@ Michel :
Il y a une différence fondamentale entre vous et moi : je ne considère pas que c’est la société qui fait l’Homme mais l’inverse. La société est le produit externe du mode interne de fonctionnement humain. Qu’il y ait ensuite rétroaction et interaction ne change pas fondamentalement cela. La société ne s’est pas organisée par hasard. Le goût du pouvoir n’est pas le produit de l’éducation, il précède l’éducation. Croire qu’une nouvelle organisation sociale va changer la configuration psychique profonde de l’humain est un leurre. Même la coercition n’y arrive pas durablement. Elle le fait par le système de la carotte et du bâton, c’est-à-dire en jouant sur les mécanismes enfantins.
Les hommes contrôlent la société ? En partie. Pas totalement. Les femmes contrôlent la reproduction et la sexualité, l’éducation et les soins (comme chez de nombreux mammifères). Dans votre imagerie naïve, les femmes seraient cachées dans l’ombre à attendre que les hommes veuillent bien leur laisser un strapontin. Quel mépris des femmes de les croire aussi incapables de prendre une place. Vous sous-estimez d’ailleurs la force des alliances hommes-femmes. Si une organisation sociale a tenu aussi longtemps ce n’est pas par la dictature des hommes, mais par l’adhésion des partenaires. Et si comme vous dites les femmes sont moins aliénées que les hommes, on peut penser qu’elles ont voulu l’organisation sociale, et qu’elles en ont été aussi des actrices. Mais je ne partage pas la théorie de l’aliénation, qui n’est qu’un subterfuge pour les dominants de justifier le fait de vouloir guider et libérer les aliénés. Quelle farce ! Les humains sont libres : c’est un principe de base.
Qu’est-ce qui a déclenché le féminisme ? Trois éléments majeurs : D’une part une période de misogynie à la Renaissance et surtout au XIXe siècle. D’autre part le Code Napoléon. L’alliance homme-femmes s’est rompue. Il aurait été possible d’avancer ensemble sans la violence anti-hommes féministe et marxiste, sans ce procès stupide et biaisé fait aux hommes - la démocratie donnait des droits à tous et toutes, droits que la grande majorité des hommes n’avaient eux-même pas avant cela. Le vote masculin universel n’a réellement été effectif qu’au début du XXe siècle. Les hommes qui travaillaient dans les mines ou aux champs n’étaient guère des dominants ! C’était d’ailleurs souvent les femmes qui géraient les budgets. Les femmes ont toujours travaillé, eu une place - différente en général bien qu’il y ait eu aussi des femmes en politique bien avant le XXe siècle. Les hommes allaient mourir sur les champs de bataille ou dans les mines : quelle domination !... Enfin le déclenchement a pu être aussi la militarisation de la société et donc la prééminence donnée au masculin, entre autre comme conséquence de la démocratie qui avait institué la conscription obligatoire.
Le marxisme ne prend pas en compte la globalité des éléments qui construisent une société. Sa lecture part d’un principe de conflit et d’extinction du conflit par la domination d’une classe sur une autre sans coopération (car dans la réalité c’est bien cela). Rien de nouveau, rien qui fera changer le monde.
Rien ne dit que les humains auraient pu évoluer en se passant des conflits et de la guerre. Les motifs guerrier existent d’abord dans l’humain, dans les différences naturelles, dans les jalousies, dans les frustrations, dans ce qui fait l’humain quel que soit le système. Défendre la famille ou le clan n’est pas un fait du hasard ou une contrainte sociale. Là aussi vous sous-estimez la force de l’alliance femmes-hommes. Les femmes ont forcément voulu cette alliance et la protection masculine, autant pour garantir leur sécurité lors de l’accouchement que pour les aider à subvenir aux besoins des petits.
Une théorie intéressante actuelle est que ce sont les femmes qui ont fabriqué le couple monogame, et qui choisissent les géniteurs autant pour leurs performances physiques que pour leur capacité à collaborer. Les femmes n’ont pas été simplement soumise, ça c’est de l’imagerie d’Epinal. Dans un système donné, elles ont mis en place les stratégies dans lesquelles elles avaient des avantages notoires. Faire travailler les hommes dans les travaux les plus durs et les plus ingrats L’exploitation de l’homme par la femme), les faire mourir à la guerre, leur faire prendre le mauvais rôle dans l’éducation (père punisseur - mère consolante), etc. Je pense que malgré les apparences (la visibilité de l’homme est un handicap face à l’invisibilité de la femme) ce sont les femmes qui ont dominé la société. Aujourd’hui elles deviennent plus visibles. Elles gagnent et perdent : elles perdent l’angélisme, la discrétion, l’exploitation de l’homme, les protections psychologiques dont elles jouissaient, entre autres.
Vous pouvez ironiser sur les indiennes qui ont gagné le « droit d’être violées ». le viol a toujours été un crime. Il le reste. Il ne représente heureusement que 0,003% environ de la société. On ne fait pas une théorie de la domination et de la violence comme masculine sur un tel chiffre.
Considérer les hommes comme ayant tout pouvoir est erroné et la conclusion tirée de cette erreur, soit une domination de principe évacue le fait de réciprocité. Aucune organisation ne tient longtemps sans une part de réciprocité, de devoirs mutuels. En Afrique les chefs sont redevables au village de sa prospérité, par exemple.
Le marxisme, produit d’une bourgeoisie libérale dissidente voulant prendre le pouvoir pour elle, a réduit la société à un simple rapport de force de deux groupes. Il évacue la complexité de la société, la psyché humaine, les moteurs affectifs, religieux, la complexité humaine en un mot.
Revenons sur la guerre : ceux qui y allaient étaient pour la plupart des soldats payés, qui ne devaient plus travailler aux champs. Ce n’étaient pas des dominants qui commandaient. Ils faisaient la police demandée par la population. Il y avait alors une notion de mutualité, de réciprocité, de bien commun.
Vous dites que l’esclavagisme a formé les mentalités. Comment imaginer que l’esclavagisme est venu ainsi, sans prendre en compte le fait qu’une partie de l’esprit humain l’a accepté et justifié ? Les différences économiques ont certes facilité l’expression du psychisme humain et donc de la domination esclavagiste. Mais penser que l’indifférenciation économique et culturelle changera cet esprit est un leurre. La suppression autoritaire des différences ne les déracine pas. Cela c’est de l’ordre d’un travail sur soi. Vouloir une société gouvernée par des hommes et des femmes désintéressés des intérêts égoïstement privé c’est enter dans la morale. Ce n’est pas l’ordre politique qui va produire ces êtres là. D’ailleurs l’égoïsme tempéré fait partie de la nécessaire survie de l’humain : chacun est responsable de soi et doit se gérer d’abord pour soi. Mais la survie implique une alliance, une collaboration. Vous semblez refuser l’idée que les sociétés humaines ont pratiqué une forme d’alliance et donc adhéraient à la gestion des différences selon les époques. les révolutions sont venues de la faim, et de la fin des alliances (par exemple l’ancien régime).
Dans les régimes communistes dont l’URSS fut un pionnier, l’alliance des couches de la société semble ne s’être réalisée que par la contrainte et l’élimination physique d’un grand nombre. Pas très attractif.
Enfin : « Mais il n’ y a pas violence au nom d’ elle, pour le plaisir de la violence ! Elles le font par amour... » Vous n’êtes quand-même pas sérieux, là ?...
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