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En réponse à :


Renaud Bouchard Renaud Bouchard 17 octobre 2013 10:39

@ Sam Turlupine


Vous avez eu la gentillesse de me répondre, je fais de même.
Une remarque préalable : puis-je vous prier de parler à visage et identité découverts, l’échange de propos derrière un pseudonyme n’ayant qu’un temps ?

-Sur votre rejet de tous les racismes. Voilà un sentiment et une attitude que nous partageons tous deux, avec une nuance toutefois : le regret que la sincérité de votre attitude vous empêche de voir la réalité et vous maintienne dans un certain irénisme.Ayant longtemps vécu dans un pays marqué par l’apartheid (avant et après son abolition), j’ai vu ce que pouvaient être de part et d’autre les barrières mentales, les affrontements et les rejets raciaux , ethniques et communautaires.
-Sur les « clichés » et la « marinade » d’extrême-droite, je vous renvoie à ce que j’ai écrit sur Agoravox et qui vous montrera aisément ce que je pense de la question :« Un front contre le Front : extraire la racine du mal et aseptiser ». Difficile d’être plus précis, n’est-ce pas ?Lisez le texte, je suis sûr que cela vous intéressera.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-front-contre-le-front-extraire-135237
-Sur le substrat et le fondement chrétien de l’Europe, que cela vous plaise ou non, il se trouve que du Cap Sagres jusqu’àux marches de l’Europe dont les frontières glissent jusqu’à la Russie, l’unicité du monde chrétien est une réalité, toute l’histoire de l’Europe étant celle de l’éternelle lutte d’influence entre la Croix et le Croissant, jusqu’à ce jour.Je puis, sur ces points, vous apporter toutes les lumières tant historiques qu’anthropologiques.
-Ce qui m’amène tout naturellement à la question des obscurantismes religieux qui n’ont eu de cesse (qu’il s’agisse de tous les monothéismes sans exception : Christianisme, Judaïsme, Islam) d’établir leur emprise sur tous les aspects de la société civile. A ceci près, s’agissant de la llaïcité en France, que la séparation du religieux et du civil voulue par le Législateur en 1905, se départissant de l’emprise du christianisme et de l’Eglise, adversaire du moment, est aujourd’hui dépourvue fac à un nouveau venu désormais monté en puissance : l’islam (avec un I et un i) et ceux qui le professent ou le vivent, avec plus ou moins de prosélytisme (communautarismes, habit etc.), qu’ils aient ou non la nationalité française.
-Ainsi touche-t-on le coeur du problème avec cette confusion désormais politique, sociologique, ethnologique, sociale, religieuse, cette véritable confusion des genres et des sentiments où se mêlent -en apparence de manière inextricable - l’identité nationale, l’identité religieuse et leur ineffable compagnon de route : le racisme à double sens : racisme et rejet d’une population indigène (voyez l’étymologie) d’une part, qui a parfaitement compris « qu’elle n’était plus chez elle », et racisme et rejet de la part d’une population allogène , d’autre part, qui, au nom d’une diversité (raciale - car il s’agit bien de cela - ethnographique, sociologique, religieuse, économique) dont elle est porteuse et qui est l’essence de son identité, entend désormais imposer ce qu’elle est à son pays d’accueil et lui dicter - tant à ses habitants, qu’à ses institutions, son histoire et tous les éléments constitutifs de sa civilisation-, ses propres normes d’intégration et d’assimilation, quitte à exiger d’effacer ce qu’elle ne connaît pas, ce qu’elle n’aime pas, ce qui en deux mots lui est étranger et désormais devenu...exogène.
-Dès lors, pour répondre à votre interrogation de savoir si « un bon Français ne pourrait être que Chrétien’, je vous répondrai que Chrétien ou non, il se trouve que l’essence de la France procède de manière indéfectible de cette profondeur - de »ce je ne sais quoi et ce presque rien’ pour reprendre cette pensée merveilleuse de Jankelevtich - que vous trouvez dans tous ceux qui, intensément et essentiellement devenus Français, quelles que soient leurs origines - ont assimilé tout ce qui a fait que la France est devenue la France : plus de mille ans d’histoire, de musique, de pensée, de littérature, de Gaston Roupnel à Péguy, en passant par Giraudoux, Seignobos, Michelet, Fauré, Berlioz, Lebrun, Portzamparc, Pierre et Marte Waleswska-Curie, Henri Verneuil, Ionesco, Mouloud Feraoun, Jean et Taos Amrouche, Kateb Yacine, Andreï Makine, Chamoiseau, Césaire, Confiant, Glissant, Saint-John Perse, les Schwartz-Bart, Métellus, Yourcenar, en bref, tout ce que je pourrais développer dans une Leçon qui nous mènerait fort loin.

Comme l’écrivait la revue Polémia dans une notice intéressante, « Etre français » ne se réinvente pas tous les jours. Au contraire, c’est s’inscrire dans une continuité, non dans une rupture.

Et cette continuité, la voici :
1/ Etre français, c’est appartenir à une lignée  ; une lignée « qui vient du fond des âges » (Charles De Gaulle). Parler de « nos ancêtres les Gaulois » est globalement vrai ; car c’est reconnaître que le peuple français demeure l’héritier des Gallo-Romains ; sa composition ethnique est restée quasiment inchangée jusqu’au début des années 1970 : blanche et européenne. Dans sa monumentale Histoire de la population française, le démographe Jacques Dupâquier le rappelle aux ignorants et aux malveillants.

2/ Etre français, c’est appartenir à une civilisation : la civilisation européenne et chrétienne. L’héritage spirituel et culturel prolonge ici l’héritage ethnique. Etre français, c’est partager des croyances communes et un imaginaire commun. Etre français, c’est partager la mémoire des poèmes homériques, des légendes celtes, de l’héritage romain, de l’imaginaire médiéval, de l’amour courtois. Etre français, c’est, qu’on soit chrétien pratiquant ou non, participer de la vision et des valeurs chrétiennes du monde car le catholicisme est un élément de l’identité française.

3/ Etre français, c’est être de langue française  ; « la langue française notre mère » qui façonne notre esprit et est le merveilleux outil d’exercice de notre intelligence et de découverte des « humanités ». Un Français, c’est un Européen d’expression française.

4/ Etre français, c’est partager une histoire, une mémoire, c’est avoir en commun « un riche legs de souvenirs » (Renan) ; car « La nation, comme l’individu, est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime » (Renan). Etre français, c’est partager la fierté de la grande épopée nationale de la Monarchie, de l’Empire et de la République. « La patrie, c’est la terre et les morts » (Barrès). Etre français, c’est avoir son patronyme inscrit, dans un village, sur un monument aux morts commémorant la grande ordalie de 1914. Et c’est s’interroger sur le sens de ce sacrifice et sur les exigences qu’il nous impose aujourd’hui.

5/ Etre français, c’est partager l’amour d’un territoire 
 : de ses terroirs, de ses paysages, de ses hauts lieux. Etre français, c’est aimer la France, ses rivages, ses vallons et ses sommets, ses vignes et ses prairies, ses champs et ses forêts, ses chênaies, ses châtaigneraies, ses oliveraies, ses villages, ses bourgs, ses collines inspirées, ses cathédrales, ses églises, ses chapelles, ses sources, ses halles au grain, ses maisons de maître et ses fermes fortifiées, ses châteaux, ses palais et ses villes. Etre français, c’est aimer le Mont Saint-Michel, Saint-Émilion et Camembert.

6/ Etre français, c’est partager des musiques et des sons, ceux de la lyre et de la cornemuse, du piano et de la guitare, de l’accordéon ou de l’orchestre symphonique. Etre français, c’est avoir le sens du travail bien fait, c’est rechercher une certaine perfection dans le métier. C’est aussi, pour les meilleurs des artisans d’art, le sens de ce qui relie l’esprit à la main.

7/ Etre français, c’est partager des goûts et des odeurs. Etre français, c’est partager à table des moments de bonheur. Etre français, c’est manger du cochon, de l’andouillette, du petit-salé, du cassoulet et du saucisson. Etre français, c’est partager la baguette et le fromage, l’époisses et le maroilles, le brie de Meaux et le coulommiers, le reblochon et le roquefort, le cantal et le laguiole. Etre français, c’est goûter la Blonde d’Aquitaine et le Charolais, l’Aubrac et la Limousine. Etre français, c’est boire du vin de Loire ou de Bordeaux, d’Alsace ou de Bourgogne. Etre français, c’est déguster de vieux alcools, du cognac, de l’armagnac, du calvados et de la mirabelle.

8/ Etre français, c’est partager « Le désir de vivre ensemble »
, « la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. (…) Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. (…) Le chant spartiate : “Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes” est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie » (Renan).

Les mosquées et les tam-tams, le ramadan et les gris-gris, les minarets et les boubous, la charia et la sorcellerie africaine, la langue arabe ou l’ouolof, la arica et le manioc, le palmier et le baobab ne sont nullement méprisables ; seulement voilà : ils ne font pas partie de la civilisation française.

Bien sûr, les hommes et les femmes qui viennent d’autres mondes peuvent devenir français – au sens culturel, pas seulement administratif et social du terme – s’ils veulent et parviennent à s’assimiler. Mais ce n’est évidemment pas à eux de changer l’identité nationale !

Il faut ici citer le sage propos de Charles De Gaulle : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne » (Cité dans Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, t. 1, éditions de Fallois/Fayard, 1994, p. 52).

Source : http://www.polemia.com/quest-ce-quetre-francais/

PS. Lorsque la guerre de civilisation - je précise ma pensée - la guerre civile, la guerre ethnique, la guerre sociale - la guerre de civilisation éclatera, il sera trop tard pour parler de laïcité et agiter tous ces concepts que seuls un pays et une population sûre d’elle-même, confiantss en ce qu’ils sont, conscients de son histoire, de sa mémoire, de l’essence de sa civilisation, sont à même d’affirmer pour continuer à exister.

Je terminerai ce billet en vous invitant à lire ceci très attentivement :

"« Un anthropologiste qui était allé étudier les Pygmées constata avec stupeur que les tribus qui vivaient alentour le dédaignaient et le tenaient à l’écart, parce qu’il frayait avec une peuplade inférieure, les Pygmées étant à leurs yeux des gens de rien, des « chiens », indignes d’éveiller le moindre intérêt.

Il n’y a pas plus exclusiviste qu’un instinct vigoureux, inentamé. Une communauté se consolide dans la mesure où elle est inhumaine, où elle sait exclure… Les « Primitifs » y excellent. Ce ne sont pas eux, ce sont les « civilisés » qui ont inventé la tolérance, et ils périront par elle. Pourquoi l’ont-ils inventée ? Parce qu’ils étaient en train de périr… Ce n’est pas la tolérance qui les a affaiblis, c’est leur faiblesse, c’est leur vitalité déficiente qui les a rendus tolérants ».

In Ebauche de vertige de E.M.Cioran

Cordialement,

Renaud Bouchard




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