ROBERT GIL
En effet, les Etats-Unis, sous couvert de neutralité, entendaient tranquillement s’enrichir de la guerre dans l’arrière-cour en vendant les armes aux belligérants de son choix. En fait :
« Les origines de cette politique remontent à la décision prise par les Etats-Unis en 1938 d’autoriser les ventes d’armes en gros à la Grande-Bretagne et à la France.
(…)
C’est ainsi qu’au cours de l’année 1940, par exemple, la France, la Grande-Bretagne et les pays du Commonwealth achetèrent près de 90% de la production d’avions américaine. Rien qu’en juin 1940, les Alliés furent livrés pour 43 millions de dollars de matériel militaire. » (1).
Ainsi, les Etats-Unis d’Amérique avaient placé l’URSS sous embargo militaire. C’est seulement en juin 1941, lorsque l’URSS fut envahie par l’Allemagne, que les Etats-Unis consentirent à vendre des fournitures militaires à l’URSS dans le cadre de la loi du Prêt-bail. Toute l’Europe de l’Ouest, sauf l’Angleterre, était alors désormais occupée par l’Allemagne hitlérienne et l’Italie de Mussolini coalisés avec le Japon appelée « l’Axe ». Les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, et les autres pays occupés par l’Axe formaient la coalition des « Alliés ». La coalition de l’Axe autour de l’Allemagne hitlérienne ambitionnait de prendre sa revanche sur les Etats-Unis d’Amérique par rapport à la guerre impérialiste de 1914-1918. Cela signifie que si l’URSS était passée aussi sous la botte de l’Allemagne, celle-ci devenait maîtresse de toute l’Europe et s’en était fini avec la puissance des Etats-Unis d’Amérique.
Ainsi, l’invasion de l’URSS par l’Allemagne avait obligé les Etats-Unis et l’Angleterre à coopérer avec l’URSS contre l’Allemagne hitlérienne, selon le principe « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». L’invasion de l’URSS par l’Allemagne hitlérienne avait permis le réchauffement des relations entre la coalition des Alliés et l’URSS. « Matérialisant ce réchauffement, le commerce soviéto-américain s’intensifia, tout en restant soumis à la loi du “cash and carry”. » (2). Les fournitures de matériels de guerre à l’URSS n’étaient donc pas de l’aide philanthropique comme on sous-entend souvent. Loin de là, c’était du matériel acheté par l’URSS selon la loi du « cash and carry », c’est-à-dire « paye et part ».
Mais, jusqu’en 1942, bien que l’URSS fut envahie, les Etats-Unis d’Amérique suivaient toujours une politique mercantiliste et attentiste vis-à-vis de l’URSS. En décembre 1941, les Japonais bombardèrent la base militaire américaine de Pearl Harbor, dans l’océan Pacifique. C’est cette attaque seulement qui obligea les Américains à sortir de leur position attentiste et à entrer de pleins pieds dans la guerre. Mais, les carottes étaient déjà cuites pour les allemands du fait du Grand tournant imposé par l’URSS. Les Etats-Unis n’ont fait que prendre le train en marche.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, Staline, critiquant les théories opportunistes de certains membres du Parti bolchevique prêchant le pacifisme béat du fait de la victoire sur le fascisme hitlérien, résume très bien l’absurdité du comportement des pays impérialistes par rapport à l’Allemagne dans l’entre-deux-guerres :
« Au lendemain de la première guerre mondiale, on considérait aussi que l’Allemagne avait été définitivement mise hors de combat, de même que le sont aujourd’hui, selon certains camarades, le Japon et l’Allemagne. A ce moment, on disait aussi et on proclamait dans la presse que les Etats-Unis d’Amérique avaient réduit l’Europe à la portion congrue ; que l’Allemagne ne pourrait plus se relever ; qu’il ne devait plus y avoir de guerre entre pays capitalistes. Mais, malgré cela, l’Allemagne s’est remise debout comme une grande puissance quinze à vingt ans après sa défaite ; elle s’est évadée de sa captivité et engagée sur le chemin de l’indépendance. Chose caractéristique, c’est que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique ont aidé eux-mêmes l’Allemagne à se relever économiquement et à rétablir son potentiel économique et militaire. Sans doute qu’en aidant l’Allemagne à se relever économiquement, les U.S.A. et la Grande-Bretagne entendaient diriger l’Allemagne, une fois relevée, contre l’Union soviétique, l’utiliser contre le pays du socialisme. L’Allemagne cependant a dirigé ses forces, en premier lieu, contre le bloc anglo-franco-américain. Et lorsque l’Allemagne hitlérienne eut déclaré la guerre à l’Union soviétique, le bloc anglo-franco-américain, loin de se rallier à l’Allemagne hitlérienne, fut obligée, au contraire, de se coaliser avec l’U.R.S.S. contre l’Allemagne hitlérienne. » (Staline : Les problèmes économiques du socialisme – 1952).
Les théories opportunistes critiquées par Staline dans sa brochure ici citées sont justement les théories que le gang capitaliste anarcho-trotskiste khrouchtchevien mettra en avant à partir de mars 1953 pour justifier son putsch contre l’Etat Soviétique. C’est au cours de ce putsch que Staline fut assassiné. Le coup d’Etat anarcho-trotskiste-krouchtchevien en mars 1953 est le point de départ de la restauration de l’Empire capitaliste russe.
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(1) http://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=283
(2) La politique étrangère soviétique avant Barbarossa et le prêt ..
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