Je suis moi-même en train de bâtir une SCOP. Les personnes avec qui je crée le bébé se reposent sur moi pour les décisions où il faut finalement trancher quand il n’y a pas de consensus trouvé. Simplement par ce que je suis à l’origine du projet et que je suis le moteur de celui-ci.
Pour autant, ce qui nous anime tous est bien le fait que nous ayons chacun nos compétences, qu’aucune ne soit moins indispensable qu’une autre et que nous ne réfléchissons pas dans une démarche mercantiliste. Nous souhaitons évidemment vivre de ce que nous ferons, mais nous ne nous intéressons pas à « faire de l’argent ». C’est une nuance importante. Le projet compte plus pour nous que ce que nous avons à y gagner. Créer une entreprise pour la plupart des gens, c’est d’abord défendre une idée.
Le gros des entraves à la création d’entreprise en France sont le poids administratif, « la branlette du business plan » qui impose quasiment d’avoir fait des études dans le domaine et sanctionne les amateurs, ainsi que la difficulté à trouver des financements, surtout dans un pays où innover est quasiment un gros mot.
Quant au fait qu’il soit impossible de réguler, là aussi je ne suis pas d’accord. Lorsque nous avions le contrôle des capitaux en France, il était plus difficile de faire n’importe quoi. Certains pays (justement communistes) interdisent aux marchés de spéculer sur les matières premières et ont créé des institutions en charge de négocier celles-ci. Certes, là où il y’a réglementation, il y’a toujours tentation du « capitaliste » (prenons un terme Marxiste pour le coup) de se débrouiller pour passer à travers les mailles du filet, où le cas échéant, chercher à faire fortune ailleurs que dans le pays qui pose trop de contraintes régulatrices. Mais c’est aussi une preuve que cela marche, car pour l’instant dans l’empire des traités européens qui sont excessivement dérégulateurs, on voit exactement comment les peuples en paient le prix fort.
Je n’ai aucune jalousie vis à vis de gens riches, ni aucune haine. Je considère juste que l’on peut donner des limites, car la monnaie est un outil, non une fin en soi. Courir après la monnaie pour la collectionner et donc la séquestrer hors de l’économie réelle est une aberration. Il y’a une hyperinflation cachée à travers l’excès de thésaurisation de la monnaie sur différents placements plus ou moins risqués. En outre, il me semble qu’on peut vivre correctement avec 5000, voir 10.000 € par mois. Vouloir gagner plus est pour moi une forme de névrose liée à une frustration de n’avoir jamais assez de monnaie ou jamais assez de choses pour exister et être heureux. On peut être heureux avec beaucoup moins. Il y’a même des pays dans le monde où l’on parvient à être heureux malgré une extrême pauvreté. Donc contribuer à cautionner les caprices de grands enfants névrosés au détriment du plus grand nombre, ça n’est pas responsable. Je préfère un pays qui donne une limite de revenu par la loi ou l’impôt, mais redistribue toute la plus value non séquestrée, notamment à des créateurs d’entreprises à qui l’on refuse un peu d’amateurisme et de risque pris.
Soit dit en passant, nous avons calculé avec un ami (au moment où les cours des métaux précieux étaient au plus haut) que chaque être humain pouvait disposer potentiellement de 3400 € environ de monnaie pour vivre si nous répartissions les métaux précieux disponibles dans le monde dans chaque main.
Je souhaite à n’importe qui de réussir, mais pas en écrasant les autres. Si c’est cela être collectiviste, alors je le suis profondément. Si pour vous le libéralisme consiste à encenser la cupidité et l’individualisme exacerbé, alors dites vous que c’est pour justement pour cela que les Français ne sont pas et ne seront jamais libéraux. La plupart ne seront jamais chefs d’entreprises mais simples salariés. La plupart n’auront pas la chance de naître avec une fortune dans le berceau non plus. Le fait que des gens, au nom d’un idéal libéral, se permettent de les mépriser et les écraser en ayant les mots « compétitivité », « individualisme », « profit », etc à la bouche, et que cela leur donne volonté d’annihiler tous les systèmes régulateurs et sociaux permettant d’éviter de transformer l’être humain en une banale marchandise que l’on éjecte du système si « le profit » n’est pas suffisant pour l’actionnaire, oui, ça n’encouragera jamais l’essentiel d’une population à croire au libéralisme.
D’autant que vous êtes son plus mauvais défenseur. Je connais des libertariens qui ont une vision beaucoup plus philosophique et moins cupide que vous du libéralisme. Vous lire est fatiguant quand on se bat déjà contre une oligarchie qui ne pense qu’avec vos mots.
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