Un bon article mais qui requiert une sensibilisation au problème et un niveau de compréhension élevé d’autant plus que l’enchaînement des arguments ne suit pas un plan classique.

L’Etat a-t-il réellement confisqué l’image de marque de l’humanitaire ? je ne le pense pas. Il a mis en oeuvre, souvent sur la demande d’associations, des campagnes d’information et de prévention à destination des personnes exposées ou vulnérables. Aujourd’hui, une victime d’abus sexuels se fait représenter l’agression dans toute sa gravité. Nous ne sommes plus dans le tabou ou la banalisation antérieures et la victime peut décompenser certes. Mais il fallait passer par cette étape pour réformer les moeurs sur ce point. La plus grande sévérité de la justice et la formation des acteurs de terrain (hôpitaux, travailleurs sociaux, policiers etc.) ont aussi contribué à la lutte contre la pédophilie. Des fonds d’aide aux victimes se développent, l’accompagnement psychologique des traumatissmes aussi. L’Etat agit de même dans le cadre de la violence faite aux femmes. La télévision et l’image de manière générale constituent d’excellents supports. (moins en matière de prévention routière ou le radar est plus persuasif : mais ici l’image sauve des vies !).

L’image a-t-elle remplacé l’écrit ? Oui en partie. Mais le langage écrit n’était qu’un outil faute de mieux. L’invention de la photographie permet une autre communication. Il paraît que la plus grande part de la communication est non verbale et que l’expression, la voix, le corps, en disent plus que les mots. Donc l’image ici est plus performante et dit parfois plus que les mots, nous laisse sans voix.

Mais il est vrai que l’Etat, la société et les medias pourraient progresser en maturité dans le traitement de la situation des victimes et de la médiatisation de leur sort. La surmédiatisation est un mal qui s’ajoute au mal dénoncé. L’Etat doit aussi progresser sur le plan préventif et ne doit pas intervenir pour le seul traitement (parfois opportuniste) du mal.