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Étienne Chouard Étienne Chouard 1er juillet 2013 23:44

Bonjour,

J’ai lu votre deuxième partie, et c’est vrai que, cette fois, ça donne (un peu) envie de vous répondre comme il faut.

Le discours de Constant (qui date de 1819, je ne sais pas pourquoi vous parlez de 1997) est une arme classique des voleurs de pouvoirs contre les malpropres (les pauvres, les 99%) qui réclament un peu de démocratie réelle. C’est un texte séduisant, parfois très intéressant, mais très trompeur.

Je le connais depuis longtemps, bien sûr, je l’ai lu et relu maintes fois, mais contrairement à vous, sur l’essentiel il ne me convainc pas : je trouve que c’est un exemple académique de publicité mensongère, qui force le trait négatif sur le régime antique qu’il veut discréditer sans en rien garder, et qui force encore le trait, mais en sens inverse, pour louer le régime qu’il défend pour en masquer les vices les plus cruels, oubliant d’abord qu’on pourrait évidemment imaginer des régimes intermédiaires entre les deux voies opposées en tout qu’il décrit (comme un gouvernement représentatif dont TOUS les organes auraient PEUR d’un contre-pouvoir citoyen, des Chambres de contrôle permanent tirées au sort par exemple), oubliant également de signaler que les voleurs de pouvoir ne demanderont finalement JAMAIS au peuple concerné (qui est pourtant le seul légitime à décider LUI-MÊME de tout ça) de confirmer par débat/référendum cette volonté d’abandon de souveraineté à des représentants-maîtres que Constant postule comme acquise et éternelle...

Benjamin Constant était une crapule affairiste ayant soutenu tous les coups d’État autoritaires et antirévolutionnaires depuis le 18 brumaire, un riche voleur de pouvoir qui a habilement théorisé le « gouvernement représentatif » le plus propice à ses magouilles privées, en postulant que les hommes modernes n’avaient plus envie de faire de la politique. À partir de ce fondement pourtant éminemment discutable, « circulez y a rien à voir ».

Dans son prospectus publicitaire pour la Réprivée (habilement mais fallacieusement étiquetée « République »), il oubliait de préciser que, dans le régime de ses rêves, quand des humains (des mineurs en grève par exemple) voulaient ardemment et évidemment « faire de la politique » (contrairement à ses propres postulats de riche satisfait), les POLICIERS chiens de garde essentiels de ce régime de propriétaires étaient chargés de TIRER SUR LE PEUPLE EN QUÊTE DE POLITIQUE, et que ces gens d’armes fort peu démocratiques ont systématiquement écrasé (dans le sang) les volontés d’émancipation politique du peuple « moderne ».

C’est un détail, peut-être ?

Réalité bien réelle (d’une dépossession politique totale des 99% de condamnés aux travaux forcés par les 1% de canailles esclavagistes du moment) qui conduit à relativiser la belle théorie de ce richissime spéculateur intrigant qu’était Constant.

Mais ce serait un exercice intéressant de le déconstruire comme il faut, ligne à ligne. C’est quelque chose que je dois faire depuis longtemps, et c’est peut-être avec vous que je le ferai.

Ceci dit, c’est quand même fatigant de voir comme vous me prêtez des idées ou des raisonnements que n’ai jamais pensés, ou comme vous me reprochez de négliger des points dont je parle pourtant tout le temps...

Et puis vous parlez de moi comme d’un imposteur (on n’est pas plus aimable...), oubliant que je ne suis candidat à RIEN et que je ne prétends à rien d’autre qu’au simple droit de partager et améliorer avec ceux de mes congénères que ça intéresse les découvertes que je fais depuis que je me suis mis sur mon chantier amateur de contre-histoire du gouvernement représentatif. Vous me prêtez des prétentions que je n’ai pas. Je fais de mon mieux pour comprendre vraiment les causes réelles de nos maux, sans donner le moindre crédit aux thèses officielles des voleurs de pouvoir eux-mêmes, effectivement, pardonnez-moi. Je me trompe souvent, bien sûr, comme tout le monde (comme vous aussi, le croiriez-vous ?), mais le plaisir de vivre, n’est-ce pas de chercher ses erreurs pour progresser et s’approcher (au moins un peu) du vrai ?

Pour déconstruire la légende glorieuse de Benjamin Constant, je vous conseille la lecture d’Henri Guillemin qui, de la façon la plus documentée et la plus vivante qui soit, le remet bien à sa place, c’est-à-dire avec les crapules.

Au plaisir de vous lire.

Étienne.


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