« Pour finir, j’étais en Iran cet été et partout dans le pays, des panneaux appelaient à la paix et à l’union entre les chiites et les sunnites. Alors, je me pose juste une seule question : Qui cherche systèmatiquement à opposer ces 2 branches d’une même religion »
Ce que vous avez vu est parfaitement normal. En effet, le président Ahmadinedjad est issu du courant Hodjatieh. Ce mouvement est connu depuis près de quarante ans pour sa proximité idéologique des intégristes sunnites de la confrérie des Frères musulmans. Ses cadres ont plus souvent lu et médité le doctrinaire égyptien Sayed Qotb, qu’ils ne sont familiers des classiques iraniens (et/ou libanais, irakiens) du chiisme duodécimain. La pancarte que vous avez vu ne fait qu’exprimer l’un des axes idéologiques des frères musulmans qui est de reconstituer une oumma mythique sans fitna...
(Pour compléter le post initial ;) Or, les deux branches de l’islam s’opposent elles-mêmes puisqu’elles portent un jugement différent sur les quatres premiers califes. Les sunnites les appeleront tous les quatres les Râshidûn(bien dirigés)ou pour reprendre un terme coranique« d’inspiration droite ». Les shiites distinguent Califat de Imâma. Ils accorderont le premier aux quatre Rhâshidun, mais affirment que dès le début c’est à Ali seul que revenait l’Imâma.
D’un point de vue théologique, les sunnites considèrent que les portes de l’ijtihâd sont fermés depuis le ix(mise en place des écoles juridiques). Les chiites continueront d’en revendiquer l’exercice.
De même si les sunnites donnent le titre mujtahidun aux seuls grands fondateurs d’école juridique, le chiisme affuble de ce titre ces plus éminents docteurs.
Pour l’élaboration du droit, le sunnisme s’appuie sur le coran, la sunna(tradition du prophète), le raisonnement par analogie(qiyas), le consensus de la communauté(ijma). Dans le chiisme, le raisonnement par analogie cède sa place au aql(notion que l’on pourrait « traduire » par effort d’intelligence. De plus, l’Imâm(à ne pas confondre avec l’imam) est le gardient et l’interprète du Coran.
Il existe aussi une grande divergence entre le sunnisme et le chiisme sur le rôle de l’Imâma. En fait, les chiites considèrent que l’Imâma appartient de droit à Ali et à ses descendants(les docteurs chiites citent des traditions où mahomet désigne nommément ali comme son successeur). Il considère que l’inspiration divine du prophète se prolonge à travers l’Imâm, et reste par lui toujours vivante et présente. A partir de ce principe, le fameux concept de l’impeccabilité("beau modèle) est associé non seulement au prophète mais aussi à l’Imâm.(sauf chez les zaydites) D’où le culte non seulement de mahomet mais aussi des Imâms(les plus cèlèbres ali, husayn etc)qui peuvent donner lieu à des mutilations. Autre aspect « novateur » du chiisme, l’importance de la gnose du « sens caché »(bâtin) dans le coran qui s’opposent à celui du « sens apparent » (zâhir). L’importance du « retour » (raj’a) et son contenu dans le chiisme est différente du déroulement de la « parousie » sunnite. Les chiites considèrent qu’il s’agit d’un premier temps de résurrection concernant les saints et les justes s’épanouissant sous la conduite du Madhi avant le grand anéantissement de la fin du monde, la résurrection générale et le Jugement. Les sunnites ne reconnaissent pas cette résurection partielle et anticipée. Le seul« retour » envisagé par lui est celui de la l’humanité tout entière en vue du Jugement des « méchants » comme « des bons », des impies commes des croyants.
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