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rufus (---.---.155.7) 2 octobre 2006 14:35

Voici un avis éclairant (sources : sites ESM et Chrétienté.info- 2 octobre 2006) :

Dans une déclaration à l’A.F.P., le Recteur des collèges jésuites du Caire, le père Henri Boulad parle de « l’heureuse faute » de Benoît XVI sur l’islam. Pour lui, le temps venu de « la clarté, de la sortie de l’ambiguité » avec l’islam « face à la poussée de l’intégrisme musulman ».

Catholique égyptien, né à Alexandrie en 1931, le père Boulard considère que le propos de Benoît XVI sur l’islam pour « malheureux et regrettable » qu’il soit, n’était pas « pur hasard » et pourrait inaugurer « un dialogue plus vrai et franc ».

« Si faute il y a eu de la part du Pape Benoît XVI, elle pourrait être heureuse : c’est une felix culpa », dit le père Boulad à l’AFP, en reprenant l’expression de Saint Augustin sur le caractère salvateur du péché originel.

Dans son modeste bureau du collège de la Sainte Famille, situé dans le quartier de Fagallah, il estime aujourd’hui que « nous ne sommes qu’au commencement de l’épreuve ».

Pour lui, l’islamisme « reflète l’essence même d’un islam figé, comme un poussin dans un oeuf. C’est un type de totalitarisme de la pensée ».

À Ratisbonne, le pape « n’avait pas besoin de cette référence ( Manuel II, empereur de Byzance), mais elle reflète bien sa volonté de clarifier ce qui sépare l’islam et le christianisme sur ces questions fondamentales », a-t-il dit le père Boulad.

Benoît XVI, enchaîne-t-il, « connaît assez bien » la théologie musulmane « pour dire que l’islam est indissociable de la politique et d’un projet global de société ».

Quant aux réactions virulentes dans les pays musulmans, le père Boulad les estime « compréhensibles bien que souvent irraisonnées et parfois violentes ». « le propos du Pape obligera chacun à sortir ce qu’il a sur le coeur, sans faux-semblants », dit-il.

Et il ajoute : « quand on dit que l’islam est une religion de tolérance, j’en attends les preuves, et constate surtout que dans les 57 pays à majorité musulmane, il n’y a pas de liberté religieuse ».

Un musulman ne peut pas devenir librement chrétien en Egypte, pays de 72 millions d’habitants, où la minorité chrétienne est de 10 %, (6 millions de coptes orthodoxes, 200.000 catholiques et 200.000 protestants).

« Si c’est le cas, l’alternative est la clandestinité totale ou l’exil, alors qu’un chrétien qui épouse une musulmane est forcé de se convertir à l’islam ».

« Benoît XVI (...) est très lucide, et sans illusions sur la réciprocité religieuse, ou plutôt son absence », affirme ce catholique égyptien, ancien vice-président de l’organisation Caritas dans le monde arabe.

Pour le père Boulad, en Égypte, le « courant massif est celui de l’islamisation de la société ». « On voile les filles de plus en plus jeunes, et la poussée de l’intégrisme se poursuit, avec une radicalisation des esprits », dit-il, notant que la charia, la loi islamique, est considérée source de la loi dans la constitution.

Il y a, dit-il, une « schizophrénie musulmane », à l’égard de la femme, « objet de convoitise et d’interdit ».

En Egypte, estime ce spécialiste de Teilhard de Chardin, « on retrouve chez les musulmans, comme chez les chrétiens (coptes orthodoxes) une absence de pensée de critique, et l’attirance pour le fondamentalisme ».

Le père Boulad ne se dit pas sans espoir. « L’Islam est-il réformable ? c’est toute la question, et je souhaite de tout coeur qu’il s’adapte à une époque pluraliste dans des Etats où le temporel et le spirituel sont séparés ».

« Aujourd’hui », d’après lui, « le monde arabe s’est emparé du modernisme, c’est-à-dire l’écorce de la modernité, avec ses techniques et produits, mais il ne pourra indéfiniment résister à la modernité, qui passe par la pensée critique ».


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