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Christian Labrune Christian Labrune 26 janvier 2013 00:22

Que de naïvetés dans un tel débat ! Quand j’étais à l’école primaire, dans les années qui ont suivi la guerre, les manuels d’histoire de la troisième république étaient encore en usage, avec leurs images édifiantes de style Epinal et leur espèce de catéchisme républicain. La doxa en était à peu près la suivante : avant la Révolution française, c’était encore l’affreux ancien régime, l’esclavage des peuples et la tyrannie monarchique, l’arbitraire et la violence, la plupart des Français menacés de se retrouver du jour au lendemain pendus, ou emprisonnés sur lettre de cachet.

Enfin, on prit la Bastille ! On préférait évidemment ne pas nous dire que les doigts des deux mains suffisaient pour en compter les prisonniers ! Les Français, pour reprendre un mot sublime de Jack Lang lorsque son camarade à la francisque monta sur le trône, « sortaient des ténèbres et entraient dans la lumière ». On ne fait décidément que cela, en France, d’entrer dans la lumière.

Que reste-t-il de la révolution ? Quelques journées de générosité exaltée après la réunion des Etats Généraux, les droits de l’homme, Quelques batailles héroïques des soldats de l’an II, et quoi d’autre ? L’ignoble terreur, les massacres de la Vendée, le sordide Thermidor. Et après cela, l’empire abject d’un petit malfrat corse, l’imbécile et odieuse restauration, la très minable monarchie bourgeoise de juillet. Et rien pour finir, plus de deux siècles plus tard, qui ressemble plus au régime de Louis-Philippe que le règne commençant du Président-citoyen Normal Ier.

La révolution française n’est absolument pas l’événement exceptionnel et grandiose qu’on a voulu fourrer de force dans la tronche de plusieurs générations de pauvres bougres condamnés à finir leurs études au certificat primaire. C’est un moment de l’histoire comme la plupart des autres et qui, comme beaucoup d’autres, donne la nausée quand on le regarde d’assez près. Michelet n’était pas un ennemi de la révolution française, il est de ceux qui ont forgé le mythe, mais qu’on relise les pages qu’il consacre aux massacres de septembre et qu’on me dise s’il y a là quelque chose de bien exaltant. 

De Robespierre et de quelques autres dans un temps qui produisit plus de canailles qu’aucun autre, on se fout complètement. Cette espèce de puceau exalté, ce doctrinaire gonflé de rousseauisme, cet imbécile inventeur d’un culte de l’Etre suprême vaut bien tous nos modernes djihadistes. On a là l’exemple même du politicien malfaisant capable de susciter le fanatisme des connards que chatouille cette exigence de pureté qui est le comme le pus toujours suintant de tous les monothéismes.

A Saint-Denis, au fond d’un minable jardin public, il y a un buste de Robespierre. Si j’y repasse un jour, je cracherai dessus en souvenir de la lecture de cet article et du ridicule débat qui lui fait suite.


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