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(---.---.155.7) 3 octobre 2006 17:53

à A. T. ( En parlant en chemin avec Laïd Bourane, j’ai pris du retard.)

Pour aborder plusieurs points que vous avez soulevés, il est nécessaire, me semble-t-il, d’exposer quelques données sur les pensées religieuse, et, après, d’exposer les principes sur lesquels repose, la pensée biblique ( ancien et nouveau testament), ce qu’elle dit sur Dieu, l’univers et l’être humain.

Qui sommes-nous ? D’où venons-nous, où allons-nous ?

Ces questions existentielles sont inhérentes à l’humanité. Quel homme ne se les pose jamais ? D’une manière ou d’une autre, les religions, les sagesses et souvent les philosophies y répondent ou essaient d’y répondre.

Une grande ligne de pensée et de religion soutient que l’univers matériel et tout ce qu’il comporte, tous les êtres, animés ou inanimés qui le constituent, qui y évoluent, sont la seule réalité. En philosophie, ces positions sont appelées “panthéisme” - mot grec signifiant “tout est divin,” ou “le tout est divin”. Certains panthéismes tendent soit au matérialisme pur et dur : seule existe la matière ; la vie, la pensée en viennent et s’y résorbent. De façon consciente ou inconsciente, ce matérialisme fait du monde matériel un absolu. Le marxisme, par exemple, repose notamment sur ces principes ; en dernière analyse, c’est aussi la position de tous ceux qui attendent des sciences physiques, biologiques, mathématiques, etc. une explication définitive de l’univers et du vivant.

D’autres panthéismes sont plus “spirituels” : l’univers et le vivant participent d’un grand souffle ; le souffle de vie des vivants (l’âme) en est une parcelle ; certains disent que la multiplicité des vies individuelles est une déchéance et que chaque âme ne connaîtra de repos que lorsque, perdant toute individualité, elle se réunira à la grande âme universelle qui est le grand Tout. L’hindouisme, avec ses variantes, entre particulièrement dans ce cadre. Dans une moindre mesure, les polythéismes des anciennes religions indo-européennes ( grecques, romaines, celtes, germaniques, par exemple) peuvent y être rattachés. Le bouddhisme est une réforme de l’hindouisme : il a remplacé le grand “Tout” par le néant. Mais le bouddhisme classique ne se présente pas comme un religion, c’est une sagesse. De façon plus ou moins consciente, nombre de nos contemporains se rapprochent de ce type de panthéisme ; les sensibilités écologiques actuelles les y portent : “après ma mort, qu’on disperse mes cendres en mer, en montagne, dans un fleuve ... " disent beaucoup de gens.

Pour caractériser cette conception du tout, du divin, de l’absolu se confondant avec l’univers, la philosophie parle aussi de principe d’immanence : du latin “immaneo” : rester, demeurer à l’intérieur de. Mais tout panthéisme se heurte à quelques questions fondamentales : sur le plan philosophique, le grand « Tout » peut—il ou non rendre compte de sa propre existence ? Sur le plan existentiel, toute personne humaine, en tant que personne, éprouve un besoin d’immortalité auquel le panthéisme ne répond pas, au contraire.

Une autre grande ligne de pensée religieuse et philosophique soutient que ni l’univers ni aucun des êtres qui le composent ne se suffisent à eux-mêmes ; qu’ils tirent leur être d’un autre principe, lequel ne se confond avec rien au monde. Aucun être de l’univers n’est donc, en substance, une parcelle de cet autre être dont il est l’ouvrage, dont il est la “créature”.

Cette ligne de pensée s’exprime dans le premier livre de la Bible : la Genèse. Le récit de la Genèse proclame ainis que l’univers est CRÉÉ par Dieu. Création veut dire : être fait à partir de rien ( la création “ex nihilo”). Souvent, un contresens est commis sur cette formule : comment créer s’il n’y a rien ? La pensée biblique est que la création nécessite évidemment l’être et l’existence du créateur : donc, création à partir de rien hors de Dieu créateur. Oeuvre de Dieu, la création matérielle est évidemment une bonne chose, en elle-même : le récit IMAGÉ du livre de la Genèse insiste sur cette bonté de l’univers créé, et de tous les êtres inanimés et animés qui le composent. Mais alors, d’où vient le mal ? Le chapitre III de la Genèse apporte une explication, de façon toujours imagée. J’y viendrai plus tard.

Cette pensée est celle du judaïsme, du christianisme, de l’Islam : Dieu qui est Un et transcendant a créé l’univers. Il semblerait qu’on trouve aussi ces éléments dans quelques religions traditionnelles d’Afrique noire, celle des Sénoufos notamment (Côte d’Ivoire et Burkina Faso), mais je n’en suis pas sûr.

La philosophie parle alors de transcendance : Dieu domine la création et la gouverne depuis son au-delà. Transcendance et immanence sont donc deux principes contradictoires.

Moins répandues sont les religions dualistes, pour lesquelles deux principes sont en compétition, en lutte : un principe du bien, un principe du mal. Par exemple, l’ancien zoroastrisme (iranien) pour lequel le principe bon, dieu bon, a créé l’esprit ; le principe du mal, dieu mauvais, a créé la matière. Les deux mènent sans fin un combat cosmique. L’homme, qui est esprit et matière, serait au centre de ce combat. En tant que religion, le manichéisme a presque disparu, me semble-t-il. Certaines déviations du christianisme antique et médiéval - des hérésies - furent imprégnées de dualisme, notamment du Manichéisme, cette variante ( ? ) du dualisme iranien apparue au IIIe siècle de notre ère. Les Albigeois ( ou Cathares) de notre moyen âge avaient transformé leur christianisme en manichéisme.

À suivre ...


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