Sélection/article Nucléaire : Israël menace le Proche-Orient

MANLIO DINUCCI

Paru le Lundi 08 Avril 2002

. Deux sous-marins israéliens dotés de missiles nucléaires patrouillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans les eaux de la Méditerranée de la mer Rouge et du Golfe persique. L`Etat hébreu le seul possédant des armements nucléaires au Proche-Orient tient un pistolet avec une balle nucléaire dans le canon pointé sur la tête des pays arabes. Mais personne ne dit rien.

« Deux patrouilles d`avions bombardiers israéliens armés d`ogives nucléaires chauffent leurs moteurs en état d`alerte à l`aéroport de al-Jahal. Ils sont prêts à attaquer les bases syriennes. » La nouvelle qui a été annoncée ces derniers jours par le très sérieux quotidien saoudien Al Watan paraît tout à fait crédible. Comme en 1991 durant la guerre du Golfe il est fort probable qu`Israël ait déployé sa force de frappe nucléaire dans la région. L`Etat hébreu possède 200 à 400 armes nucléaires - de type thermonucléaires à grande puissance ou « armes stratégiques » de puissance inférieure - parmi lesquelles figurent très probablement des bombes au neutron. Celles-ci provoquent une contamination radioactive moins importante dans les zones bombardées de manière à pouvoir ensuite les occuper mais diffusent des radiations mortelles pour l`homme. Israël possède également des missiles traditionnels et de croisière ainsi que des avions susceptibles de transporter des armes nucléaires. Parmi ceux-ci se trouvent environ cent cinquante F-16 livrés par les Etats-Unis. Ces avions sont armés de missiles sol-air de type Popeye dotés d`ogives nucléaires ou traditionnelles qui sont en mesure de détruire les bunkers des centres de commande ennemis.

CADEAU ALLEMAND Racheté à l`aviation étasunienne le système Popeye a été précédemment utilisé en ne faisant cependant usage que d`ogives conventionnelles en ex-Yougoslavie et en Afghanistan. Il a pu être produit testé et amélioré grâce à un programme militaire conjoint israélo-étasunien. Une deuxième version de ce missile nucléaire le Popeye Turbo a été installée dans les trois sous-marins Dolphin qui ont été construits par la marine israélienne dans les chantiers navals allemands. Israël a financé la construction d`un des trois bâtiments pour la coquette somme de 320 millions de dollars les deux autres lui ayant été offerts par l`Allemagne qui par ailleurs s`est également occupée d`entraîner l`équipage. L`Etat hébreu peut ainsi patrouiller les eaux de la Méditerranée de la mer Rouge et du Golfe persique vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec deux sous-marins dotés de missiles nucléaires. Cela signifie que ce pays le seul possédant des armements nucléaires au Proche-Orient tient un pistolet avec une balle nucléaire dans le canon pointé sur la tête des pays arabes. Mais personne ne dit rien.

POSITION STRATÉGIQUE Et pourtant il s`agit d`un aspect central de la dramatique situation que le monde est en train de vivre : Israël menace de frapper avec des armes nucléaires tous ceux qui tenteraient d`arrêter son gouvernement dans la nouvelle phase d`occupation des territoires palestiniens. Les Etats-Unis sont les seuls à pouvoir s`opposer à cette menace sans craindre de rétorsions. Ils pourraient à cet effet couper le robinet du soutien économique et militaire qu`ils accordent à Israël. Mais pourquoi devraient-ils le faire étant donné que la position d`Israël dans la région est pour eux plus importante qu`avant depuis que l`opération « Liberté durable » a été lancée ? Il ne faut alors pas s`étonner que le secrétaire d`Etat Colin Powell - que George W. Bush a décidé de dépêcher au Moyen-Orient « pour les travaux finis » - ait reconnu avant son départ « le droit du Gouvernement israélien de répondre aux actes terroristes et de décider quelles actions correspondent au mieux aux intérêts du peuple israélien ». Immédiatement après le secrétaire à la défense accusait la Syrie l`Iran et l`Irak d`armer et financer les « terroristes » palestiniens. Le discours de George W. Bush contre l`occupation israélienne et sa reconnaissance d`une future Palestine tranchent avec l`attitude qu`avait adoptée son administration il y a à peine quelques jours. Mais le président des Etats-Unis s`en est également pris à Yasser Arafat. La majorité des Palestiniens craignent que le ton employé par Georges W. Bush contre le chef de l`Autorité palestinienne ne puisse servir d`argument à Ariel Sharon pour « terminer ce qu`Israël a commencé ».

Adaptation : Fabio Lo Verso.

Le nucléaire israëlien est normal !!!