En réponse à :
Rosemar,
J’ai une horreur absolue, sinon de la chose, du moins du mot « respect ». C’est qu’il n’y a plus de place pour la chose dès que le mot est prononcé. Par exemple, j’ai été prof aussi longtemps qu’on peut l’être, mais je n’ai jamais demandé à mes élèves de me respecter et je me suis toujours encore plus gardé de leur dire que je les respectais.
Quand j’avais des classes d’un très bon niveau - et j’en ai eu, au siècle dernier -, ces sortes de questions ne se posaient jamais : les idées circulaient, chacun savait que ces constructions contingentes de l’intellect ne sont jamais respectables et que lorsqu’il en surgit une, d’où qu’elle vienne, on peut crier « feu à volonté ». C’est ainsi que l’on procédait au moyen-âge, dans l’art de la disputatio, et ça formait des gens qui avaient la passion de la controverse et de vérités partageables bien différentes des opinions auxquelles chacun aujourd’hui s’accroche avec l’acharnement des morpions.
Evidemment, quand l’insuffisance intellectuelle et l’inculture sont ce qu’on les voit être actuellement, tout s’effondre, et l’obsession des élèves les plus intellectuellement démunis au début de ce siècle était déjà qu’on les respectât. Le mot « respect » fait partie désormais du vocabulaire des banlieues, lesquelles sont, paradoxalement, des lieux d’ultra-violence. bien éloignés de cet atticisme dont l’intelligence a besoin pour se développer. C’est pour cette raison, me semble-t-il, et pour éviter toute ambiguité, que le mot « respect » devrait être définitivement banni de notre vocabulaire.
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