Alors, bien que j’aime beaucoup cet article, que M. Adam ait une belle plume, et que ça fait plaisir d’entendre quelque part que Le Pen engrange, je vais tout de même formuler une petite critique (il en faut).
Jusqu’au dernier paragraphe (avant-dernier si on considère l’apostrophe finale), le tableau de la situation est clair, comple, intelligent, une bonne bouffée d’air. Encore une fois, ça fait du bien. Par contre, je ne suis pas convaincu par votre conclusion, ou plutôt sa formulation. En fait, on dirait presque que vous avez jugé que brosser un tableau était insuffisant pour faire un article, et que vous avez absolument voulu « ouvrir le débat », comme on dit.
« Plus sérieusement, pourquoi la télé nationale n’organise-t-elle pas un débat public sur un sujet d’une telle importance, et qui concerne l’avenir de notre société ? Un vrai débat, avec de vraies enquêtes pour situer le problème sous tous ses aspects : provenance des personnes concernées, parcours individuels depuis leur arrivée en France, projets de vie, niveau d’intégration, démarches administratives, historique précis des solutions proposées, règles du jeu des offices chargés du logement et de la gestion des parcs immobiliers, position de la Mairie de Cachan et d’autres municipalités confrontées aux mêmes problèmes, position de la Préfecture, procédures des expulsions, sans oublier l’embarquement depuis la côte africaine sur une patera à destination des Canaries (avec l’option risque de chavirement), la négociation du tarif avec les différents passeurs, plus une enquête dans les villes et les villages de départ pour savoir où et comment est récolté l’argent du voyage... »
Débat ? Télévision ? Je me perds. Avec qui, sous quelle fome ? D’autant que ce que vous énumérez ensuite ne relève pas du débat, mais bien de l’information - mieux, de la transparence. Pas besoin d’organiser un débat. Pas besoin de « causer ». Il suffit d’informer correctement, et informer correctement, ce n’est pas donner la juste mesure d’information, c’est donner TOUTES les informations, d’un bout à l’autre, et laisser le citoyen se débattre avec toutes ces informations, pour qu’il en tire seul une conclusion dans laquelle interviendra nécessairement ses opinions et idéologies. Je ne crois pas au « devoir de débat », je crois au « devoir de transparence ». Une fois que chacun sait TOUT ce qu’il y a à savoir, le débat intervient naturellement, sans argumentation parcellaire.
Hannah Arendt dit que le mal provient de l’absence de pensée (Considérations morales). De même, Simone Weil fustige les partis politiques qui s’approprient la pensée, la figent, empêchent de peser chaque décision de façon raisonnable, et ainsi amoindrissent la démocratie (Note sur la suppression des partis politiques). Penser, n’est-ce pas peser le pour et le contre, en toute connaissance de cause ? La démocratie a besoin de la transparence.
Où mène cette digression philosophique ? Et bien, à l’énumération de M. Adam. Les bien-pensants voudraient nous faire croire qu’en connaissant les chiffres réels de l’immigration, la provenance des immigrés, etc..., les Français dits « de souche » - blancs, de fait - prendraient peur et pourraient se livrer à des actes irrationnels. Mais depuis quand l’irrationnel provient-il de l’information raisonnée ? C’est au contraire l’opacité qui entretient les fantasmes et poussent aux actes extrêmes, de la ratonnade au vote extrême.
Nul besoin de faire miroiter le débat. Qu’on nous donne l’info, l’info brute, l’info juste, l’info vérifiée. Les citoyens sont bien capables de l’utiliser comme il leur plaît, sans directives ni orientations de la pensée.
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération