Ce commentaire a pour objet de remplacer, en le complétant, l’article introductif auquel il s’applique.
La Terre était peuplée
d’environ 250 millions d’êtres humains, à l’aube de notre ère. Au
début du second millénaire, cette population compte 7 milliards
d’habitants, dont 1,2 à 1,4 milliard vivent dans un état de
pauvreté profonde. L’homme, et le progrès dont il est l’auteur, ont
ainsi créé, en 20 siècles, 5 fois plus de miséreux qu’il n’y
avait d’habitants de toutes conditions sur terre, à une époque qui
peut être considérée comme le début de son entreprise de
civilisation à l’échelle planétaire.
Les objections ne manqueront pas, à commencer par le reproche de voir la bouteille en partie vide plutôt qu’en partie pleine et de faire ainsi preuve d’un pessimisme exagéré. À supposer que tous les hommes aient été pauvres au début de notre ère, ce qui ne saurait être le cas du simple fait de le relativité de la pauvreté – comme de la richesse bien entendu –, alors que le nombre de ces pauvres a été multiplié seulement par 4 à 5, celui de la population totale l’a été par 28. Voici effectivement de quoi dédramatiser l’augmentation du nombre de pauvres. D’autant que le même raisonnement conduit, en supposant qu’il n’y ait eu que des non pauvres au début de notre ère – ce qui ne saurait davantage être le cas que le contraire – le nombre en est passé, par différence, de : 250 millions à 7 milliards - 1.4 milliards = 5.6 milliards, soit une multiplication par 22.4, d’où raison supplémentaire de se réjouir. Mais dans un cas comme dans l’autre, ce qui nous intéresse ici est la pauvreté et sa progression en nombre ; au net de toute relativisation. Ce qui est important et prioritaire n’est pas de savoir si la civilisation a créé plus de riches que de pauvres mais de savoir quels ont été ses effets sur la pauvreté. Quand bien même il n’existerait qu’une poignée de miséreux sur terre, c’est leur sort qui nous intéresse et non celui des heureux élus qui ont le bonheur d’y échapper. Or l’observation est indiscutable : le nombre de pauvres profonds a augmenté de un milliard et demi en vingt siècles, si nous ne chipotons pas sur quelques dizaines de millions.
Quant à savoir si cette variation a connu des fluctuations ; quels en ont été les pics ou les baisses, il s’agit d’autres aspects de la question. Il suffit de réaliser qu’à un moment donné de l’histoire des hommes – en l’an 2000 – le nombre d’êtres humains atteints de misère profonde est inacceptable, même s’il est communément admis qu’il ne représente que 14% de la population totale de la planète, certains prétendant que la réalité est bien supérieure
Et la population augmente de nos jours, quotidiennement, de 220 à 250 000 individus.
Face à ce constat, s’il est possible de penser que l’accroissement de la population est porteuse de progrès, il est aussi permis d’imaginer qu’il peut avoir d’autres effets ? Mais n’est-il pas surprenant que personne n’en parle en termes de démographie ? Ne devons-nous pas, tous autant que nous sommes, ouvrir les yeux et en débattre sérieusement si nous voulons véritablement, sincèrement, offrir avec lucidité et pragmatisme quelques chances aux plus malheureux d’entre nous de voir s’améliorer durablement leur sort et surtout celui de leur descendance ?
Apprécier, sans se poser en juge, la mesure dans laquelle leur nombre influence le sort des hommes, tel est le sujet. Car s’il est possible aux individus qui bénéficient d’un confort matériel évident de se livrer avec un certain recul à une telle réflexion, tout se passe dans l’opacité d’une misère aggravée par une démographie galopante pour les autres. Les nantis faisant par ailleurs cette opinion qui dénonce la pauvreté, n’est-il pas utile d’y réfléchir, spécialement à l’époque où la population du globe a franchi le cap des 7 milliards ? Nul doute que ce soit d’autant plus indiqué que cette dénonciation repose sur des critères d’évaluation contestables – et contestés – et qu’elle semble ignorer, quand ce n’est pas nier, le rapport pouvant exister avec l’accroissement du nombre d’êtres humains qu’elle frappe.
Soulevant davantage de questions qu’ayant la prétention d’apporter de réponses, ce qui suit émane d’un profane, selon le terme servant aussi bien aux scientifiques qu’aux religieux à désigner ceux qui n’appartiennent pas à leurs communautés. Néanmoins curieux de sociologie et interpellé par une misère omniprésente que la démographie entretient sans vergogne au vu et au su de tous, Candide voudrait partager les sentiments que lui inspire le croisement de ces deux disciplines. Son ambition de partage et de vulgarisation d’idées touchant à ce qu’il considère comme l’aspect fondamental de la vie en société et de ses difficultés, pourrait-elle lui être reprochée ?
Les évidences auxquelles sa réflexion renvoie, constituent en tout cas les postulats d’un équilibrage dont la société moderne a le plus grand besoin :
- La richesse et la pauvreté sont relatives et existent l’une par l’autre.
- La structure pyramidale de la société humaine est non seulement inéluctable mais incontournablement assortie de sa distance – variable il est vrai – entre sa base, la pauvreté et son sommet
- Si la richesse n’a pas de limites, la misère a la sienne, qui est le fondement même de la condition humaine, là où elle est le plus concernée par la démographie ; là où, absolue, elle peut descendre au niveau zéro, au-dessous duquel règne l’inexistence sociale.
- Contrairement à l’idée encore plus fausse que généralement admise, réduire la richesse globale aggrave la pauvreté et réciproquement, sans pour autant faire bénéficier du partage qui pourrait en résulter ceux qui en ont le plus besoin. Il faut pour le moins s’en rendre compte.
Agnostique et apolitique, la simple observation d’une réalité démographique, mise en relation avec les inégalités sociales, laisse à chacun la liberté d’en prendre la part qu’il jugera compatible avec ses propres convictions, aussi bien religieuses que politiques.
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