des cas particuliers, faire exemple de manière ultra. Donc se montrer dur envers les déserteurs ou objecteurs de conscience.
Mais jusqu’à une certaine limite.
Il faut qu’il y ait un moment où il doit lâcher prise et reculer de son absolutisme, sinon il est fou. Aussi volontaire soit-il à sa propre mort, il est fou à lier s’il ne cède jamais.
Quel est ce moment, ce cas de figure où le chef doit baisser son bras et se montrer compatissant ?
C’est à lui d’en juger.
Ce doit être une affaire personnelle. Il vaut mieux pour chacun de nous d’avoir l’impression que nous avons tous une conscience propre, une éthique individuelle et qu’elle nous incite à lâcher prise à un certain moment. A découvrir alors ce moment.
Surprise.
Ce doit être une surprise.
Ce seuil du lâcher prise ne doit pas être normalisé. C’est en restant une affaire individuelle, identitaire, personnelle que nous avons l’impression d’être restés humains au sens de la générosité envers la vie, au sens de la générosité à épargner la vie de celui qu’on tient sous notre lame ou au bout de notre corde (que ce soit en contexte de bataille ou en contexte judiciaire)
Ça fait qu’au bilan, ce qui compte pour moi, pour ne pas en devenir fou devant le spectacle de la guerre, c’est de voir qu’il y a des gens d’avis, d’éthique, de limites, de seuils différents. Je veux bien partir au combat avec des Juluch mais à condition qu’il y ait aussi des Romain Desbois.
J’aimerais autant qu’il y en ait moit-moit et dans chaque camp.
Mais je préfère nettement toutes les relations les plus dyades ou binomiales possibles.
A deux, en face à face, c’est mieux.
J’aime bien les duels à l’épée, avec l’honneur placé sur le principe du premier sang (qui suppose donc clairement qu’il n’est pas fou, qu’il inclut l’épargne de la vie)
Et le cas du duel entre Cuevas et Lifar.
Premier temps, ils s’escriment, l’un blesse l’autre, le combat cesse
Le lendemain, ils pleurent dans les bras l’un de l’autre.
Ce qui est possible entre deux personnes devrait nous servir de modèle pour établir nos concepts de masse. Nous devrions concevoir nos sociétés en copiant au plus près ce qui se passe entre deux personnes. Or ce n’est pas ce qui se passe. Nous avons conçu des sociétés qui agissent de manière très différente alors nous les trouvons cruelles. Mais elles sont tant d’autorités, tant de valeurs sont brandies par elles que nous les adoptons de manière individuelle.
La société a une mentalité qui n’est pas celle d’un individu en face d’un individu. La société n’est plus que face à elle-même. Elle ne croit qu’en elle, se suffit à elle-même. Elle est folle de narcissisme. Et nous, les individus, nous l’imitons tant elle a d’Autorités et de Pouvoirs.
Fascinés par la société, nous calquons notre mentalité sur elle et lui ressemblons de plus en plus, au fil de notre adolescence. Nous ne lui ressemblons pas en termes d’objectifs, nous sommes même souvent opposés à ses choix mais nous lui ressemblons dans l’absolutisme, nous devenons durs, nous ne montrons pas nos limites, nous ne montrons pas que nous avons un seuil au-delà duquel nous renonçons. Nous nous montrons individuellement trop ultras, trop jusqu’au boutistes ; alors que nous ne sommes pas des généraux, pas même des sergents.
(Tristane Banon est un exemple qui illustre mon propos, mais Françoise Bettancourt pareil, Delarue pareil, Sheila pareil...Et Samantha Geimer est un parfait contre exemple en son affaire contre Polanski)
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