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jer (---.---.104.36) 12 septembre 2006 10:13

Article très intéressant quoiqu’en pense Clem... ou ce dernier se sent-il personnellement visé ?

En effet le jeune enseignant doit connaitre le nid de guêpes où il a mis les deux pieds. Aux quatre pommes de discorde, j’en rajouterai une : l’absence totale de solidarité entre les professeurs d’un même établissement. Ceci est surtout vrai dans les collèges, moins dans les écoles. Dans les lycées que je ne connais pas la situation doit ressembler à celle des collèges. Le jeune doit savoir qu’il existe plusieurs castes de profs dont celle, supérieure, des agrégés. A tout seigneur, privilèges : 16 heures de service contre au moins 18 aux inférieurs, emploi du temps personnalisé, salle de classe personnelle, « bonnes » classes réservées, heures supplémentaires mieux payées. Dans chaque caste, les « Anciens » de l’établissement sont bien entendu « respectés ». Il faut aussi tenir compte des haines syndicales !

Je voudrais revenir au problème de la note. Dans un des Ouest-France de la rentrée, les directeurs de l’enseignement catholique de l’Ouest se félicitaient de la progression des effectifs tout en se lamentant de ne pouvoir accueillir plus de monde. Ils expliquaient ce succès par leur volonté de « valoriser » l’élève... ce qui en clair signifie tout simplement mettre des bonnes notes.

Comment ? Une technique est de faire la veille et « ensemble » le devoir que l’on donnera officiellement le lendemain. Le corrigé pouvant être emporté à la maison, il suffira à l’élève d’apprendre par coeur les réponses puisque les questions n’auront pas changé d’un iota. Cette technique a été présentée comme révolutionnaire à la fin de la dernière année scolaire. Une autre possibilité est de noter le travail fait à la maison. Fait par qui ? Peu importe, seule la note compte. On pourra aussi, mais cela ne me semble applicable que pour l’« expression écrite », mettre une note au-dessus de la moyenne du moment que l’élève a écrit 2 ou 3 phrases. Peu importe, la ponctuation, l’orthographe, l’agencement des idées, qu’elles soient compatibles avec le sujet ou non ! Il suffit ensuite de faire quelques petits exercices en classe pour « éparpiller » les moyennes et le tour est joué. Le dernier aura au moins 12 de moyenne. Il est évident qu’avec un tel résultat, l’élève est content, les parents, dupes « à l’insu de leur plein gré », heureux, la direction de l’établissement aux anges et les professeurs tranquilles !

L’autre argument que font valoir les établissements privés, du secteur que je connais bien entendu, est que chez eux les enfants « sont tenus ». Il existe sans doute une différence de philosophie, il y a surtout le fait que tout perturbateur est renvoyé facilement. Il arrive même que, la réputation de l’enfant l’ayant précédé, il ne soit même pas admis à l’essai ! L’enseignement public étant tenu de recevoir tout le monde, les professeurs doivent faire avec leurs effectifs et là tout dépend de la direction de l’établissement. M. Paul Villach décrit bien ce qui peut se passer si le Principal ou le Conseiller d’Education est « moderne ». Je connais un professeur qui a été convoqué dans le bureau directorial pour se faire sermonner en présence de l’élève !

Quant à l’inspection, elle ne peut être qu’infantilisante ! Cabouin écrit : « Je ne tire pas à outrance sur l’inspection. Ils font ceux qu’il jugent bon de faire ». Je suppose qu’il a voulu écrire :« Les inspecteurs font CE qu’ils jugent bon de faire. » « ceux » désigneraient les professeurs « fabriqués » par l’inspection ce qui n’est pas absolument pas le cas. Ils se sont formés « sur le tas ». La formation pédagogique initiale des professeurs est quasiment inexistante, même celle des agrégés. Ils n’ont jamais de stages de formation. Ils reçoivent la visite d’un inspecteur une fois tous les dix ans, c’est-à-dire environ 3 fois dans toute leur carrière. Or la note que donnera cet inspecteur sera déterminante pour la progression du salaire et le choix des postes. Comme la visite est annoncée plusieurs jours à l’avance, le professeur concerné a tout le temps pour préparer son cours, ses élèves. S’il est « bien vu » par l’Administration, il peut même choisir le niveau et la classe où il interviendra ! Bien entendu, l’inspecteur n’est pas dupe de ce petit jeu mais fera « comme si ». Il aura, avant la séance, une entrevue avec le Principal. L’inspection proprement dite est du pipeau mais il serait quand même très dommageable si elle ne se passait pas bien. Cependant, il peut y avoir des conséquences inattendues : si le Principal veut se débarrasser d’un professeur, qui par ailleurs désire changer d’établissement, il peut glisser un mot à l’inspecteur qui mettra la note nécessaire et suffisante à la satisfaction des deux parties !

Je ne sais ni comment sont choisis et nommés ces inspecteurs, ni quelle était leur vie professionnelle antérieure. Pourtant, je pense qu’ils ont très peu enseigné s’ils l’ont jamais fait ! Actuellement le but inavoué de l’Education Nationale est de faire des économies. L’un des moyens est de faire en sorte que les élèves restent le moins longtemps possible dans le système scolaire. C’est vrai que beaucoup d’entre eux n’ont rien à y faire jusqu’à 18 ans voire plus ! Cependant il ne faut pas exagérer et pousser tout le monde vers la sortie le plus rapidement possible.

P.S. : De plus en plus de jeunes professeurs ont été (dé)formés par ce nouveau système. Un indice ? Le fait que l’orthographe de nombre d’entre eux, dont des professeurs de français, est déplorable. Alors il me semble que l’avenir est bien sombre.


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