Aucun responsable politique n’est un saint. Je ne fais pas partie de ces EuroTrolls (comme disent certains, ici), qui fêtent « Saint-Schuman ». Mais il est indigne et détestable de tronquer la réalité historique pour n’en ressortir qu’un aspect qui arrange votre idéologie censée luttée contre une autre (qui serait dominante).
Je m’explique. Robert Schuman a effectivement voté les pleins pouvoirs à Pétain, comme la majorité des parlementaires de l’époque (socialistes pacifistes et droite modérée compris). Pourquoi ? Parce que, si la montée du danger national-socialiste lui fait peur, Schuman craint surtout les ravages d’une nouvelle guerre. En tant que parlementaire mosellan, représentant d’une population menacée d’invasion une fois encore, il est nommé sous-secrétaire d’État aux réfugiés dans le gouvernement Reynaud en mars 1940, puis maintenu à ce poste dans le gouvernement Pétain (16 juin-10 juillet 1940). Laval lui assure que seul le maréchal peut conserver l’ Alsace-Moselle à la France... Schuman était-il naïf ? On peut le penser. Il faut surtout se remettre dans le contexte alsaco-lorrain de l’époque. Même si cela ne justifie rien, cela explique beaucoup. Le choix est complexe pour un Schuman (comme pour des milliers de citoyens alsaciens et mosellans) déchiré entre deux cultures et écrasé par le poids de l’Histoire.
Lorsque la Moselle est réannexée par le Reich, les nationaux-socialistes lui demandent de « coopérer ». Schuman refuse. Emprisonné, avant la fin de l’année 1940, puis placé en résidence surveillée dans le Pays de Bade (Neustadt), il s’en évade en 1942, et décide de ne rejoindre ni la Résistance ni la Collaboration. Comme des millions de Français, au fond... Qu’aurions-nous fait à sa place ? Impossible à dire. Est-ce que ce passé de Schuman doit occulter sa pierre apporté à l’édifice européen ? Encore une fois, l’oeuvre n’est pas parfaite. La perfection n’existe que dans nos rêves. Mais on peut être utopiste sans crier au loup.
Cordialement.
« le troll » (ça m’amuse, ce mot)
Déclaré inéligible à la Libération, Schuman sera soutenu par ses amis, qui demandent au général de Gaulle de faire cesser les procès d’intentions maréchalistes ; il sera élu en octobre 1945.
En Moselle réannexée par Berlin, les nationaux-socialistes lui demandent de « coopérer » au nouvel ordre européen. Il décline l’offre et commence à souhaiter que l’on précise le statut exact des citoyens du Reichsland reconstitué !
Emprisonné comme personnalité influente, avant la fin de l’année 1940, puis placé en résidence surveillée dans le Pays de Bade (Neustadt), il s’en évade en 1942, puis vit clandestinement jusqu’à la libération, notamment dans des monastères (En-Calcat) dont il suit les heures liturgiques. Intérieurement partagé entre deux nations auxquelles il appartient pareillement, il ne s’engage pas dans la Résistance. Il refuse aussi bien d’entrer dans le gouvernement Pétain que de collaborer à l’autonomisme philo-nazi de certains Alsaciens-lorrains, que d’entrer en dissidence officielle avec un pouvoir injuste. Un de ses collaborateurs aux Finances en 1947-48, François Bloch-Lainé, lui-même engagé dans les mouvements de résistance, dira plus tard, que R. Schuman « avait fait sa guerre à sa manière », suggérant le rôle de la prière monastique.
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