Il ne s’agit pas de s’accrocher à des dogmes mais de proposer un cadre politique et de le rendre crédible par des mesures concrètes. Que le NPA ait échoué pour l’instant dans cette entreprise est une chose, que ce qu’il propose se résume à la perpétuation de dogmes est, me semble-t-il, aller vite en besogne : le travail de contestation politique du capitalisme implique que l’on tâtonne, que l’on « se plante », que l’on rectifie, etc. Le déséquilibre des forces, vous le reconnaissez d’ailleurs, est énorme : les détenteurs de capitaux ont en main l’essentiel des cartes et en jouent à leur avantage. Ce n’est pas faire du complotisme que de dire cela : c’est constater que ce que l’on appelle l’air du temps « travaille » pour le capital. Que ce soit par les solutions qui sont présentées comme les seules crédibles (le libéralisme via le PS ou l’UMP) ou par simplement en diffusant le sentiment d’impuissance ou d’échec qui mine les chercheurs d’alternative. C’est pour cela qu’il est particulièrement contre-productif, si du moins on opte pour combattre cette société inégalitaire, de parler sans plus de précisions de dogmes : dire « tout ce qui est un rapprochement avec le PS participe d’un affaiblissement de la pensée stratégique d’alternative antilibérale ou anticapitaliste » n’est pas un dogme mais une proposition politique étayée par des faits et mise en forme argumentée. Je ne parle pas de preuves, il n’y en a pas vraiment en politique. Il s’agit de confrontation argumentée de points de vue, soyons modestes.
Les choix écosocialistes du NPA sont par ailleurs le signe de quelque chose de relativement nouveau pour ce qui, d’une manière ou d’une autre, s’inscrit dans le sillage de la LCR tout en ne se résumant pas à celle-ci. Lisez les textes de Daniel Tanuro (en vidéo ici et ici) qui, à l’échelle internationale (il est belge), participe des choix du NPA : il y a un vrai travail de relecture critique, mais sans démagogie « air du temps », de Marx au miroir de l’écologie. Et il y aurait mille autres exemples qui indiquent qu’il vaut mieux cibler des points précis au lieu d’en rester à des généralités, un peu faciles, sur les dogmes de tel ou tel qui souvent ne le sont (des dogmes) que parce qu’ils ne sont pas vraiment...pensés ! Sans vouloir vous vexer.
Quant à Mélenchon et à sa proposition d’être premier ministre de Hollande, il est bon de rappeler qu’il y a eu des précédents d’ouverture vers les socialistes prétendument...de gauche et que cela forme une cohérence. Cela a donné par exemple en octobre 2011 ce retournement vertigineux qui l’a amené à créditer Montebourg pendant les primaires d’être autonome vis-à-vis des Hollande, Aubry, etc. avant de devoir, piteux, reconnaître, deux jours après, que ce n’était pas tout à fait cela : "Montebourg ne leur [= Aubry et Hollande] fait pas davantage de cadeaux après qu’avant. Un communiqué a clos les rumeurs qui le disaient prêt à soutenir François Hollande. Il reste donc autonome et indépendant. [...] Montebourg est sorti du rôle de gauche d’appoint à la direction du PS. Il a donc élargit l’espace de la gauche dans l’opinion.« puis : »Montebourg un temps a relevé le gant. A présent la vie du PS reprend, avec sa grisaille et son eau tiède, ses batailles d’organigramme de campagne et ses luttes de places au futur gouvernement. [...] Les dernières heures de la primaire socialiste ont failli me jouer un mauvais tour." (Mélenchon et Montebourg, dérapage mal contrôlé). Mais ce n’est pas tout, en janvier 2012 le voilà qui fait les yeux doux à...Chevènement. Apprenant que celui-ci se désistait pour la présidentielle, notre fringant champion du Front de gauche déclare sans gants « « Ce serait un honneur de l’avoir avec nous. » ». Et tant pis si ce personnage incarne ce que la gauche peut faire de plus réactionnaire en matière d’immigration (Valls est son fils « spirituel », guillemets de rigueur !) : pour plus de renseignements sur ce dérapage chevènementiste de JLM : Chevènement renonce, Mélenchon et Hollande lui font les yeux doux
Tout ceci pourrait faire apparaître Mélenchon comme un homme sans...dogmes. Or cette apparente qualité cache souvent un gros travers politicien : l’opportunisme qui, à sa façon, s’ancre dans un beau dogme (il faut savoir être souple !). Et qui permet, par-delà les grands moulinets radicalement antilibéraux, de perpétuer le capitalisme !
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