. Les syndicats de salariés ont vu leur influence diminuer (seuls 10% des effectifs salariés sont syndiqués), leur représentativité est donc mise en cause par les employeurs. De ce fait ils ne peuvent réellement jouer leur rôle de défricheurs du progrès social et de défenseurs des intérêts des salariés. Plus inquiétant, 73,5% des délégués syndicaux ont atteint ou dépassés la quarantaine et les hommes sont surreprésentés (74%). « De tels écarts témoignent d’une distance qui devient socialement significative au point que les liens de solidarité et de reconnaissance mutuelle tissés à travers l’histoire des luttes et des pratiques militantes finissent eux-mêmes par se distendre : les jeunes, notamment, ont de plus en plus de mal à se reconnaître dans leurs aînés » ( Daniel Furgot DARES questionnaire « représentants du personnel » N°64) . Leur politisation souvent reprochée et qui a donné lieu ces dernières années à la naissance de centrales autonomes (SUD par exemple) n’est pas le fruit du hasard. Elle correspondait au moment de leur création à une vision de la société bâtie sur la notion de lutte des classes. La position des uns (les propriétaires dirigeants) et des autres (les salariés), était claire, la frontière bien définie. Mais l’évolution des modes de production et de consommation ont fini par créer (volontairement ?) un salarié et un consommateur caméléon, qui par certains aspects est encore sous une situation de dépendance économique (vente de sa force de travail) mais à qui on a fait croire qu’il pouvait accéder au pouvoir (éducation) et au patrimoine (actionnariat populaire, épargne d’entreprise, accès à la propriété de son logement). Ce chevauchement des situations chez le même individu a brouillé les pistes de réflexion et les moyens d’orienter librement sa vie. L’individu se trouve partagé entre son désir, de salarié, de voir les salaires augmenter, ses choix de consommateur pour les prix les plus bas et son comportement de contribuable qui cherche l’évasion fiscale. Tantôt prolétaire (au sens originel : qui n’a à vendre que sa force de travail), tantôt capitaliste (propriétaire des moyens de production de l’entreprise qui l’emploie : actionnariat salarié), il ne sait plus à quel saint se vouer et ne se voue finalement plus à personne. Les syndicats l’hérissent par leur politisation, les employeurs l’effraient par leur pouvoir de vie ou de mort économique qu’ils confèrent, les hommes politiques qui n’ont comme projet que leur propre carrière et ne le font plus rêver. Il se trouve alors pris dans un filet dont les mailles ont été patiemment tissées sous couvert de droits censés le protéger ou lui offrir une vie meilleure (droit du travail et droit de la consommation).
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