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Francis BEAU Francis BEAU 3 juin 2013 11:07

@ Mendosa


Où avez-vous vu un postulat ? Si vous faites allusion à la définition du mariage qui prévalait naguère, il ne s’agit pas d’un postulat, mais d’une définition. Sans définitions, il n’y a pas de langage, et pas de communication possible.

Lorsque je dis que deux hommes ou deux femmes n’auront jamais la faculté de donner la vie en s’accouplant, il ne me semble pas être dans le symbolique, mais bien dans le réel.

Mon exemple aéronautique ne semble pas avoir contribué à éclairer ce que j’entendais par « vocation naturelle à diffuser la vie » qui constitue bien une réalité. Je prends donc un autre exemple.

Imaginons que les fabricants de manteaux se plaignent que leur production n’ait pas le droit à l’appellation d’imperméable. Ils voient là une inégalité flagrante dans la corporation des fabricants de pardessus et se plaignent de discrimination à leur égard. Pour remédier à cette prétendue inégalité, le gouvernement décide de légiférer en modifiant la définition du mot « imperméable », pour en étendre l’accès aux manteaux. Qu’il ait vocation naturelle à protéger de la pluie ou non, tout pardessus a désormais également accès à l’appellation d’imperméable. Pourtant, un manteau n’aura jamais vocation naturelle à protéger de la pluie, tandis qu’un imperméable peut être usagé et ne plus vraiment protéger de la pluie, il peut avoir un défaut de fabrication et ne pas protéger de la pluie, il n’en restera toujours pas moins un imperméable parce qu’il a toujours vocation naturelle à protéger de la pluie. 

Tout ceci est bien réel et ne relève pas d’un pur débat théorique de nature sémantique. La loi n’a pas vocation à changer le sens des mots. Un gouvernement qui prétend changer le sens des mots s’attaque aux concepts et donc à la liberté de penser. Un gouvernement qui prétendrait changer le sens du mot « imperméable » en étendant sa définition à tous les pardessus, prive son peuple du droit élémentaire de penser et d’exprimer le concept de vêtement imperméable en le distinguant de ceux dont ce n’est pas la vocation.

Tout ça, bien que correspondant bien à une réalité, ne serait pas bien grave et pourrait d’une certaine manière être considéré comme assez symbolique (mais s’attaquer à la liberté de penser, même lorsque cela demeure encore un peu symbolique n’est-il pas d’une certaine gravité ?), s’il n’y avait pas derrière le concept de mariage (ancienne définition : union d’un homme et d’une femme), le problème de la filiation. En changeant le sens du mot mariage, c’est toute la notion de filiation qui s’en trouve bouleversée. Il devient possible d’imposer à un enfant de ne pas avoir de mère ou de ne pas avoir de mère. Vous conviendrez au moins, que ce problème, qui est bien réel et n’a rien de symbolique, mérite au moins qu’on le soulève sans en escamoter aucun aspect, comme celui entre autres de sa cohérence avec le droit international et la convention des droits de l’enfant. 

Le renouvellement des générations, me dites vous, « n’a rien à voir avec le mariage » et « ne peut constituer une condition préalable » à celui-ci. Pas plus qu’il ne s’agit de postulat, il ne s’agit pas non plus de condition préalable, mais bien de définition : le mariage est (ou était) l’union d’un homme et d’une femme, un peu comme un triangle est la réunion de trois angles. 

 Le fait qu’un triangle soit un polygone à trois côtés n’est en rien une condition préalable, cela découle de sa définition. On peut toujours appeler ça un postulat ou une condition préalable, mais en changer, c’est changer de définition. On peut toujours décréter que deux angles peuvent former désormais à eux seuls un triangle et que le nombre de côtés n’a rien à voir avec le triangle, mais le triangle, par définition, entretient une relation étroite avec le fait d’avoir trois côtés puisque lorsqu’on décide de réunir trois angles (triangle), si tout se passe bien et que le crayon ne dérape pas, la figure obtenue compte trois côtés, ce qui ne sera jamais le cas avec seulement deux angles. 

De la même manière, on peut toujours décréter que deux hommes peuvent former désormais à eux seuls un couple marié et que le renouvellement des générations n’a rien à voir avec le mariage, mais le mariage, par définition entretient (ou entretenait) à l’évidence une relation étroite avec le renouvellement des générations, puisque l’union d’un homme et d’une femme est « normalement » (j’entends par là qu’elle a la faculté, si le couple en décide ainsi et si la nature n’a pas fait l’un des deux stérile) féconde, ce qui ne sera jamais le cas avec seulement deux hommes ou deux femmes.

J’ajoute, que ce n’est pas parce qu’on peut perpétuer l’espèce sans se marier (cas de tous les animaux, mais également de très nombreux humains), et que la nature ne se soucie pas de symboles, que l’union d’un homme et d’une femme pour fonder une famille est un symbole. Certes la nature ne se soucie pas du mariage dont elle n’a que faire pour perpétuer l’espèce, mais le mariage est (je devrais dire était) une institution consacrant l’union d’un homme et d’une femme qui n’avait rien d’un symbole mais avait bien au contraire une utilité réelle qui était de rendre public leur engagement bien réel à se devoir mutuellement respect, fidélité, secours et assistance pour assurer ensemble la direction morale et matérielle de la famille, pourvoir à l’éducation des enfants et assurer leur avenir

Certes, cet engagement solennel a perdu énormément de son pouvoir sécurisant pour la famille avec la banalisation du divorce, mais vous m’accorderez le droit de penser que cet engagement avait encore un sens, et la liberté d’élever mes enfants ou petits enfants dans le respect de ces valeurs.

Certes également, les couples de personnes de même sexe ont a priori, autant que les couples hommes-femmes, les mêmes capacités à assurer ensemble la direction morale et matérielle de la famille, pourvoir à l’éducation des enfants et assurer leur avenir, mais ils n’ont pas la faculté de créer ensemble cette famille, sans recourir à l’artifice de l’adoption ou de la PMA, ce qui change sérieusement la donne, et mérite qu’on distingue les « manteaux » des « imperméables » pour reprendre mon exemple du début. 

Bien à vous

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