IRAN - Le mérite de l’autocritique
Que le chef du Hezbollah libanais et fidèle allié du régime iranien avoue publiquement ses erreurs est du jamais-vu à Téhéran. Aucun leader iranien n’a jamais osé l’autocritique.
Bien que Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, soit un adepte du régime idéologique officiel qui règne sur l’Iran, l’environnement politique et religieux diversifié du Liban fait de lui un homme très différent des responsables politiques et religieux de l’Iran. Je n’ai pas souvenir, depuis ces vingt-sept dernières années, qu’un seul des décideurs iraniens ait été prêt à reconnaître d’une manière transparente que ses décisions avaient été erronées, même si celles-ci avaient eu des conséquences néfastes pour le pays. C’est pour cette raison que beaucoup en Iran sont étonnés et admirent la franchise de Nasrallah quand il juge l’enlèvement des deux soldats israéliens comme une erreur. Ce n’est pas non plus sans raisons que les médias conservateurs de la République islamique censurent cette partie de ses propos où il dit ne pas avoir mesuré la réaction destructrice d’Israël. La question n’est pas de juger les propos de Nasrallah. Il s’agit ici du devenir de notre pays, l’Iran, que certains veulent, en falsifiant les réalités du monde qui nous entoure, mener vers l’abîme. Que la population soit avertie ou non n’a peut être pas d’importance dans notre pays, car elle n’influe pas sur l’évolution des affaires. Mais l’inconscience de nos dirigeants quant aux conséquences de leurs décisions est catastrophique.
Nasrallah, sans le vouloir, a fourni l’alibi nécessaire à Israël pour faire du sud du Liban un champ de ruines. Même s’il a qualifié cette guerre de victoire historique, ces destructions l’ont conduit vers un discours différent. Que ce constat de la part de Nasrallah serve donc d’avertissement à nos décideurs, même si le quotidien conservateur Keyhan n’a pas hésité à démentir ses propos à sa place ! Je crains que, à la suite de décisions erronées, notre pays ne soit un jour réduit en ruines sous les bombes et que, du haut des décombres, quelques-uns, devant un parterre d’hommes brisés et affamés, ne crient victoire.
Ahmad Zeidabadi Rooz
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